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DOCTEUR SLEEP de Stephen King [critique]

DOCTEUR SLEEP de Stephen King [critique]

On a l'impression que le roman ressemble à un prétexte, comme si Stephen King, avec cette suite, bouclait la boucle de ses propres démons, comme si c'était lui le Danny devenu adulte, celui qui réussit à sortir de cette maladie qui menaçait de le consumer à l'époque où il écrivait Shining et qui avait totalement consumé le père de son héros (ça et vaguement une chaudière)...

C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'il ne semble apprécier que très moyennement le film de Kubrick, beaucoup plus axé sur les visions paranormales du gosse -et qui demeure encore impressionnant, surtout quand on le voit très jeune- que sur la violence et la déchéance mentale du père -même si c'est Nicholson, quand même).

Il reprend donc une trame presque identique au premier roman : un individu et son penchant pour la boisson sur fond de sixième sens et de présences démoniaques.

Un même point de départ (l'alcoolisme donc) mais une issue différente : là où Shining montrait comment on sombre, Docteur Sleep tend à montrer comment on s'en sort.

Sauf que cette fois, là où les forces en présence n'étaient finalement que quasi accessoires dans Shining (et où on pouvait d'ailleurs se poser la question de leur existence réelle ou si elles n'étaient pas que le fruit d'un délire collectif engendré par le manque, l'hérédité, l'isolement et la peur), l'auteur se lâche complètement avec l'histoire d'une sorte de secte de vampires en camping-Car qui aspirent la "vapeur" des gens et plus particulièrement celle des enfants "doués" comme l'était Danny Torrance.

DOCTEUR SLEEP de Stephen King [critique]

On s'éloigne donc des arcanes de la psyché humaine pour s'enfoncer dans le fantastique et une intrigue un peu téléphonée...

En cela, Docteur Sleep est donc moins une réflexion sur l'alcoolisme que son aîné Shining et m'apparaît aussi moins passionnant (avec tout le respect que je dois à M. King... ou à toute autre personne capable de pondre un bouquin) car c'était moins le côté surnaturel que le côté psychologique qui m'avait tenu en haleine dans le premier opus.

En effet, une amie m'a dit un jour qu'elle ne pouvait pas avoir peur de ce qui n'existait pas et je partage ici relativement son sentiment : ce qui m'a terrorrisé dans Shining -le livre- c'est comment un individu peut sombrer aussi facilement dans la folie (alors que ce qui m'avait terrorrisé dans Shining -le film- c'était que ça ressemblait à s'y méprendre à mes cauchemars de gamine de l'époque).

Les fantômes, les cadavres en décomposition qui se relèvent de leur baignoire, c'est flippant (et dégueulasse) bien sûr...

Mais les gens capables de massacrer physiquement ou psychologiquement tout ou partie de leur entourage, ou ceux qui pourront se rabaisser à agir comme de véritables ordures parce qu'ils sont soit trop bourrés soit trop en manque, ça, ça existe pour du vrai.

Après ça reste un livre pas complètement désagréable (faut pas abuser) mais ce n'est peut-être pas ce à quoi je m'attendais quand on m'annonçait la suite de Shining et c'est sûrement pour ça que je suis un peu déçue (et puis merde : après l'aîné qui faisaient des terreurs nocturnes, j'ai le cadet qui vient de naître coiffé... Et j'avais pas vraiment besoin que Stephen King me rappelle ces deux caractéristiques des enfants-lumière pour déjà bien m'inquiéter pour eux !).

DOCTEUR SLEEP de Stephen King [critique]
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