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LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

En gros, il s'agit d'un mec de 17 ans, Dolf Véga, qui fait allègrement foirer la qualif de l'équipe de foot des U19 des Pays-Bas en tuant un griffon alors qu'il se trouvait à 2cm des cages (ce qui fera dire à tout un chacun - ou chacune - assistant à cette déroute sportive : "même avec la b*te je la mettais au fond").

Comme tout post-adolescent qui se respecte, il est un peu livré à lui-même dans ce monde de brutes (cliché #12) parce que sa môman travaille beaucoup (son pôpa étant monté au ciel) et pour cause : elle a juste inventé une machine à remonter le temps (en toute simplicité).

Bon, à ce stade du film (comme dans n'importe quel film traitant du sujet d'ailleurs), elle est pas complètement opérationnelle et n'a jamais été testée que sur un singe (la machine pas la mère du mec).

Et là, séquence d'illustration avec expérimentation aller-retour en direct-live sur la pauvre bestiole et effets spéciaux de ouf où on sent bien que c'est un film européen (aux States, ils auraient au moins eu des lunettes de protection, rapport au flash lumineux crameur de rétine provoqué par la machine... Et ben pas là : ici, on fait dans le rustique et on se protège les yeux avec son avant-bras).

Bref, pour un mec qui en a rien à battre du boulot de sa mère ("comme toi t'en as rien à battre de ma vie", cliché familial #45), et pour une mère qui bosse sur un projet censé être, a priori, un tout petit peu top secret, il a quand même l'autorisation de calibrer et programmer la machine, ce qu'il fait d'ailleurs avec une aisance quasi professionnelle (mais ça doit être l'équivalent "scientifique" dans le rapport mère-fils du "papa, tu me laisses conduire la voiture dans l'allée ?")... Tout en demandant à sa génitrice de lui rappeler son p*tain de code secret comme si c'était la première fois qu'il le faisait ("oui mais c'est important pour la suite enfin"... Arrêtez de nous prendre pour des cons !).

Là une idée lumineuse lui vient : il va se téléporter 1mn avant d'anéantir tous les espoirs de ses coéquipiers voire de sa nation (un peu comme dans Olive et Tom) et viser la cage cette fois-ci, comme ça sa vie sera nettement moins pourrie.

Et c'est donc suite à une fausse manip improbable qu'il va se retrouver au 13ème siècle...

Voilà, voilà...

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

Ce qui frappe tout d'abord (outre les stéréotypes et les incohérences de départ), c'est que nous sommes face au Moyen-âge le plus clean de la Terre (même LES VISITEURS, autre grand film comique, avaient fait plus réaliste), où il y aura un ratio nombre de morts/nombre de mioches vraiment minime, à une époque où si on atteignait la quinzaine on avait eu une longue vie...

De plus, nous sommes face au mec ayant la plus grande capacité d'intégration jamais vue, étant donné qu'il porte un t-shirt, un sweat à capuche, un jean, des baskets et que ça ne pose aucun problème à quiconque (c'était, il est vrai, une période connue pour sa tolérance où on n'avait pas du tout tendance à se méfier de tout ce qui était un tant soit peu différent et par conséquent une potentielle œuvre de Satan), tout comme le langage qui rappelons-le, était sensiblement le même il y a plus de 800 ans (même LES VISITEURS... Enfin bref).

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

Ensuite, si vous vous inquiétiez au sujet des frères Hanson et que vous souhaitiez avoir de leurs nouvelles, sachez qu'ils ont apparemment été condamnés, dès leur retour à l'anonymat, à mener "la croisade des innocents", portant un contingent d'enfants vers Jérusalem et qu'ils continuent de sévir puisque la quasi-totalité des mômes enrôlés dans leur quête mystico-religieuse a l'obligation contractuelle d'être en recherche capillaire (à moins que ce ne soit un mal ancestral lié à l'adolescence)... Tout en étant sponsorisés par Ultra-doux de Garnier (clean le Moyen-âge on a dit !).

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

Ajoutons à tout ça ce petit côté omniscient, omnipotent et insupportable du Dolf, un peu comme cette saloperie de M. Peabody, autre grand pilleur voyageur temporel (je m'abstiendrai de toute comparaison avec JC, trop facile) : il ressuscite les morts, il multiplie les pains, il enraye une épidémie bien moche de fièvre écarlate (jamais vu la scarlatine donner d'aussi vilaines plaies purulentes, vous vous seriez pas planté de maladie ?), initie les enfants à l’obésité morbide en partageant son Mars (à ce propos, autant de sucre d'un coup, pour des organismes passablement sous-alimentés, ça devrait pas donner au mieux une hyperglycémie avec gros pétage de plomb général - le sucre, c'est la cocaïne des enfants - au pire un bon gros coma diabétique ?), il "combat" une meute de loups affamés (ou plutôt leur version "Alpes du Sud", tellement croisés avec des chiens qu'ils tuent pour le plaisir de tuer et non pour bouffer) juste en leur gueulant dessus "retourne en enfer" (parce que c'est vrai qu'un loup qui crève la dalle se soucie bien plus du salut de son âme que de son estomac) et accessoirement, il apprend le check aux gosses (quand il fait péter son lecteur MP3, qui a d'ailleurs la plus longue autonomie de l'Histoire, j'ai eu grand peur qu'il les initie à la Zumba... Fort heureusement, le film date de 2006 et le clébard précédemment cité ne l'avait pas encore inventée).

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

Mais d'ailleurs, c'est quoi ces faux loups en carton ?!? Ils "enlèvent" un enfant et ses piaillements suraigus donnent l'impression qu'il est dans un sac balancé sur le dos de la figure classique et traditionnelle d'un grand méchant loup version bipède, comme dans les illustrations des contes ou des albums de littérature jeunesse... Bref, pas du tout les hurlements qu'on attendrait d'un gamin traîné de force dans les bois en se faisant arracher les membres par des bêtes féroces (où sont les grognements d'ailleurs ? Oubliés comme tant d'autres choses en post-production ?).

Bref, à force d'accumuler les "actes de bravoure" et les miracles, le faux-gentil-qui-est-en-fait-un-cupide-méchant va un petit peu taxer Dolf d'hérésie, mais tout s'arrangera par un twist aussi improbable (et à la fois prévisible... C'est très bizarre) que le reste du scénario.

On terminera évidemment sur l'obligatoire grande déclaration d'amour fils-mère/mère-fils, cliché #852 (parce-qu'ils-auront-appris-à-se-faire-confiance-l'un-l'autre-à-se-respecter-et-à-s'estimer-mutuellement... Ouais ok, même Disney l'avait joué plus finement avec Nemo), où la mère le laissera repartir dans le passé chercher sa gonzesse en lui disant « je viens te chercher dans 3 semaines à Rome » (Why ?!?!?), alors qu'on voit la sécurité arriver sur l'écran de contrôle... Puis repartir encore et encore (sauver la croisade, sauver son match, sauver la cheerleader... sauver le monde ?).

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

Euh, à un moment donné, elle a pas été un peu virée et le projet avorté au beau milieu du film ? Y'aurait pas une couille dans le scénario là ? A moins que les mecs de la sécu soient tous morts, flashés par l'éclair lumineux de la machine, un peu comme à la fin d'Indiana Jones et les aventuriers de l'Arche perdue (fallait pas oublier de mettre son avant-bras devant les yeux !).

En bonus, un petit extrait assez représentatif de l'ensemble :

La mère : Il faut accélérer les réparations !
(Ben oui, la machine a pété lors de la première tentative de rapatriement du héros à cause du petit tas de pierres qu'il avait placé pour marquer l'endroit de sa téléportation, que j'ai bien cru, l'espace d'un instant, que c'était de là qu'était né le Projet Blair Witch)
Son pote de Labo : C'est impossible, nous n'avons pas le temps.
(Pas le temps... D'accélérer ?!?)
Je ne devrais pas t'en parler...
(mais je vais quand même le faire)
... mais le singe est mort tout à l'heure : les comprimés ne sont pas assez puissants.
(oui parce que quand on voyage dans le temps, on doit prendre une dose "d'on-ne-sait-pas-trop-quoi" toutes les 48h pour une obscure raison pseudo-scientifique)
Combien Dolf en a-t-il sur lui ?
La mère : Environ 80.
Le mec : Ça veut dire qu'il peut tenir 3 mois.

MAIS S'ILS NE SONT PAS ASSEZ PUISSANTS, ÇA NE RÉSOUT PAS LE PROBLÈME !!!

LA GRANDE CROISADE de Ben Sombogaart [résumé & critique]

On passera donc sur le nombre d'anachronismes et d'incohérences incalculable (Dolf s'auto-proclame fils du Duc de Rotterdam (en toute modestie, sûrement histoire de passer inaperçu) et ça ne choque personne alors que dans le présent ils précisent que la ville n'existait pas en 1212 - Wikipedia confirme – au même titre qu'on parle de Pays-Bas ou d'Allemagne...).

Un film à voir donc, si vous y tenez vraiment, avec pour défi de compléter cette liste de foirages historiques et scénaristiques (on pourra même transformer le challenge en jeu à boire, si vous ne prenez pas le volant à la fin, avec la garantie de finir complètement torché... Désolée, je fais ce que je peux, j'essaie juste de sauver votre soirée !).

En conclusion, un film d'aventure complètement "WTF", digne d'une meilleure série Z (ok c'est trop propre mais l'image n'est pas si dégueulasse que ça), où on se dit que c'est tellement surréaliste que ça en deviendrait presque violent intellectuellement, mais qui peut être drôle si on le prend au 25ème degré...

La grande croisade de Ben Sombogaart, distribué par Swift production, sorti en DVD depuis le 15 janvier en France.

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