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"Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh

"Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh

Il apparaît dès le départ véritablement ardu (voire impossible) de s'affranchir du film de Kechiche lors de la lecture de ce roman graphique (surtout lorsqu'on est un boulet qui ne fait pas les choses dans l'ordre)...

En écrire un commentaire, c'est encore pire !

"La vie d'Adèle" en est donc une adaptation à la fois fidèle dans les dialogues et le développement mais aussi éloignée dans le dénouement et le thème central.

En effet, là ou Julie Maroh semble nettement plus militante et nous parle plus d'homophobie sous ses diverses formes (plus ou moins abjectes et différemment douloureuses, de l'agression verbale ou physique au reniement pur et simple), Abdellatif Kechiche tend à davantage survoler ce sujet pour préférer nous parler d'amour, de dépendance, d'âme sœur, d'osmose sexuelle absolue et de mixité sociale.

Peut-être est-ce aussi parce que le film est nettement plus dense que le roman, que cet aspect, même s'il y est aussi partiellement abordé, semble bien moins important aux yeux du réalisateur ?

Ou comment accepter sa propre différence quand une frange de la société la refuse, surtout lorsqu'il s'agit des personnes les plus proches (ami(e)s, parents...) ?

L'argument que le roman, et le film (dans une moindre mesure), développent c'est qu'il n'est pas si simple de tomber amoureux d'une personne du même sexe, que cela n'est pas quelque chose de parfaitement évident ou naturel, avec les questionnements sans réponse, les prises de tête, les cas de conscience et le mal-être que cela implique...

Et en parallèle, ils opposent le point de vue de ceux, les homophobes confirmés ou les personnes qui ont simplement peur que quelqu'un qu'ils aiment sorte de la normalité, et qui considèrent cet amour au mieux comme une sorte de provocation, de caprice, juste pour les faire chier, au pire comme une maladie.

Autant dire que cette ambivalence, comme tant d'autres, n'aide pas à s'assumer ni à se construire...

Et c'est sûrement d'ailleurs pour cela que ce n'est pas celle qui est rejetée qui se trouve être la plus engagée politiquement. Clémentine, comme Adèle d'ailleurs, ne se définit pas comme homosexuelle ni même bisexuelle : elle est amoureuse d'Emma, c'est Elle, et c'est tout.

"Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh

Quoi qu'il en soit, le roman est une très belle œuvre à l'esthétique graphique soignée et hautement porteuse de sens.

Un roman qui mérite amplement d'être lu, indépendamment ou en complément du film palmé (comme un canard... Qui est aussi d'ailleurs, une nuance de bleu... Ok, je sors).

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