22 Août 2013
D'emblée, pourquoi ne pas avoir garder le titre original : ça gonfle un peu quand les distributeurs français pensent qu'on est trop cons pour pas comprendre les jeux de mots.
Non mais c'est vrai, c'est pas comme si le terme "paranormal" n'existait pas dans la langue de Molière (bon, peut-être pas à l'époque de JB).
Bref, c'est sûrement une sombre histoire de marketing pour donner l'envie d'aimer (et accessoirement d'aller voir le film ou de trépigner au rayon DVD) à nos gentilles petites têtes blondes.
Mais là, attention !
Il s'agit bien d'une vraie histoire de zombies avec tous les codes, le message et la portée politique (séries Z mises à part) inhérents au genre (si si, je vous jure !).
C'est d'ailleurs ce qui fait tout le sel de ce film d'animation mais aussi, le poivre.
Je m'explique :
Côté sel, nous avons toutes les références aux films fantastiques et/ou d'épouvante (de "L'exorciste" au "Sixième sens" en passant par "Vendredi 13" et j'en oublie... où on se dit que les gamins ne dormiront plus jamais, à moins que ce soit nous), la dénonciation des dérives de la société "WASP" passée, présente et à venir (parce qu'au final, en 3 siècles, les mentalités n'ont pas du tout évolué à plus d'un titre), de l'ignorance et de sa pote la peur de la différence (d'où naissent le rejet et la haine), de la loi du Talion (la violence engendre la violence et la vengeance annihile ce qu'il y a de bon dans l'être humain) et des grands élans lyriques rédempteurs qui tombent systématiquement à l'eau (ou comment on se moque du bon sentiment et ça fait un bien fou).
Côté poivre, comprendre ce qui gratte, ce qui dérange (et qui fait éternuer), nous avons la même chose mais du point de vue des enfants.
Car au final, si l'on enlève les références cinématographiques qu'ils n'ont logiquement pas (à moins que "Poltergheist" soit leur histoire du soir) et la critique très americano-américaine du système, il ne leur reste que le fait que l'enfance ne les protègera pas du mal.
Et là, accrochez-vous si vous pensiez avoir la paix en vous disant "je vais les caler devant la télé et les bourrer de bonbecs" : préparez-vous à répondre de vos actes en post-visionnage !
Où l'on se retrouve à débattre pêle-mêle de la méchanceté, de la damnation de l'âme, de l'homme qui est un loup pour l'homme et des monstres qui ne sont pas nécessairement ceux que l'on pense.
Car le héros, celui auquel les mômes doivent d'identifier, va devoir affronter sa propre trouille pour sauver un monde qui le rejette.
Et que tout ça est quand même super bien fichu !
(NB : Penser aussi à expliquer l'ironie du sort.)
Moralité, si vous pensez que c'est le moment de démarrer une initiation aux histoires de morts-vivants dans l'éducation de vos enfants via un film tout public, choisissez "L'étrange pouvoir de Norman" plutôt que "World War Z" (pour lequel vous patienterez une bonne dizaine d'années en préférant leur offrir le bouquin, histoire d'éviter d'insulter leur intelligence, mais pas de garantir leur santé mentale ou la qualité de leur sommeil).