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MIDNIGHT GLOBE de Jonathan Musset [critique]

MIDNIGHT GLOBE de Jonathan Musset [critique]

Après À la merveille de Terrence Malick en Octobre et La gueule que tu mérites de Miguel Gomes en Mars, j'étais toute triste et désespérée car je pensais que Cinetrafic m'avait punie de film conceptuel pour cette 3ème édition de l'opération DVDtrafic à laquelle je participe. Et bien finalement pas.

Ma première pensée après avoir vu Midnight Globe a été "putain j'ai rien compris", immédiatement suivie par "qu'est-ce que je vais bien pouvoir écrire là-dessus ?".

Mais attention, pas comme Dominique Besnehard dans La cité de la peur (qui disait "je n'écrirai rien sur ce film, c'est une merde"), pas du tout : plutôt parce qu'on a l'étrange sensation que tout ce qu'on écrira, comme ça, à chaud, risque d'être vraiment très con au point de dénaturer l'œuvre, de briser ce sentiment de fragile équilibre qu'elle inspire (non pas que ce que je m'apprête à écrire, 48h plus tard, soit éminemment intelligent ni que je puisse affirmer avoir tout compris maintenant).

Deux mots tout d'abord sur la démarche (que vous pourrez retrouver en détail sur la page facebook du film, ainsi que sur sa page officielle... Attention, la page FB peut contenir des spoilers... Ou des indications) : produit du cinéma équitable, ce film à tout petit budget (45 000€ !) a été en partie financé par des internautes via le site Ulule et 50% des bénéfices de la société de production Wayna Pitch seront reversés à des associations en rapport avec son sujet.

MIDNIGHT GLOBE de Jonathan Musset [critique]

Mais qui dit cinema indépendant ne signifie pas nécessairement bon film.

Qu'en est-il donc ici ?

Il y a du Socrate là-dedans (pour le côté "tout ce que je sais c'est que je ne sais rien"), du Lynch (pour le côté... ben, pareil en fait) du Kubrick et du Didier Bourdon (pour le côté "1 mois d'expression corporelle, 1 an pour m'en remettre").

Et puis, même si on n'est pas particulièrement sensible à ce genre de cinema, il faut reconnaître que si on n'ose pas parler une langue étrangère parce qu'on a honte de son accent français, ce film est hyper décomplexant et ça aussi c'est très positif...

MIDNIGHT GLOBE de Jonathan Musset [critique]

Bref, trêve de vannes vaseuses : plus qu'un film, nous sommes face à une expérience (c'est le moins que l'on puisse dire), à une œuvre qui ressemble souvent à du théâtre filmé (par ses plans fixes, ses jeux de lumière, sa mise en scène et sa direction d'acteurs), à quelque chose de véritablement artistique dans le sens où il parvient à créer des sensations, comme un sentiment de malaise, de flottement entre le réel et l'irréel, cet aspect cotonneux du songe où nos sens peuvent être alternativement étouffés ou décuplés...

Ce qui est étrange c'est que l'emphase toute théâtrale et surjouée de certains dialogues (ou monologues), qui pourrait dans un autre contexte très facilement prêter à sourire ou à rire (surtout quand on est prompt à se moquer), n'est même pas ridicule.

Car c'est là toute la force du réalisateur :

il nous invite lentement mais sûrement à un voyage sensoriel bien plus profond que ce que proposent les films de science-fiction récents, dans lequel on ne saisira pas tout, finalement, et où la valeur du temps qui passe apparaît totalement aléatoire, structuré (ou plutôt déstructuré) comme un rêve et dont le dénouement-hommage-citations agit comme un réveil brutal malgré les indices poétiquement distillés ça et là.

Un film déroutant, différent et rare.

Un réalisateur qui a l'intelligence de ne pas asséner un discours moralisateur pour défendre son propos et qui propose finement au spectateur de ressentir les choses plutôt que de les lui démontrer.

MIDNIGHT GLOBE de Jonathan Musset [critique]

(Disponible en DVD et VOD depuis le 16 Mai 2014)

No one around the globe can hide from the truth.

Midnight Globe

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