5 Septembre 2015
Alors non : ça n'est pas que l'histoire d'un mec qui court à poil à travers les fjords norvégiens (surtout qu'il y a une raison certes triviale mais tout à fait valable à sa nudité par ailleurs).
C'est aussi l'histoire d'un mec qui court tout habillé à travers les fjords norvégiens.
Et qui laisse vagabonder ses pensées (retranscrites en voix OFF) tout autour de sa crise existentielle.
Bon c'est sûr que, dit comme ça, ça ne fait pas franchement fantasmer.
Mais c'est un tort parce que le résultat est vachement bien.
En fait, Martin (c'est le héros du film, interprété par son réalisateur) en a un tout petit peu gros sur la patate :
Entre son taff chiant, sa femme avec qui il ne partage plus grand-chose, sa vie sexuelle plus ou moins réduite à néant, ses collègues relous qu'il se supporte toute la journée pour en plus se les taper en soirée-murge le week-end, son môme de 4 piges avec lequel il n'arrive pas à tisser des liens, il n'a pas vraiment la vie dont il rêvait...
Enfin si, il a exactement la vie dont il rêvait (et c'est ça qui est vachement emmerdant) : un boulot stable, LA femme (celle qui est apparue comme une évidence lorsqu'ils se sont rencontrés), un gamin...
Sauf que là, tout de suite, maintenant, à ce moment précis de son existence, ça ne lui suffit plus.
Alors, le temps d'un week-end, il lâche tout et part en rando avec son petit sac à dos et le seul iPhone qui a une autonomie de batterie défiant toute concurrence (en outre, la Norvège détient apparemment la meilleure couverture réseau au monde).
Au fil des réflexions et des paysages, le film acquiert une dimension universelle dans sa recherche de réponses à la question :
Ma vie va droit dans le mur, qu'est-ce que je fais pour éviter que ça parte complètement en couille ?
Tout plaquer pour élever des chèvres dans un yourte ? Pour rencontrer quelqu'un d'autre, fonder une nouvelle famille et se retrouver exactement dans la même situation dans quelques années ? Pour rencontrer un autre quelqu'un d'autre et vivre avec une sorte de plan cul romantique, une relation idyllique et surtout complètement utopique sans attaches, sans promesses, sans sentiments ? Pour recommencer à sortir, se mettre minable, n'avoir que des coups d'un soir et se rendre compte qu'on est entouré de gamins et qu'on est trop vieux pour ces conneries ? Ou plutôt essayer de trouver des solutions pour sauver son couple ? Mais est-ce qu'on a encore vraiment envie de le sauver ? Non parce que si on se sépare, est-ce que ça ne m'aidera pas à me bouger le fion et à jouer pleinement mon rôle de père/mère ? Ouais mais à ce moment-là, pourquoi je ne me sortirais pas les doigts du cul et je ne prendrais pas ma place avec mon fils tout en restant avec sa mère/son père ? Tiens, et si j'me branlais, ça m'empêcherait de penser ? (Et ben non même pas : même ça, ça marche avec le cerveau, aussi).
C'est qu'au fil de son introspection, il change souvent d'avis, d'humeur et de point de vue le Martin (avec d'autres trucs plus extrêmes qu'on est tous en mesure de formuler intérieurement lorsqu'on joue au jeu du "et si..." dans sa petite tête).
Parce qu'au final, l'être humain est comme ça : il peut penser tout et son contraire et recommencer, inlassablement, jusqu'à réussir à trouver une solution temporaire... Et puis remettre ça encore et encore.
Un film plutôt réaliste, plutôt sympathique, qui nous entraîne donc au gré des réflexions d'un homme (qui pourrait tout aussi bien être une femme d'ailleurs), qui n'impose ni ne propose réellement de solution, suffisamment ouvert pour permettre au spectateur d'y voir ce dont il a envie.
Et puis y'a la Norvège et c'est vachement joli.
NATÜR THERAPY
Casting : Ole Giæver, Marte Magnusdotter Solem, Sivert Giæver Solem...
Date de sortie au cinéma : 9 Septembre 2015 / Durée : 1h20min