29 Janvier 2017
Ou comment on apprend que l'adultère sert à soigner les vieux traumas et où on se dirige lentement mais sûrement vers une bonne grosse saison qui ne sert à rien.
Précédemment dans l'épisode 8 de la Saison 3 de THE AFFAIR :
De la critique hystérique (mais pas que)
L'épisode retranscrit deux versions des événements survenus dans la même amplitude temporelle, à Montauk, pendant que Noah est séquestré dans la cave par Helen à Brooklyn.
http://www.delacritiquehysterique.com/the-affair-saison-3-episode-8-resume
L'épisode retranscrit deux versions des événements survenus concomitamment au lendemain de la scène d'amour torride entre Noah et Helen et après le plus long "previously" de l'histoire des séries télévisées (2mn47... en gros, vous pouvez carrément commencer à regarder la saison à partir de cet épisode).
PART ONE : HELEN.
Après s'être fait plus ou moins violemment (selon les versions) bayser par son ex-mari, Helen se réveille seule, dans la chambre vide, dans la maison (pas) vide, éreintée, courbaturée, comme une auberge abandonnée, comme un homme que le manque de sommeil aurait rendu trop las et peut-être même une cinquième fois enceinte. Comme Vikram n'est plus là, c'est le bordel : son cactus est encore tout renversé par terre, les reliefs du dîner de la veille, interrompu pour cause de pétage de plomb maternel, sont tout pas débarrassés et les enfants sont tout renfrognés puisqu'ils ont vaguement été privés de dîner sans moufter. Helen prend alors la décision qu'un bon bain de mer leur ferait le plus grand bien plutôt que de leur donner un semblant d'explication ou au moins un solide petit déjeuner afin de réparer leur récente diète-surprise. Mais où va-t-elle bien pouvoir les emmener afin de reconstruire une relation de confiance exclusive avec sa marmaille qui ne peut désormais plus compter que sur elle ? À Montauk ! Et qui c'est qui habite à Montauk, à part Cole, Alison et tous ceux avec qui la rouquine a couché ? Son pôpa et sa môman ! Bref, après sa relation saine et apaisée avec son aînée Whitney et foutu pour foutu, pour le rabibochage maternel "vous et moi contre l'adversité", on repassera...
Ils débaroulent donc à l'improviste tous les quatre chez ses parents, les nouveaux tourtereaux suintant les sécrétions corporelles comme deux personnes âgées en seconde lune de miel qui ont découvert le tantrisme. Pendant que sa mère pratique intensivement le yoga afin d'améliorer ses performances sexuelles et d'éliminer la frustration de son coït stoppé net par le débarquement de sa descendance, et que son père reste assis pour masquer tant bien que mal les effets secondaires de sa prise de Sildenafil, elle se met à picoler dru en se versant une copieuse rasade de vin blanc dans un verre à thé glacé, perpétrant une tradition de sacrilèges entamée lors de l'épisode 7. Ajoutons à cela qu'elle se met à chercher frénétiquement l'Advil, histoire de mélanger alcool et médicament, afin de coller au thème récurrent de la saison, de faire tout pareil que Noah et de se sentir encore proche de lui sans doute.
Et ses parents le savent bien, même si leur cerveau n'est plus tout à fait irrigué correctement : quand on boit de l'alcool dans un récipient inadapté, cela signifie que l'on va mal. Ou que des gamins, ou des jeux sexuels qui ont dégénéré, ont pété tous les verres à vin, condamnant les adultes à picoler dans des verres à moutarde ou des mugs. Mais ce n'est apparemment pas le cas ici puisqu'il n'y avait jusqu'alors pas d'enfant sous leur toit et qu'ils n'en sont pas encore arrivés à cette partie de leur manuel de kamasutra pour les baby-boomers.
Ils se lancent donc dans ce grand discours effarant spécifique à certains psychanalysés prompts au jugement facile qui, sous-prétexte qu'ils participent activement au financement du manoir et du bateau de leur thérapeute, se sentent investis d'une mission et pensent qu'ils peuvent lire dans le comportement des autres êtres humains comme dans un livre ouvert, le mode de fonctionnement de leurs congénères étant tellement primaire et limpide comparé à leur complexité propre.
Ils lui jettent alors en touffes sans les mettre en bouquet des "tu fais une dépression" (sans déc ?), des "on ne peut plus te laisser comme ça" (elle l'a bien cherché en venant là cela-dit), des "c'est de notre faute si ta vie est un désastre parce que nous avons été de mauvais parents" (yeah ! Sans les mains ! Facile !), des "nous devons t'aider à t'en sortir parce que malgré nous, tu es devenue une belle personne" (peut-on déclarer l'interdiction de cette expression ?) et des "tu n'as rien à te reprocher" (à part, peut-être, un meurtre).
Rassérénée par autant de sollicitude et de bienveillance, elle embarque ses gamins déjeuner au... Lobster Roll, le resto de l'ex-femme de son ex-mari donc. Là elle découvre (et nous aussi) que la mère de Cole est toujours en vie (même si les époux Lockhart n'ont pas visiblement pas cru bon de l'inviter à l'anniversaire de Joanie) puisqu'elle s'est apparemment lancée dans un florissant business de tartes home made vendues à la caisse du boui-boui.
Le soir au dîner (ils ne font que bouffer ?), pour qu'ils lui foutent enfin la paix avec Vikram le magnifique, Helen annonce tout de go à ses parents et devant ses gosses qu'il l'a larguée, comme ça c'est fait, tout le monde est au courant. Stacey, la plus jeune fille Solloway, se met à pleurer car elle sait que désormais elle pourra se gratter pour qu'on l'aide à faire ses devoirs ou tout simplement avoir un petit-déjeuner. Les parents d'Helen y vont alors de leur couplet égocentrique sur la reprise de leur propre relation, sur le fait qu'elle devrait le supplier de la reprendre parce qu'elle ne trouvera jamais mieux (c'était pas "une belle personne" ce matin ?) et que rien n'est impardonnable... à part peut-être le fait que Stacey ait vu son père s'échapper par la fenêtre de la chambre de sa mère en pleine nuit, ce qui calme immédiatement l'assistance.
S'ensuit une engueulade croisée entre ses enfants et ses parents qui reprochent à Helen tantôt d'avoir fait rentrer le loup dans la bergerie, tantôt de le leur avoir caché. Et Stacey de se remettre à chialer. Mais en vrai, Helen n'est pas tout à fait une grosse connasse de mère indigne (pas tout à fait) : elle est rongée par la culpabilité. Alors elle rassure sa fille en lui disant que son père n'est pas un assassin, non, non, non : c'est elle qui a tué Scotty (je ne suis pas complètement certaine que ce soit vraiment rassurant finalement). Elle se lève alors de table et annonce qu'elle va de ce pas aller le dire à la mère Lockhart. Comme elle n'est pas à l'abri de la gentillesse des gens, Helen, dans une scène d'hystérie incontrôlable, incompréhensible et à la dimension comique insoupçonnée (et pas que pour son air d'arroseur arrosé), se retrouve victime d'une tentative de séquestration par ses parents qui veulent l'enfermer dans leur Panic Room au sous-sol. Mais Helen s'échappe, non sans avoir préalablement mangé une bonne giflasse maternelle en pleine poire, laissant ses enfants aux mains de ses dangereux géniteurs.
Après avoir poireauté un moment tous phares éteints devant la maison de Cherry Lockhart, elle décide d'aller dans un rade bondé, histoire de se donner du courage (et de faire remonter son taux d'alcoolémie qui n'était plus entretenu depuis une bonne heure).
*Vlouloulouloulou*, retour-rapide et flash-back (kamoulox ?) : Souvenons-nous tout d'abord de la version d'Alison dans l'épisode précédent.
Pour se récompenser de cette journée de dur labeur, Alison va boire l'apéro dans un troquet où elle échange quelques mots complices avec le barman qui a certainement dû la sauter à un moment donné. Quand tout à coup Helen débarque. S'ensuit une discussion étrange sur Noah qui n'était pas le même avec l'une et avec l'autre. Alors elles soupirent, rêveuses, puis se tapent dans le dos en se félicitant d'avoir été bourrées toutes les deux par le même homme. L'alcool aidant, les deux anciennes rivales deviennent tellement copines qu'on en vient à se demander à quel moment elles vont finir en culotte à faire une bataille de polochon comme le font toujours les filles entre elles. Helen joue alors franc-jeu sur son pathétisme mais nettement moins sur sa psychopathie : elle lui avoue qu'elle a toujours espéré que Noah lui revienne malgré tout (vrai) mais aussi que s'il a emménagé chez elle c'est parce que sa plaie s'est infectée et que son nouveau mec est toubib (pas vrai). Alison lui demande pardon et Helen, dans un éclair de lucidité, lui dit de ne pas culpabiliser car c'est de sa faute si Noah l'a trompée parce qu'elle n'est qu'une salope castratrice dévalorisante. Confidence pour confidence, Alison tente de lui confesser que c'est elle qui a poussé Scotty sur la route mais Helen lui fait fermer sa gueule en lui disant que le temps d'avant, c'était le temps d'avant et d'autres paroles de chansons de Celine Dion écrites par Jean-Jacques Goldman. Elle finit alors son cocktail cul-sec et s'empresse de reprendre le volant comme c'est indiqué dans toutes les campagnes de prévention de la sécurité routière.
*Louvloulouloulou*, retour à l'épisode 9, PART ONE : HELEN. Accoudée au comptoir, elle est rejointe par Alison qui était déjà là :
– Kestufoulà ?
– Et toi ?
– Ben moi j'habite ici en fait.
– Et moi je me suis débarrassé de mes enfants chez mes parents donc j'ai toute légitimité à me trouver là également.
– Gnagnagna, et que je fais ma crâneuse parce que moi j'ai plusieurs enfants vivants... Tu sais, je les aimais tellement tes gosses, à l'époque où j'étais leur belle-mère et où je me tapais ton mari... Tu leur feras des gros poutous de la part de Maman Alison ?
– Oui, bien sûr...
– Sinon tu as vu Noah ?
– Oui, il m'a bourré le cul hier soir. Et toi ?
– Oh moi, c'était le semaine dernière. J'essaie d'alterner : un coup Cole, un coup Noah, un coup un inconnu. Ça fait une sorte d'algorithme c'est rigolo.
– Tu sais que c'est de mon mari que tu parles espèce de morue !
– Ok... Bon... Je vais commander à boire parce que ça risque d'être long... Alors techniquement, c'est ton EX-mari...
– M'en fous : Tu dis pardon et tu fais un bisou.
– Non.
– Tu dis pardon et tu fais un bisou !
– Non !
– Tu dis pardon et on se met en culotte alors ?
– Mais... Non !!!
– Tu as hésité.
– Même pas vrai !
– Si c'est vrai !
– Non c'est pas... Bon ok, pardon. Mais c'est pas que ma faute à moi d'abord. Tu comprends, tout est parti de la m...
– Ah non hein ! Tu vas pas encore te servir de la mort de ton gamin pour te justifier d'avoir agi comme la dernière des putes !
– Ben si : donc comme je te disais, quand Gabriel est mort, j'ai commencé à faire portenawak. Surtout avec ma chatte qui, à l'instar du toit, était brûlante. Pas parce que j'aimais ça hein, mais parce que plus rien n'avait d'importance tu vois. Je pense que je voulais inconsciemment détruire toute forme de bonheur autour de moi. C'est pour ça que je me suis fait absolument tous les potes de mon mari...
– Tu aurais pas le même thérapeute que mes parents par hasard ?
– Mais si !!!! C'est dingue hein ? Le monde est petit !
– Et Montauk encore plus...
– Bref : quand il n'y a plus eu de potes, c'est là que Noah est arrivé. Et en plus, il a cru que j'avais le feu au derche parce que j'étais libre ! Et qu'il allait pouvoir se débarrasser de toi, des gosses, de toutes ses responsabilités grâce à moi, ce con... Alors que moi, je m'en battais carrément les escalopes ! Parce qu'en fait, on ne peut pas sauver les autres, on ne peut que se sauver soi-même...
– Ouaip, c'est ce que j'ai cru comprendre à mes dépens cette nuit. Mais sinon, t'en as d'autres dans ta musette des adages de sagesse populaire ?
– Plein, attends... y'a "prudence est mère de sûreté", "Noel au balcon, Pâques au tison", "on peut tromper une fois mille personnes, on peut"...
– Ta gueule.
– Allez, sois pas rancunière comme ça, ma vie à moi aussi elle est foutue, avoue que c'est marrant quand même !
– Hilarant... par contre, en parlant d'aveu, c'est moi qui aie tué Scotty, pas Noah.
– Je sais.
– Quoi ? Noah te l'a dit ?
– Non : en fait c'est moi qui aie poussé Scott sous tes roues parce qu'il voulait me violer.
– Coooouuuuuuaaaaaaaa ?????!!!!!!!! Et Noah le sait ?
– Ben ouais...
– Donc en fait au procès, il ne s'est pas dénoncé pour me sauver moi mais pour te sauver toi ?
– Ben ouais...
– Putain mais quelle conne !
– Ben ouais.
– Allez viens, on va tout dire la vérité à sa maman pour soulager ma conscience.
– Que dalle ! J'irai pas jusqu'à dire que Scotty méritait de mourir mais un petit peu quand même. Allez. Tschüss !
Suite à ces révélations Helen va chialer dans sa bagnole devant la maison de la mère de Scott et Cole (et de plein de figurants qui sont censés construire la maison de ce dernier) et renonce à aller lui dire la vérité... Puisque la-dite vérité est récemment devenue un peu plus compliquée et que c'est désormais la parole d'Helen contre celle de la rouquine humide, qui, en plus d'être la traînée notoire locale, reste envers et contre tout la mère de Joanie (et ce même si Cherry n'a pas été invitée à son putain d'anniversaire, rappelons-le).
Le lendemain, profitant de la disparition de ses enfants dans les méandres du scénario, Helen attend Vikram devant l'entrée de l'hosto où il tue des gens. Au début il l'envoie chier mais comme elle lui avoue que c'est elle qui a tué Scott Lockhart, il accepte de l'écouter. Alors elle lui explique pourquoi elle n'a pas voulu foutre Noah à la rue (des fois que le Vikram soit un peu con comme chirurgien) :
– Je ne l'aime plus, en fait je lui suis redevable.
– Il t'en reste encore un peu sur la joue quand même...
– Ah oui c'est vrai.
– Bon d'accord, prends une douche et je te rejoins plus tard.
PART TWO : NOAH.
Noah se rend dans le bled à côté de la prison où il a été incarcéré et où habite Johnny de la Jungle. Il s'en va gaiement trouver la femme de John Gunther dans son salon de coiffure et insiste lourdement pour qu'elle lui coupe les cheveux. Elle refuse poliment arguant que c'est l'heure de rentrer chez elle. Alors il la suit discrètement à 2 mètres jusqu'à son huis. En grand jusqueboutiste, il sonne et c'est un garçonnet souffrant à l'évidence de troubles du spectre autistique qui lui ouvre la porte. La mère, voyant le type qu'elle a refoulé sur le seuil de sa maison se met à hurler, provoquant ainsi une crise du gamin. On découvre alors un John Gunther fort différent des souvenirs frelatés de Noah : aimant, attentionné, bedonnant et binoclard, il parvient à calmer son fils. Il sort ensuite discuter avec Noah qui lui reproche de vouloir le tuer, d'avoir toujours été jaloux de lui et de sa réussite qui là, pour le coup, est tout de même de moins en moins flagrante. Noah, un poil vexé, tente alors de l'agresser avec le couteau acheté chez sa mère. John le maton le désarme fort logiquement et lui conseille fermement d'aller se faire soigner et de ne plus jamais refoutre les pieds chez lui dans la foulée parce que sinon il ira tout cafter son comportement de merde à sa conseillère en probation.
Dans le train qui le ramène chez lui, nouveau flash-back de Noah en prison. John vient l'embêter au sujet de son manuscrit et lui lit un passage qui lui a plu : celui où Noah avoue que sa mère était un frein à son départ pour la fac et qu'il l'a manipulée afin de la pousser à vouloir mourir alors qu'elle n'était pas vraiment complètement d'accord à la base. Ce qui justifie enfin son incarcération : par le truchement d'une logique implacable, John lui explique que s'il s'est sacrifié pour sauver sa femme (notons que l'on parle ici d'Helen et non d'Alison... quel est le con qui a rendu le cubi aux scénaristes ?), c'est parce qu'il a eu une aventure. Et s'il a eu une aventure c'est parce qu'il a tué sa mère. Tout est donc affaire de culpabilité. Parce que les mecs à l'aube de la cinquantaine qui trompent leur femme avec une nana de vingt ans de moins, ça n'est absolument pas un stéréotype social. Non, non : ça n'arrive que parce que les mecs en question ont commis le matricide dans leur jeunesse !
Et on se rend compte qu'en réalité Noah Solloway est une sorte d'Edward Norton du pauvre et que John Gunther est son Tyler Durden puisqu'à chaque fois qu'ils s'engueulaient l'écrivain raté était seul. Ainsi, Noah comprend tout, tout ce qu'il a refoulé remonte à la surface et il se souvient du moment où, portant son sweet à capuche tout pareil que dans son hallucination où il pensait sauver Martin de la noyade dans l'épisode 6 de la saison, il avait tenté d'échapper en coupant à travers lac à son père qui désirait obtenir quelques explications sur le pourquoi du comment sa femme était toute froide et morte tout à coup. Et que donc c'est pour ça que le père et le fils étaient fâchés : le daron à la rancune tenace était sans doute légèrement contrarié.
Noah rentre dans son appart sous loué en forme de scène de crime. Il trouve alors, posé nonchalamment, son manuscrit autobiographique écrit en prison dans lequel il avoue la véritable nature du meurtre de sa mère. Il se tape alors des grosses hallu dans sa cuisine miteuse, voit le reflet de John Gunther dans la fenêtre et se rend compte qu'il s'est en réalité poignardé lui-même.
Grosses, les hallu.
Fin de l'épisode 9 de la saison 3, à suivre...
THE AFFAIR, SAISON 3, ÉPISODE 10 (season finale) : Cliquez ici.