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LAMB de Yared Zeleke [critique]

LAMB de Yared Zeleke [critique]

C'est l'histoire d'Ephraim, un petit éthiopien du Nord, qui a perdu sa maman pendant la grande sécheresse et qui fait un bon gros transfert sur la brebis qu'elle lui a léguée. Alors quand le cousin de son père, chez lequel il l'a laissé en leasing pendant qu'il part chercher du boulot à la Capitale, annonce qu'il sacrifiera le bestiau pour les fêtes, Ephraim le vit moyen bien (déjà qu'il ne se sentait, à juste titre, que très partiellement le bienvenu dans cette famille). Son but va donc être pendant près d'1h30 de trouver le moyen de se barrer et de rentrer chez lui, à Buya, dans le Nord du pays, retrouver son village... Un peu comme Ulysse mais avec une brebis sous le bras et sans jamais y parvenir (contrairement à ce qu'annonçait le synopsis).

LAMB de Yared Zeleke [critique]

Ne vous attendez donc pas à un road trip ou à une quête initiatique mais à un très joli film, contemplatif, à la fois fort, amer et doux (comme une pub pour du café), à hauteur d'enfant, en forme de métaphore du deuil, de l'acceptation, de la résignation et du lâcher prise.

Les images sont belles, les paysages sont superbes, un peu comme dans un documentaire. L'histoire est émouvante, le môme est attachant, sa brebis aussi, sa famille nettement moins. En effet, il y a un petit côté "Princesse Sarah" (et plein d'autres références nettement moins honteuses aux orphelins dans la littérature mais sinon c'était moins drôle) dans la destinée du personnage de ce gamin...

LAMB de Yared Zeleke [critique]

Parce qu'en terme d'ambiance de merde, sa famille d'accueil se pose là : une joyeuse bande de têtes à claques, désagréables et antipathiques à souhait chacun à sa manière, où on sent bien que ça les fait copieusement chier de se voir refourguer un petit orphelin, avec une mention spéciale pour l'oncle-cousin qui danse comme une poule... Alors oui, c'est pas beau, oui, c'est gratuit, mais c'est lui qui a commencé d'abord à être méchant comme ça avec Ephraim !... Et donc si le but de l'art est de faire réagir, on peut dire que le processus a drôlement bien fonctionné sur moi.

Mais revenons à nos moutons (pardon) : ils ne sont donc pas enchantés par la présence du mouflet mais toujours teintés de cette hypocrisie caractéristique que l'on retrouve, je le crains, un peu partout, et qui veut que la famille soit au-dessus de tout, quand bien même personne ne pourrait se saquer.

Le film revêt donc une forme d'universalité dans sa description des rapports humains, que l'on retrouve également dans le fait que n'importe où dans le monde, les enfants sont cons et cruels entre eux.

LAMB de Yared Zeleke [critique]

Un instantané de ce que peut être l'Ethiopie rurale, un sacré dépaysement avec à l'écran, des êtres humains avec leur culture, leur société, leurs coutumes, leurs espérances et leurs traditions, tout simplement.

Un film africain qui ne cherche pas à véhiculer une morale aseptisée pour plaire aux européens, à enfoncer des portes ouvertes à grands coups de feu qui brûle et d'eau qui mouille comme d'autres (suivez mon regard).

Un film sorti en DVD en 2016 (le 4 mars précisément et édité par Blaq Out), à découvrir vraiment, et qui trouvera assurément sa place dans les derniers bons films vus par la communauté de Cinetrafic.

LAMB de Yared Zeleke [critique]
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