12 Mars 2016
C'est l'histoire de Margaret qui quitte son mari et se barre avec sa gamine sous le bras. Elle emménage à San Francisco (c'est parce qu'on reconnaît bien le pont et les rues en pente), inscrit sa fille dans une super école (on ne sait pas trop avec quel pognon... L'argent de la vente de sa bagnole ? Ah ben non, elle la conduit toujours...) et se fait embaucher dans un Ikea de l'époque. En parallèle elle fait le trottoir (toujours flanquée de sa merdeuse) afin de vendre ses (charmes) tableaux avec plein de gamins aux gros yeux dessus. Là, elle rencontre Walter Keane, un autre peintre raté, obsédé par ses tableaux de rues parisiennes.
Comme son ex-mari (à elle hein) veut lui retirer la garde de leur fille (parce que mère célibataire = pute), Walter propose de l'épouser.
Je ne sais pas si regarder BIG EYES lors de la journée internationale des droits de la femme était franchement une bonne idée... Non parce que, ok, l'époque n'était que très moyennement favorable aux femmes divorcées, c'est vrai. Mais sous couvert de se faire passer pour une pauvre petite victime, c'est tout de même une sacrée opportuniste qui obtient la sécurité financière grâce à son cul... Certes, elle n'a pas eu de bol puisqu'elle tombe sur un pervers narcissique mythomane, mais Amy Adams, avec son look et son jeu à mi-chemin entre une Naomie Watts (ratée) et une Dolores Ombrage (réussie), est tellement horripilante de niaiserie et de fausse passivité bien confortable que ce film en deviendrait carrément anti féministe !
Par le truchement d'une réthorique de bas étage, Walter va réussir à vendre ces (croutes) portraits d'enfants (qui foutent les jetons) pour serigraphies sur mug (ou sur posters pour chambre de petite fille suicidaire) de sa nouvelle femme. Et, par un autre truchement d'un ego démesuré, il va s'en approprier la paternité (des tableaux, pas de sa femme, c'est con mais pas à ce point).
Donc, dans une société très puritaine, un mec qui peint des enfants à moitié à poil qui ont l'air d'avoir subi d'atroces sévices, ça n'interpelle personne ?...
Bref, la Margaret le prend moyen bien mais continue à peindre encore et encore (parce que l'argent c'est agréable quand même, faut pas déconner). Jusqu'au jour où elle découvre que son mari n'a jamais rien peint de sa vie et que c'est un vilain gros menteur...
Dans une scène qui réussit le pari insensé de ne dégager strictement aucune intensité... Un peu comme le couple Walter/Margaret depuis le départ en fait.
Après un horrible plagiat de SHINING avec des allumettes et de l'essence de térébenthine à la place d'une hache, elle finit par se casser à Hawaï sans sac, sans valise, sans rien (pognon ?), mais toujours avec sa fille...
Et ce petit tic de réalisation où elles se prennent la main dans la bagnole, comme au début du film, qui donne envie de défenestrer quelqu'un ou quelque chose.
Elle réussit à obtenir le divorce puis, grâce à l'entremise de témoins de Jehovah (si si), elle décide de révéler la vérité au Monde sur son œuvre afin de gagner la paix de son âme et de racheter les mensonges que le méchant Walter l'a contrainte à proférer à sa fille et à l'humanité.
Et mon cul, c'est du poulet...
S'ensuit un procès improbable qui donne envie de se pendre au terme duquel (et d'une scène de concours de peintures où on se demande véritablement ce qu'on est en train de regarder) elle obtiendra la reconnaissance et l'apaisement qu'elle cherchait (et un petit peu de fric aussi non ?).
Voilà, voilà. Mais alors attention, dans ce tout petit film d'un grand Monsieur du cinéma (oui, ça se discute... Bon, en tout cas un Monsieur dont l'esthétique et l'imaginaire m'ont fait rêver... Non même pas ? Allez, soyez pas vache !), Amy "Margaret" Adams n'est pas la seule fautive loin de là !
En effet, Christoph Waltz cabotine à mort (le mot est presque aussi énervant que son personnage ou plutôt la façon dont il l'interprète). Il n'en fait même plus des caisses mais des containers, ressemble à une sorte de pantin désarticulé grimaçant sans le moindre charisme (pour un mec qui est censé mystifier les gens par son bagou c'est tout bonnement génial !)... Bref il est ici proprement insupportable (alors qu'INGLORIOUS BASTERDS ne valait vraiment que pour sa performance... PAS TAPER !!! Ça aussi ça se discute).
Du coup, chaque personnage étant, volontairement ou pas, une sorte de parodie de lui-même, on ne sait absolument pas si c'est une farce ou un drame... On a la fâcheuse impression que Tim Burton se retrouve empêtré dans des références au cinéma des années 60 (Sir Alfred en tête) mais qu'il réussit à caser au burin quelques trouvailles visuelles (heureuses et furtives comme les plans sur les rues de San Francisco qui rappellent les tableaux de Walter... Ou nettement moins heureuses comme les hallucinations de Margaret qui sonnent tristement artificielles). Et on ne comprend vraiment pas non plus ce qu'il a bien voulu faire avec ça tant le résultat est épuisant nerveusement et donne tragiquement envie de chialer.