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QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? de Philippe de Chauveron [critique]

QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ? de Philippe de Chauveron [critique]

Mais qu'est-ce que, moi, j'ai fait au Bon Dieu ?!?...

On se dit : "Chouette, une comédie ! On va se détendre et se marrer..."

Sauf que ce film est un supplice : c'est mal écrit, mal joué, le scénario a été pondu par un tractopelle...

Quand on pense que d'autres films du genre, certainement très con-con mais moins prétentieux et plus légers, comme celui de Payet, de Lacheau ou de Lemort, se sont fait chier dessus...

Et que dire de la morale plus que douteuse qu'il véhicule, sous couvert d'un soit-disant humour ultra daté, et de son message plus que foireux ?

Comment ? Un arabe peut être avocat, un chinois banquier, un noir comédien de théâtre et un juif nul en affaire ? What ? Ne sont-ils pas tous condamnés à travailler dans les travaux publiques, le nettoiement municipal, des magasins de fringues, des appartements-raviolis ou tout bonnement à ne rien foutre en profitant les aides sociales ?!?

Comme quoi je me coucherai moins conne ce soir...

Sans nourrir une quelconque inimitié ou antipathie a priori envers tous les comédiens (même Clavier ouais), et même s'ils font ce qu'ils peuvent, on sent bien qu'il y a un souci avec la direction d'acteurs, tant on a l'impression que certaines scènes sont totalement en roues libres !

Et puis il y a un gros, très gros problème de rythme : pour être percutants, les dialogues d'une comédie doivent s'enchaîner, les comédiens se répondre du tac au tac, surtout lorsque l'on joue dans une histoire basée sur la joute verbale où l'on se jète ses propres représentations stéréotypées à la gueule...

Or là, la plupart des acteurs (particulièrement ceux venus du stand up, qui n'apparaît pas si formateur niveau comédie tant ils ne font que ce qu'ils savent faire au final) ne discutent pas entre eux : ils récitent et balancent leurs répliques comme s'ils n'avaient pas d'interlocuteur, comme s'ils attendaient désespérément un "top départ" du réalisateur pour parler, un peu comme des gamins dans un spectacle de fin d'année...

Il y a des blancs, des silences entre deux répliques qui n'ont pas lieu d'être et qui sont physiquement douloureux...

Quelques très (trop ?) rares vannes plus inattendues qui font sourire mais qui ne sont absolument pas exploitées et tombent systématiquement à plat, noyées dans d'innombrables blagues et situations racistes, graveleuses, vulgaires et/ou obscènes plus prévisibles les unes que les autres :

En voulant se moquer des clichés, le film en instille malheureusement d'autres (sans déconner : on dirait le recyclage des punchlines d'un vieux spectacle de Michel Leeb), fait dans la fausse provocation qui donne juste envie de se pendre (le coup du prépuce et de la salle de théâtre en tête), enfonce des portes largement ouvertes (wouah... On peut être d'origine étrangère et connaître la Marseillaise ? Tout le monde ne passe pas ses soirées à enflammer des pets sur le drapeau français ? Les gens auraient donc autre chose à foutre ?!? Par contre, les cathos, noirs comme blancs, seront forcément des gros cons de réac et le prêtre une grosse chochotte cossarde et raciste... Et puis heureusement qu'on picole en France !).

Un film qui voudrait loucher vers la comédie de mœurs familiales américaine, mais n'est pas Ben Stiller (même avec ses défauts) qui veut, une superficialité des personnages absolument pas charismatiques qui ne sont que l'ombre d'eux-mêmes (ou de leur propre caricature), un film qui aurait pu être drôle (et encore) il y a 40 ans mais qui aujourd'hui est juste désespérant.

Bref, on n'est pas dans du cinéma, ni même dans du théâtre filmé (à la manière du Prénom qui, même s'il s'essouffle, avait au moins le mérite de démarrer de façon nettement plus efficace), à la limite dans du téléfilm qui aurait reçu un budget colossal (dont on se demande bien dans quoi il a pu passer)...

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