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IL ÉTAIT DEUX FOIS de Franck Thilliez

Vous pensiez avoir touché le fond niveau trituration et torture cérébrales avec LE MANUSCRIT INACHEVÉ ?

Que nenni, pauvres fous et naïfs mortels !

Ne saviez-vous pas que Franck Thilliez possédait une jolie petite pelleteuse pour creuser encore plus profond dans les abysses de la mémoire, de l’horreur et de la conscience ?

Ainsi, IL ÉTAIT DEUX FOIS se pose en une sorte de suite du MANUSCRIT INACHEVÉ, dans le sens où il se passe sur le même plan que le premier niveau de lecture du premier roman... Explication : on y retrouve, au détour de l’intrigue, les Traskman père et fils (eux-mêmes auteurs imaginaires de ce fameux MANUSCRIT INACHEVÉ).

IL ÉTAIT DEUX FOIS de Franck Thilliez

Et alors là, il faut s’accrocher... ou alors relire les deux, coup sur coup, dans l’ordre puis dans le désordre, sans manger, sans dormir et surtout sans s’arrêter, et en prenant des notes... beaucoup de notes... sans jamais se déconcentrer !

— Maman, ça fait 3 jours qu’on n’a pas mangé, on a faim...
— Ah ben voilà c’est malin : maintenant il faut tout que je recommence !

Cons de gosses.

Parce que si le diable se cache dans les détails, Franck Thilliez l’a bien compris : et ça ne serait pas la première fois qu’il nous ferait le coup d’une toute petite et misérablement insignifiante inversion ou particularité qui remettrait en cause l’ensemble du roman (ou des romans, en l’occurrence)...

Ensemble du roman qui serait donc une énorme diversion, comme en magie... Parce qu’il est impossible de ne pas penser à Christopher Nolan, de MÉMENTO au PRESTIGE en passant par le très récent TENET, à la lecture de ce livre.

Donc soit Franck Thilliez est très fan du cinéaste, soit il a tout simplement les mêmes obsessions (les palindromes, la temporalité (ou son absence), les dimensions parallèles, la gémellité, les réalités alternatives, la mémoire et ses dysfonctionnements, les anneaux de Moebius...), soit l’un est le jumeau de l’autre, soit il s’agit d’une seule et unique personne (car après tout, on ne les a jamais vus ensemble, dans la même pièce).

Ou bien IL ÉTAIT DEUX FOIS n’est que le deuxième volet d’une trilogie dont le troisième tome apportera toutes les réponses à nos questions...

Enfin je me surprends à l’espérer.

Parce que ça ne devrait pas être permis de persécuter ses lecteurs de la sorte (d’autant plus quand ils en redemandent, ces gros psychopathes) !

Et puis parce que, en attendant, la joueuse d’échec me hante moi aussi... En effet, sans être parfaitement inculte niveau art moderne et contemporain, bah je ne savais pas de quoi il en retournait... Mais maintenant je sais. En revanche, je ne sais pas si je dois vous remercier Monsieur Thilliez... Parce que je dors moyen bien... Pas tant pour le concept que pour l’éventualité que vous avez insinuée dans cette forme... d’art.

Et puis parce qu’il y a ce mystère final qui ronge le cerveau... De ceux qui relèvent tout de même davantage du gentil coup de pute de l’auteur.

C’est bien simple : l’étrange sensation d’être Lisa Simpson dans l’épisode où elle ne trouve pas la solution du casse-tête sur le paquet de nourriture ne me quitte pas depuis que j’ai terminé le livre.

Et ça m’agace...

Ça et cette désagréable impression que le roman tout entier est un de ces memes « When you see it » des internets : ces photos que vous entrevoyez globalement sans rien y déceler mais qui, quand vous les regardez de plus près et plus attentivement, recèlent un détail effrayant qui, lorsque vous le découvrez, fait nettement manquer un battement à votre cœur tout en restant imprimé longtemps sur votre rétine au point où vous ne voyez plus que ça... Et que vous en venez à remettre en question toutes vos capacités d’observation et à vous dire qu’un dangereux tueur psychopathe pourrait être fondu dans votre décor vous ne vous en apercevriez même pas.

 

Bref, solutions dans (au moins) deux ans, date de sortie d’un nouveau « one shot » de l’écrivain après (logiquement) un nouvel opus de souffrance pour Sharko et Hennebelle (et si les petits cochons et le coronavirus ne nous mangent pas d’ici là).

Alors pour conclure de façon la plus limpide possible :

Éternelles sont tes certitudes enclavées et nos croyances orphelines rassurantes et universelles, nébuleuses et hybrides, irréels sentiments terrifiés ou insoutenables, redondants et déroutants enjeux jubilatoires, uniques, merveilleux et aussi ubuesques xylophones ?
Un nuage élevé brunit, olivâtre, un ciel luisant et ternit, espiègle, maussade, pensif ou réellement extatique les limbes ensevelies ?
Une nuisible, versatile, inconséquente et unijambiste xanthie longe alanguie mes balivernes déjà ankylosées ?
Orange utopie bienfaisante, il est néanmoins totalement opportun, unanime, titanesque, sympathique, illusoire mais pleinement logique et mathématique espérer naviguer tranquillement vers où Ulysse souqua ?

Vaillant ou ubiquiste songeur méditatif, élégie frêle, attirante, instable, tangible et sinueuse, une nuée prolixe et un flibustier loyal, impénétrable poète passionné et rêveur.

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