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LE MANUSCRIT INACHEVÉ de Franck Thilliez

En préambule, à l’intention de l’auteur :

Mon espoir renaît, caressant, innocent, pur. Où un rêve croit et ravive ostensiblement mon admiration naïve.

C’est l’histoire de Franck Thilliez qui écrit un livre, LE MANUSCRIT INACHEVÉ, qui raconte l’histoire de JL Traskman (un rapport avec Richard Bachman ?), petit écrivain de polars, fils de Caleb Traskman, grand écrivain de polars. À la mort de son père, JL découvre qu’il a laissé un manuscrit inachevé bourré de subtils messages subliminaux comme autant d’indices pour en deviner la fin manquante. Son éditrice décide de le publier quand même, après lui avoir demandé de le terminer (uniquement la scène du dénouement en réalité). Et ce polar sort donc sous le titre LE MANUSCRIT INACHEVÉ parce qu’ils ont trop une imagination de fou.

Ce MANUSCRIT INACHEVÉ du père, finalement achevé par le fils, raconte l’histoire de deux flics, Vic et Vadim, qui vont enquêter sur la mort d’une jeune fille énucléée, amputée des deux mains et, comme si ça n’était pas suffisant, le visage écorché, retrouvée dans le coffre d’une voiture accidentée immatriculée JU-202-MO.

ÇA C’EST MON FRANCK THILLIEZ !

Parallèlement, le roman raconte aussi l’histoire de Jullian Morgan et de sa femme Léane, ex-institutrice elle-même reconvertie en écrivain de polars à succès sous le pseudo d’Enaël Miraure (miroir de son propre prénom donc) dont la fille a été enlevée par un tueur en série qui délivre au compte-goutte les lieux où sont enterrées ses victimes (c’est d’ailleurs cette enquête-là que l’on va suivre tout au long du roman).

Et, tel un prestidigitateur cherchant à détourner l’attention du public, Franck Thilliez rajoute à ce joyeux merdier le dernier livre d’Enaël-Léane, intitulé également LE MANUSCRIT INACHEVÉ, qui raconte l’histoire de Judith Moderoi, une institutrice qui décide de séquestrer un vieil auteur de polars nommé Janus (aux deux visages donc) Arpageon pour qu’il termine son dernier... *roulement de tambour*... manuscrit inachevé ! (un peu comme dans MISERY de Stephen King).

Ultime roman qui raconte l’histoire d’un écrivain tueur en série nommé Kajak Moebius (tiens, tiens, tiens...) qui s’avère être en réalité l’auteur lui-même (Janus) qui ne fait qu’écrire son autobiographie (un peu comme dans... un autre livre de Franck Thilliez dont je tairai le nom pour ne pas divulgachier dans la colle).

Judith finit par buter Janus qui refusait d’écrire la fin de son bouquin et décide d’en inventer elle-même le dénouement (comme JL Traskman) et de se l’approprier (pas comme JL Traskman). Sauf que les flics finissent par débarquer en l’accusant des meurtres décrits dans son bouquin puisqu’elle ignorait qu’il s’agissait de la confession de Janus Arpageon de ses crimes bien réels (mais fictifs au final puisque tous ces gens sont des personnages imaginaires).

Une mise en abyme de l’Inception d’un récit enchâssé dans une matriochka qui colle sérieusement le tournis (voire un sévère mal de tronche), où l’on retrouve moult clins d’œil aux opus précédents de l’auteur (le vrai, Franck Thilliez, pas les autres) ainsi qu’une sorte de Best Of de ses thèmes préférés : le darknet, la duplicité, les grandes bâtisses isolées dans les montagnes, la nécrophilie, les mutilations ante et post-mortem, les pratiques sexuelles extrêmes, la gémellité, les sous-sols, les bizarreries génétiques et les troubles de la mémoire (mais pas la schizophrénie ou le trafic d’organes cette fois-ci).

En lançant à ses lecteurs, dès la préface, le défi de découvrir le dénouement voulu par feu Caleb Traskman grâce aux multiples indices disséminés dans le manuscrit, Franck Thilliez les place dans la position d’enquêteurs, nouant ainsi une sorte de complicité intellectuelle tout en créant parallèlement une certaine forme de distanciation contradictoire (puisque c’est JL Traskman qui est censé écrire).

Il livre un formidable roman à énigmes, peuplé d’acronymes, de palindromes, d’acrostiches à l’orientation contrariée, de misdirections et de paréchèses anaphoriques cachées, où il s’amuse autant avec les mots qu’avec le suspens, l’angoisse et l’horreur.

LE MANUSCRIT INACHEVÉ de Franck Thilliez

Alors si vous voulez savoir comment tout cela se termine, ça me parait tout à fait évident :

Les ibis sautillent et zigzaguent lentement en scintillant. Ils nagent, irrésolus, tremblants, insatiables, avec les éléphants-saucisses, dansant et sifflant même, ôtant tes souvenirs.

Simple et limpide (ou funky, je ne sais plus).

Non je déconne : lisez le livre.

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