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LA FORÊT DES OMBRES de Franck Thilliez [critique]

Il y a des livres qu'on ne peut pas refermer, qu'on est obligé d'avaler d'une seule traite et LA FORET DES OMBRES en fait partie.

Alors est-ce dû à l'efficacité de l'écriture de Monsieur Thilliez ? Est-ce parce qu'à l'instar de ces copains Giacometti & Ravenne (dans une moindre mesure) de La ligue de l'imaginaire, on a l'impression de lire le scénario d'un putain de bon film ? Est-ce parce qu'au-delà du fait qu'un inconnu, si riche a priori soit-il, vous demande de tout plaquer avec femme et enfant pour aller vous isoler en pleine Forêt Noire pour écrire un bouquin de commande qui ressuscite un serial killer, d'entrée de jeu ça pue du cul ? Est-ce parce que c'est Franck Thilliez et qu'on sait pertinemment (si on a déjà lu un de ses romans) qu'on est très loin d'imaginer à quel point ça va dauber ? Est-ce parce qu'on tient une théorie (donc) et qu'on veut savoir si on avait vu juste ? Est-ce parce qu'on avait vu juste qu'on flippe d'autant plus ? Est-ce parce que l'auteur va encore plus loin que nos propres délires psychopathes (CQFD) ? Est-ce parce qu'au bout de moult révélations on est lessivé et qu'on veut connaître le dénouement de tout ce beau merdier ? Est-ce peut-être aussi surtout parce qu'il fait nuit, et qu'on balise tellement qu'il faut qu'on aille au bout ? Est-ce justement parce qu'il est 2h30 du mat', qu'il fait super chaud et qu'on s'est, mine de rien, enfiler 1L et demi de flotte, qu'il faut impérativement qu'on se lève et que si on croise un enfant dans le couloir, on peut faire un arrêt cardiaque ?

Bref, pour l'une, l'autre ou toutes ses raisons, c'est donc un bouquin qu'on ne lâche pas facilement.

Parce que c'est une histoire géniale, un "one shot" comme Puzzle qui ne s'inscrit ni dans la série des Franck Sharko ni celle des Lucie Hennebelle, vraiment bien écrit (mais c'est comme les goûts et les couleurs, on y peut rien et j'adore le style de ce grand Monsieur du thriller français), vraiment glauque, vraiment triste, légèrement plombée par l'explication finale (mais qui a au moins le mérite de rester cohérente contrairement à Ne le dis à personne d'Harlan Coben par exemple... Et je ne parle même pas de Musso).

Après, on retrouve les thèmes de prédilection de l'auteur. En effet, point de surnaturel ici (il y a même du Stephen King là-dedans, plutôt côté Misery, pas côté vampires qui snifent des gens).

Où on peut se demander si Franck Thilliez n'a pas subi un léger traumatisme, s'il n'a pas un problème avec les mères et leurs petites filles et où se pose la question de l'espérance de vie des gamines de moins de 5 ans dans ses romans...

Bref, de l'humain juste de l'humain, dans ce qu'il a de plus vil et de plus dégueulasse, de la manipulation mentale, et puis du sadisme (plein).

La vanité, c'est décidément mon péché préféré.

John Milton (aka Al Pacino) dans L'associé du Diable.

Un livre qui, même si on réussit finalement à se lever et atteindre le couloir, donne envie de hurler devant tant d'injustice et de cruauté (mais on ne le fait pas parce qu'il est à présent 4h du matin... Et ça aussi c'est cruel !).

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