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La Chronique des Bridgerton - Saison 1 [résumé] & [critique]

La Chronique des Bridgerton, le contexte :

Dans la haute société londonienne du début du 19ème siècle, la saison mondaine s’apprête à commencer pour de nombreuses jeunes filles en quête d’un mari…

La Chronique des Bridgerton - Saison 1 [résumé] & [critique]

La Chronique des Bridgerton, les personnages principaux :

La Chronique des Bridgerton, c’est principalement l’histoire de deux familles voisines : les Bridgerton (comme le titre) et les Featherington.

La saison 1 c’est aussi et surtout l’histoire de Daphné Bridgerton, une ingénue avec une frange de merde (exactement comme Anastasia Steele en son temps).

Elle vit donc dans le Londres du début du 19ème siècle avec sa maman (le courageux papa vicomte ayant préféré mourir) et ses sept frères et sœurs : Hyacinth, une gamine hystérique dès qu’elle voit une robe, Eloïse, une resucée de Jo dans Les quatre Filles du Docteur March, le p’tit Grégory qui ne sert à rien d’autre qu’à faire du nombre, Colin, qui a la même banane que les Forbans et qui a friendzoné Pénélope (la plus jeune de ses voisines), et deux autres qui ont l’air d’avoir 40 ans : Benedict et Anthony, le chef de famille, dont on voit le cul avant le visage puisqu’il se tape d’entrée de jeux contre un arbre sa copine soprano (une chanteuse d’opéra, pas le marseillais).

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Mais, mais, mais… Ça ne fait que sept gosses ça ! Qu’à cela ne tienne : au dernier épisode il y aura le retour de la sœur prodigue, Francesca, qui sortira de nulle part et de son année en Erasmus pour disparaître aussi sec, juste le temps de camoufler le fait que la prod ne sait pas compter.

Et hop ! La famille au complet ! Ah ben non, il en manque encore un…

Et hop ! La famille au complet ! Ah ben non, il en manque encore un…

De l’autre côté de la rue, chez les Featherington, il y a le baron (on n’est pas chez les ploucs), qui a tout plein de dettes de jeux cachées à sa femme, Portia, une éleveuse de poules qui ressemble à la sœur de Bébé dans Dirty Dancing, au mauvais goût tellement certain qu’il en deviendrait presque caricatural… presque.

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Ils ont trois filles : Philippa et Prudence (les-dites poules, Javotte et Anastasie) et Pénélope, BFF d’Eloïse, secrètement amoureuse de Colin « Danse et mets tes baskets » Bridgerton, cliché du vilain petit canard et de la « moche indésirable » car complexée par son poids.

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Débarque alors chez eux une cousine éloignée, Marina, elle aussi en âge de se marier, évidemment jolie, fraîche, distinguée et sobre, ersatz de Cendrillon et contraste parfait avec les autres filles de la maison.

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Arrive également en ville un duc, Simon, qui prend des pauses de beau gosse quelle que soit la circonstance (vraiment : faites le test de l’arrêt sur image, vous verrez ça marche).

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C’est un vieux pote de bordel et de beuverie d’Anthony, le fils aîné des Bridgerton, et il n’est à Londres que pour affaire car son père vient de mourir. Son père, c’était un mega gros con très méchant, du genre à forcer sa femme à lui pondre un héritier en sachant que ça la tuerait et à renier ensuite son fils unique parce qu’il bégayait. Alors pour le punir d’avoir été super vilain avec sa maman et avec lui-même, Simon lui a promis sur son lit de mort qu’il n’aurait jamais d’enfants. Du coup, il ne veut pas se marier.

Et au-dessus de tout ça, il y a Lady Whistledown, l’identité secrète d’une chroniqueuse mi langue de pute mi moralisatrice hyper bien renseignée, qui commente l’actualité mondaine et qui, dès qu’elle le peut, balance tous les secrets de tout le monde sur la place publique à travers son blog en version papier (un « journal » vous dites ? Non, connais pas). Comme Eloïse et la Reine Charlotte s’emmerdent, elles vont essayer de la démasquer.

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La Chronique des Bridgerton, le résumé de l’intrigue principale de la Saison 1 (en gros) :

Marina, les trois Featherington et Daphné sont toutes des débutantes, ce qui veut dire qu’elles vont faire leur entrée dans la saison mondaine, un genre d’enchaînement de foires aux bestiaux sous forme de bals, qui leur permettront de se trouver un acquéreur humain de sexe masculin, de catégorie nobiliaire supérieure si possible.

Pour son entrée sur le marché, Daphné, comme toutes les autres débutantes, est présentée à la Reine. Après s’être fait tâter la croupe, inspecter les chicots et la crinière et avoir participé à un débat sur un sujet tiré au sort par sa souveraine (non je déconne : on s’en fout de ce qu’elle pense), elle devient « l’incomparable de la saison », THE girl to fuck, LA meuf à pécho pour les non-maîtrisants de la langue de Shakespeare.

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Alors bien sûr, les prétendants devraient se bousculer au portillon. Sauf que son frère aîné, vicomte en titre vu que leur père est mort, se montre plus que sélectif et protecteur ce qui pousse à-peu-près tous les mecs à se détourner d’elle et à se rabattre sur Marina, la fameuse cousine éloignée des Featherington qui est, rappelons-le, super jolie (au grand désespoir de Javotte, Anastasie et de leur petite sœur qui va pourtant devenir sa copine… pour mieux la trahir). Plus personne ne veut donc de Daphné, à part le moche libidineux local, une sorte de Peter Pettigrow qui suinte le smegma par tous les pores de sa peau.

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De son côté, le Duc retrouve son ancienne tutrice, celle qui l’a élevé (sa mère étant morte en le mettant au monde et son père l’ayant rejeté). Elle le pousse au cul pour qu’il prenne femme, et il plait d’ailleurs beaucoup aux MILF qui voudraient bien lui refourguer leurs filles, sans doute pour se le taper par procuration.

Comment leur en vouloir ?

Comment leur en vouloir ?

Le problème c’est qu’il a fait un vœu le bougre, qu’une promesse faite à un mourant, ça se respecte (même et surtout si la-dite promesse a causé la mort de la personne en question) et que cette insistance, ça le saoule velu.

Alors Daphné va s’allier avec Simon : ils vont feindre de s’aimer pour du faux et du semblant pour que les mères obsédées sexuelles lâchent la grappe au Duc et pour que, de son côté, la jeune fille puisse de nouveau attirer l’attention des autres mecs (ou la détourner de Marina en tout cas).

Le stratagème marche plutôt pas mal, d’autant plus que Marina disparaît assez rapidement de la circulation car la coquine est enceinte de son petit copain de quand elle vivait dans sa cambrousse (petit copain prénommé Georges qui est parti faire la guerre en Espagne et dont elle n’a plus de nouvelles). Le hic c’est que le rapprochement entre sa sœur et son pote Duc n’est pas du tout du goût d’Anthony et ses rouflaquettes de l’espace, car il connaît les états de service du bonhomme et les kilomètres de shots et de gonzesses qu’il a pu s’enfiler (cela-dit, pour les shots je ne suis pas sure, étant donné comment il est bâti, le salaud).

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Alors il accorde la main de sa sœur à l’autre gros dégueulasse. Daphné n’est pas du tout d’accord, elle est toute fâchée, son promis la bloque dans un coin de jardin, elle lui met une droite mais ça ne suffit pas à calmer ses ardeurs. Il faudra que le Duc mette une grosse tête à l’importun et balance sa tentative de roulage de galoches non consenties à Anthony pour que le projet tombe à l’eau.

Bon, après ça (et alors qu’une indéniable tension sexuelle à couper au couteau à beurre s’est installée entre les faux amoureux), Simon tape une petite crise existentielle à base de « non je ne veux plus te voir, je ne peux pas t’offrir ce que tu désires, je ne peux pas te faire d’enfant, je vais te faire souffrir, va, laisse-moi partir, non, ne me retiens pas, tu mérites d’être heureuse, blablabla »…

 

Avant sa crisette, entre la poire, le fromage, un goûter, un pique-nique, un bal et devant un tableau, Simon va devenir coach en masturbation pour sa fausse promise. Comme elle va tout bien faire ce qu’il lui a conseillé, tout en pensant à lui (forcément), elle va avoir des papillons dans le slip dès qu’elle le voit. Alors leur « rupture » n’en est que plus rude. Qu’à cela ne tienne, Daphné se rabat sur le neveu de la Reine, qui n’est autre qu’un Prince (ce qui est vachement mieux qu’un Duc niveau ascension sociale), tout ça pour rendre jaloux Simon qui, pourtant, s’apprête à quitter Londres.

 

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Daphné s’enfuit du bal dans les jardins, empêchant le Prince de lui faire sa demande devant tout le monde et de se retrouver dans une merde monumentale à ne pas pouvoir refuser. Simon, qui était tapi dans l’ombre, la rejoint et ils se roulent enfin une pelle de la mort.

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Ils sont non seulement épié par la débutante qui avait alpagué le Prince avant Daphné mais en plus ils sont surpris (et stoppés dans leur élan sinon les arbres se seraient retrouvés tout poisseux de sécrétions corporelles) par Anthony. Le Vicomte n’a pas d’autre choix que de provoquer son ami en duel pour pouvoir sauver la réputation de sa sœur et puisque Simon refuse toujours de l’épouser (ce qui est un peu vexant quand même). Il lui explique que c’est parce qu’il ne pourra pas lui donner d’enfant (sans pour autant lui préciser pourquoi, parce que c’est plus fun les non-dits, ça permet de bons gros quiproquos de merde). Après mûre réflexion, Daphné interrompt le duel et accepte de renoncer à son désir de maternité, son désir pour Simon étant bien plus fort que tout comme en atteste l’état déplorable de ses draps et de ses culottes.

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Ils se marient donc, s’avouent (enfin) leur amour et baisent beaucoup, tout le temps, partout. Il devrait d’ailleurs y avoir une nouvelle catégorie de prix pour récompenser la performance de Regé-Jean Page (qui joue le Duc) pour toutes ses formidables interprétations de l’éjaculation (et celle de Phoebe Dynevor Daphné, pour celle de l’éjectée pré-éjaculatoire). Car le « noeud » de l’histoire est bien là : comme il ne veut pas avoir de gosses, il pratique consciencieusement la méthode du retrait (qui a largement fait ses preuves, tous les enfants nés grâce à elle vous le diront), et pourrit avec tout autant d’application mouchoirs, draps, sols, murs, plafonds.

Pas très au fait de tout ce qui touche à la biologie, Daphné commence à se poser des questions… Après avoir glané des renseignements auprès de sa bonniche personnelle, elle veut en avoir le cœur net. Elle prend les choses en main, chevauche son mari et le force à jouir en elle (ce qui fait au moins la deuxième scène de viol conjugal perpétré par une femme dans une série américaine bankable cette année, après celle entre June et Luke dans l’épisode 7 de la Saison 4 de The Handmaid’s Tale). Du coup ils s’engueulent et se boudent mutuellement :

– Tu n’avais pas le droit de me piéger !
– Non c’est toi qui n’avais pas le droit de me piéger !
– Non c’est toi !
– Non toi !
– Non toi !

Ad lib.

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Daphné finit par avoir ses règles, ce qui la désespère parce que c’était un peu sa seule chance de tomber enceinte vu que son mari fait la grève du cul. Elle découvre le pourquoi du comment Simon détestait son père, et après une psychothérapie expresse sous la pluie, ils rebaisent sans que Daphné soit éjectée et ils vécurent heureux avec beaucoup d’enfants (enfin au moins un, à la fin du dernier épisode).

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La Chronique des Bridgerton, le résumé des intrigues secondaires de la Saison 1 (en encore plus gros) :

Du côté des intrigues secondaires, Lady Featherington veut forcer Marina à se marier avant que sa grossesse ne soit découverte. Marina fait du boudin alors sa tata écrit une fausse lettre de Georges dans laquelle elle lui fait nier toute relation passée avec la jeune fille. Du coup Marina chiale puis elle jette son dévolu sur Colin, le frère de Daphné et pote de Pénélope dont, rappelons-le, cette dernière est amoureuse. Pénélope a les mega grosses boulasses et étrangement, Lady Whistledown révèle subitement au grand jour l’état de Marina. Dès lors, il ne subsiste que peu de doute quant à la réelle identité de la chroniqueuse (sauf pour Eloïse qui est décidément une détective à chier) mais il faudra tout de même attendre la toute fin de la saison pour en avoir la confirmation avec la révélation d’un mystère dont on se contrefout totalement.

D’ailleurs, c’est Eloïse qui, sans le savoir, sauvera les miches de son amie. En effet, la Reine s’étant lassée d’attendre qu’une gamine poursuive son enquête, elle découvre grâce à ses vrais flics où et quand la chroniqueuse secrète fait imprimer son torchon. Eloïse quitte le bal et se rend sur les lieux à l’heure dite, bien décidée à découvrir qui se cache derrière cette plume qu’elle aurait rêvé d’avoir. Mais, au dernier moment, lorsque la calèche de l’autrice arrive, Eloïse se métamorphose en sirène d’alarme en se mettant à gueuler que c’est un piège. Le mystère reste donc total pour les protagonistes et le suspens sera insoutenable dans la saison 2… ou pas.

Pénélope découvre que la lettre de Georges était un faux, Daphné vient en aide à Marina pour retrouver son amoureux par le biais d’un général en perm à Londres. Le frère de Georges débarque et annonce que si ce dernier n’a pas pu répondre aux lettres de la jeune fille, c’est peut-être parce que c’est un peu compliqué quand on est mort. Il propose à Marina de laver son honneur en l’épousant à la place de son frère. Marina refuse puis finit par accepter parce que, bon, elle n’a pas trop d’autres choix finalement, qu’il n’est pas trop moche et qu’au moins, ça reste dans la famille.

Simon est super pote avec un boxeur, Mondrich, pour lequel il joue le sparring partner, ce qui lui permet d’exhiber son torse glabre et musclé à maintes reprises avant que n’interviennent dans l’intrigue ses scènes de cul.

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Par le biais de Mondrich, le baron Featherington trouve le moyen de se refaire une santé au niveau financier : il lui propose de truquer son dernier combat et de partager les gains. Mondrich, qui a une famille à nourrir, accepte. Tout se passe comme convenu, sauf qu’après coup, la supercherie est découverte par les bookmakers qui sont tellement fâchés qu’après le Baron il est tout mort empoisonné, dis-donc.

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Passons à la famille Bridgerton :

Artiste à ses heures perdues et poussé par sa sœur Eloïse, Benedict s’acoquine avec un peintre mi-gay mi-marié depuis longtemps à une femme, ce qui ouvre le champ des possibles au jeune homme (qui va quand même régulièrement se taper la modiste avec ou sans une autre meuf).

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Malgré ses réticences et ses aspirations estudiantines irréalisables, Eloïse fait ses débuts dans les soirées mondaines afin d’y rencontrer la Reine et de lui rendre compte de l’absence totale d’avancées dans ses investigations sur l’identité de Lady Whistledown.

Hyacinth et Gregory ne servent à rien (sinon confirmer à Simon, et à Daphné elle-même, que cette dernière veut des enfants).

Colin et sa banane, après leur déconvenue avec Marina, quittent Londres pour faire une tournée mondiale.

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Francesca, tout le monde continue de s’en tamponner.

Et Anthony va larguer sa petite copine roturière chantante, la reprendre (dans tous les sens du terme), lui promettre de s’enfuir avec elle, ne pas le faire, la relarguer, la re-reprendre, et enfin lui proposer de révéler au grand jour leur relation contre-nature (elle n’est pas noble, il ne peut pas l’épouser). Sauf que la bougresse, amoureuse mais saoulée d’attendre qu’Anthony se décide, aura trouvé entre-temps un souteneur plus fiable. Alors c’est elle qui le largue. Du coup Anthony se décide à trouver une femme « épousable », ce qui constituera l’intrigue de la saison 2. Chouette, génial, hourra.

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La Chronique des Bridgerton, la critique :

Bon, on va essayer de passer à peu-près rapidement sur la polémique et les différents anachronismes, sinon on n’est pas sorti du sable :

Les musicaux tout d’abord, avec les covers sympas de chansons actuelles lors des scènes de bal qui donnent un peu l’impression de jouer à un bon gros blind test.

Les sociétaux ensuite, puisque une bonne partie du casting est noire ce qui, comme pour le live action de La Belle et la Bête de Disney, pose la question suivante : Pourquoi diable ancrer l’histoire dans la réalité d’une époque et un lieu précis, qui était, de fait, excluante pour certaines personnes ?

Parce que c’est une adaptation et qu’elle se doit de coller un tant soit peu avec le bouquin de Julia Quinn sur lequel elle est basée ? Pas une excuse : quand on voit ce qu’ils ont fait de World War Z, c’est pas non plus super obligé. Suffisait juste de garder les décors et les costumes ultra chiadés…

Attention, je ne dis pas que le truc n’est pas plutôt intelligemment foutu. En effet, les personnages se définissent et se considèrent (enfin !) seulement comme des êtres humains, certes plus ou moins blindés (mais pas à l’aune de leur couleur de peau). Alors si le but est d’aider certains abrutis à concevoir que des gens peuvent ne pas à être cantonnés à des tâches subalternes, à une certaine catégorie de rôles dans les films « en costumes » (voire à pas de rôle du tout), ou inconsidérés en fonction de leurs origines ethniques, l’intention est plus que louable.

Mais le fait de situer l’action aussi précisément dans le temps et l’espace peut tout de même constituer une jolie petite insulte à la mémoire de personnes de couleur qui ont vraiment vécu à ces différentes époques, faites de tolérance, de vivre ensemble, de respect et absolument pas d’humiliation, de privation de droits et de liberté, avec une gentille négation de leurs souffrances en prime. Sans compter que faire le choix de n’inclure que des noirs et des blancs est en soi aussi exclusif pour toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel disponibles dans l’humanité.

Alors ok, la série est américaine et elle exporte forcément des problématiques sociales qui sont propres aux Stasunis. Mais les transposer dans un autre pays, à un autre siècle et faire une uchronie en donnant une version lisse et édulcorée d’une société (comme celle d’un conte de fée) et en niant des réalités historiques, si douloureuses ou abjectes soient-elles, comme en montrant que les noirs étaient super bien intégrés à la noblesse anglaise, sans racisme aucun, quelques années à peine après l’abolition de l’esclavage dans le pays (voire même avant, ne serait-ce que dans le cas du père de Simon d’ailleurs), n’est-ce pas un peu les « cancel culturer » ? Vous le voyez le manque de respect maintenant ?

Enfin, même s’il est vrai que le processus de création ne doit pas être entravé par les hypothétiques cons qui pourraient ne rien bitter (sinon plus personne ne fait plus rien) et que cette œuvre n’a pas en soi de vocation pédagogique, n’y-a-t-il pas quand même un risque que cela devienne une vérité dans la tête de certains neuneus ?

Tant de questions qui resteront sans réponse… Parce qu’il y a bien une seule certitude dans tout ça : mon avis, la créatrice Shonda « Grey’s Anatomy » Rhimes et ses potes, ils s’en cognent.

Passons à l’intrigue centrale de la saison : la relation entre Daphné et le duc (comme le titre français du bouquin c’est fou !). Ça ne vous rappelle rien ? Allez, faites un effort ! Mais oui : c’est exactement la même histoire que Cricri et sa courgette dans Cinquante Nuances de Grey, qui avait déjà la même problématique que Twilight.

Une comédie romantique à prendre pour ce qu’elle est, à regarder (surtout) sans réfléchir, avec des gens super canon dedans (comme dans Grey’s Anatomy du reste… à croire que Shonda Rhimes fait un élevage) pour pouvoir bien baver devant son écran (avec la bouche, bande de gros dégoûtants !). Un conte soi-disant « moderne », bien cucul, bien prévisible et bien concon. avec la figure de l’oie blanche, vierge, pure et désintéressée, son illusion de choisir en connaissance de cause qui la différencie des princesses traditionnelles d’ailleurs (devenir peu ou prou une esclave sexuelle, un vampire, ce qui fait super mal en plus de la priver définitivement de sa famille ou renoncer à la maternité), son sacrifice qui ne sera pas vain (puisqu’elle aura finalement tout ce qu’elle voulait), le mec influent, intouchable et riche, son prétendu sacrifice à lui aussi avec la vraie-fausse rupture (qui contraindra la fille à tout accepter par la suite plutôt que de le perdre à nouveau), le mariage comme rite de passage obligatoire, le refus récurrent de romance et de paternité (soit parce que le mec veut juste baiser et torturer pépouze des nanas qui ressemblent à sa mère, soit parce que c’est un tout petit peu un mort-vivant et qu’il a une force incroyablement développée pour un cadavre, soit parce qu’il a promis d’éteindre sa lignée), le cas de la grossesse non désirée au sein du couple marié, la volonté, consciente ou inconsciente, de perpétuer l’espèce, l’enfant vu comme une fatalité (la question du RU 486, de la tisane du diable, des huiles essentielles abortives et des aiguilles à tricoter ne se pose d’ailleurs absolument jamais), comme une source de malheur initial (qui empêchera les futurs parents d’être libres de baiser, de dormir, de baiser, de voyager, de baiser, de sortir, de baiser… la future maman de vivre tout simplement ou le futur papa de respecter sa promesse à la con) pour apparaître a posteriori comme un achèvement ultime, un bonheur absolu même pour le père qui y était opposé (une troisième voie, celle du milieu, plus raisonnable, pragmatique et réaliste, ne serait-elle pas envisageable ? Ah ben non, suis-je sotte : c’est un conte !)… Et puis, enfin, ce message à peine voilé :

Hey les filles ! Si vous ne voulez pas être abandonnées, pliez-vous à toutes les volontés de votre mec. Vous verrez, il finira par changer et vous arriverez à vos fins.

Ça c’est du sentiment, ça c’est de la libération de la femme, ça c’est du partage et de l’objectif de couple, ça c’est du conseil de merde, bravo les gars !

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Pas étonnant, au final, que tout ça se termine exactement pareil : Daphné, comme Ana et Bella, obtiendra un mariage d’amour avec le type le plus convoité localement, son pognon et un mouflet avec ses gènes.

Et puis du sexe. Du sexe, du sexe, du sexe.

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