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CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

JOLIE PETITE HISTOIRE...

Il était une fois une courageuse maman qui avait préféré mourir, laissant une orpheline (qui, comme LE PETIT CHAPERON ROUGELE PETIT POUCET et LA PRINCESSE AU PETIT POIS, n’avait pas de prénom), et un veuf éplorés.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Veuf éploré, certes, mais pragmatique : comme ça n’était pas franchement facile-facile d’être père célibataire, que l’inceste ne le branchait pas trop (on n’est pas encore à PEAU D’ÂNE) et que la masturbation ça va bien 5 minutes, le bonhomme trouva fort judicieux de se remarier illico presto avec la pire radasse du coin.

Mais pourquoi donc elle et pas une autre ? Une sympa, une gentille, une aimante, une qui aurait juste accepté sa fille !

Alors pénurie localisée de veuves et de nanas célib ? Aveuglement fulgurant causé par la beauté de la donzelle ? (Euh, non : à bien y réfléchir, ses filles sont moches... À moins que leur père eut été exagérément repoussant). Union expiatoire de graves péchés commis dans sa jeunesse ou dans une vie antérieure ? Pur masochisme ? Ou tout simplement lobotomie engendrée par les prouesses sexuelles de la mégère ?

Toujours est-il que le brave homme décida tout de go de flanquer son orpheline de fille d’une belle-mère et de deux demi-sœurs aussi méchantes que laides, car comme le dit si bien la pub, ce qui se passe à l’intérieur se voit à l’extérieur.

Malheureusement, la bonté de la belle-fille faisait rejaillir par contraste la méchanceté des gamines de la greluche. C’est ainsi que cette dernière décida de se venger en punissant l’impudente d’avoir fait une tache de propre dans sa vie : elle la relégua prestement au rang de bonniche et au grenier, le tout sans la moindre forme de protestation paternelle ce qui tendrait à confirmer les capacités conjugales hors normes de cette femme.

Car en effet, comment expliquer une telle passivité du papa si ce n’est en imaginant la succube réussir le prodige de parvenir à libérer chez lui une quantité d’endorphines suffisamment imposante pour l’assommer ou provoquer une forme très rare d’amnésie rétrograde doublée d’une annihilation de toute forme de volonté, voire un anéantissement total entraînant sa disparition subreptice dans les méandres du récit avec puisqu’on n’entendra plus jamais parler du néo-jeune marié, l’histoire ne précisant pas plus ce qu’il en advint.

À moins bien sûr qu’annoncer explicitement le décès des deux parents de la jeune fille coup sur coup ne fût trop difficile à gérer pour la sensibilité des tendres destinataires de ce texte éducatif.

Euh... Encore moins acceptable moralement que de paumer des enfants dans une forêt, leur faire éviter de justesse une cuisson au four en chaleur tournante ou un égorgement en série ?

Ainsi comme le nouveau lieu de vie de la jeune fille était particulièrement mal isolé, elle ne trouva, en dernier recours, comme unique solution pour se réchauffer que de se blottir dans les cendres encore chaudes de la cheminée et, hop !

La petite larbine fut rebaptisée Cendrillon par ses connasses de geôlières.

Mais même avec un masque au charbon permanent, Cendrillon restait plus belle que ses deux sœurs d’infortune.

Après un temps indéfini durant lequel Cendrillon se cailla les miches et en chia velu à récurer les choses qu’elle dégueulassait au fur et à mesure qu’elle les touchait, toute enduite de suie qu’elle était, le prince local organisa un bal-speed-dating pour se choisir une femelle.

Forcément les deux rejetones de la rombière reçurent une invitation. Forcément Cendrillon n’en reçut pas, car si toutes les jeunes filles en âge d’être mariées (il faudra peut-être par ailleurs éclaircir ce concept) étaient conviées à la teuf, les loufiates faisaient tout de même exception : c’était un prince et il avait un standing à respecter, merde !

Ainsi, en plus de ses tâches quotidiennes, Cendrillon dut préparer les toilettes, astiquer les parures et réaliser le contouring de ses deux demi-sœurs, qui en profitèrent pour lui administrer quelques petites piqûres de rappel, au cas où elle eût oublié sa condition d’esclave.

– Aimerais-tu nous accompagner au bal Cendrillon ?
– Oh oui !!!!
– ET BEN NON ! Mouahahahaha !

Et vlan dans ta gueule, la soubrette.

Là où l’on aurait pu croire et même encourager la gentille et un brin naïve Cendrillon à un salopage en règle du ravalement de façade de ses deux tortionnaires psychologiques, elle fit des miracles pour les rendre à-peu-près présentables, sans pour autant réussir à masquer leur laideur intérieure.

Elles partirent donc au bal, non sans se retourner et lui adresser quelques doigts d’honneur en pouffant comme des truies, accompagnées de leur mère.

Cendrillon fondit alors en larmes ce qui eut pour effet de faire fort logiquement apparaître sa marraine qui était une fée.

Ok... Donc depuis le début, la nana avait une fée pour marraine... Et personne n’avait eu la bonne idée de lui révéler cette information passablement capitale ? Car même s’il est envisageable que Cendrillon ne pût se souvenir de son baptême puisqu’elle était vraisemblablement nourrisson, ses parents étaient-ils à ce point sadiques ou décalqués qu’ils le gardassent pour eux ? Était-ce si anodin que ça d’avoir un être doté de pouvoirs magiques pour marraine ? Et d’ailleurs, une marraine, ça n’est pas quelqu’un qui est censé faire plus ou moins partie de la vie de son filleul ?

Ce qui signifierait que non seulement le père de Cendrillon poussait le niveau de balec à un degré paroxysmique inégalé jusqu’alors avec son absence totale d’intervention contre les mauvais traitements infligés à sa fille par sa grue, mais qu’en plus sa marraine, qui aurait dû fort logiquement prendre une certaine forme de relais éducationnel au moment du décès maternel, avait également mieux à faire que d’intercéder en sa faveur pour abréger ses souffrances de pauvre orpheline maltraitée ?

Ainsi, dans une vaine tentative pour rattraper le temps perdu, la marraine lui annonça qu’autant la mort de sa mère et la disparition (qu’elle soit physique ou simplement psychique) de son père ne nécessitaient pas forcément son entremise, mais que par contre l’idée qu’elle pût manquer un bal qui s’apparentait tout de même assez fortement à une bonne grosse foire aux bestiaux lui était parfaitement insupportable.

Et elle n’aurait pas pu user de ses fantastiques capacités pour aider sa filleule à sortir de sa situation de merde autrement qu’en l’encourageant à aller se pavaner dans une fête au château dans le but d’allumer le chaland à condition qu’il soit noble ? Ça ne s’apparenterait pas un peu à du racolage tout ça ? Le mariage avec un homme jeune, riche et puissant constituait-il bel et bien son unique chance de salut ? Non mais c’est ça qu’il faut qu’on apprenne aux petites filles et aux petits garçons ?!?

La fée prit une citrouille, la creusa avec ses doigts gourds et 45 minutes, deux souris, un rat, quatre formules magiques et six lézards plus tard, Cendrillon fut parée d’un carrosse tiré par deux magnifiques chevaux, d’un cocher et de six laquais.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Bon, le problème c’est qu’elle ne ressemblait encore à rien, la gredine... Enfin si : elle était toujours et malgré tout très belle mais elle sentait juste vaguement le phacochère crevé.

Heureusement, sa marraine en avait sous la godasse : en deux coups de baguette magique, Cendrillon fut lavée, épilée, désincrustée (le masque au charbon ayant des propriétés purifiantes incroyables), maquillée, coiffée et vêtue d’une somptueuse robe de princesse qui allait pouvoir aisément tromper le Bachelor sur ses origines sociales.

Mais nous allions oublier le principal : elle fut également chaussée de pantoufles de verre.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

À l’occasion de la sortie du chef-d’œuvre de Kenneth Branagh, nous avions déjà eu l’occasion de nous interroger sur la dangerosité doublé d’un inconfort plus que certain que pouvaient présenter de telles groles. Mais ce qui est d’autant plus frappant ici c’est que le terme « vair », qui désignait la fourrure d’écureuil de Russie dont étaient plus que probablement initialement composées les chaussures de Cendrillon, n’ait pas réussi à traverser les siècles et les multiples réécritures du conte...

Serait-ce Disney qui aurait tout salopé avec sa version animée de l’histoire ? Ou bien une mauvaise retranscription phonétique plus ancienne ? Ou bien une passion inconditionnelle de Charles Perrault pour les oxymores (« pantoufle » et « verre » n’étant pas spécialement compatibles, un peu comme le serait un pyjama en toile émeri) ? Ou encore un changement volontaire motivé par la peur d’une incompréhension, l’usage de l’hermine dans la fabrication de chaussures étant plus ou moins tombé en désuétude ? Mouais. Par contre un laquais c’est un terme qui n’est absolument pas imbitable par les enfants de nos jours...

Elle partit donc au bal avec pour consigne de quitter la fête avant la fin des douze coups de minuit sous peine de devoir empester un Uber au retour.

Dès son arrivée, le prince se précipita vers elle car on venait de lui annoncer la venue d’une toute nouvelle princesse inconnue.

– Humm ! Ça sent la chair fraîche !

Comme quoi tous les contes sont liés.

L’assemblée elle-même eut le souffle coupé tant elle fut éblouie par la grâce, la beauté et le reflet des lumières de la salle de bal dans les godasses de Cendrillon.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Le prince l’entraîna sur le dance-floor et passa sa soirée à la complimenter. Cendrillon, souffrant d’un manque cruel de confiance en elle et d’une carence affective indéniables dûs aux diverses tortures confinant à la tentative de destruction psychologique pure et simple qu’elle subissait depuis le remariage de son père, resta coite tant elle fut séduite par les paroles du prince (de toutes façons, une chèvre, un rocher ou un serial-Killer un tant soit peu flatteurs auraient pu l’emballer ce soir-là).

Tant et si bien qu’elle en oublia les recommandations de sa marraine. Ainsi, quand le premier coup de minuit sonna, elle s’échappa en courant et en hurlant tout en agitant frénétiquement ses bras au-dessus de sa tête. Elle rentra chez elle penaude, en haillons, de nouveau couverte de suie et de son odeur corporelle pestilentielle si particulière, à pied, dans cette marche de la honte caractéristique des petits matins de soirées qui ont mal tourné, le tout avec une seule chaussure car, dans la panique, elle avait paumé l’autre (chaussures qui n’avaient miraculeusement pas disparu avec tout le reste par ailleurs).

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Quand ses sœurs rentrèrent du bal, elles lui racontèrent qu’une superbe inconnue avait monopolisé le prince jusqu’à minuit (car tel Clark Kent lorsqu’il porte ses lunettes, Cendrillon ne fut absolument pas reconnue par les personnes responsables de son misérable quotidien).

Elles lui expliquèrent également qu’ensuite, le prince avait passé le reste du bal à contempler la godasse que cette petite salope avait perdu dans sa fuite...

C’est qu’elles pouvaient bien devenir ordurières, les deux cagoles, tant elles devaient avoir copieusement les boules : force était de constater que toutes velléités d’épousailles royales leur étaient désormais proscrites, le prince étant tombé éperdument amoureux de cette nana.

Car oui, il était tout à fait normal, sain et rationnel de s’éprendre d’une fille uniquement parce qu’elle était jolie... Après tout, sa conversation plus que restreinte puisque, rappelons-le, elle n’avait pas dégoisé un mot de toute la soirée, se contentant de glousser comme une poule d’eau pas fute-fute à chaque compliment, n’était qu’un point de détail dénué de la moindre importance (bon, à sa décharge, que pouvait-elle bien répondre face à un si haut niveau de conversation ?).

Et là, peut-être que l’on pourrait tenir un truc de l’ordre de la confusion qu’entretiendraient les contes entre désir et amour, sentiments et attirance sexuelle (les deux n’étant pas incompatibles, même plutôt souhaitables, mais pas interchangeables pour autant) et sur la profondeur des liens qui uniraient leurs jeunes mariés, basés uniquement sur l’apparence, le statut social, le choix de l’homme et la servilité de la femme... Dès lors, rien d’étonnant s’ils « vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » : quand on a rien en commun en dehors d’une attraction physique (ou pécuniaire), à part bayser (et par voie de conséquence, faire des gosses, vu que les moyens de contraception étaient alors relativement limités), ça restreint tout de même drôlement le champ des possibles... Et donc, finalement, ce serait ça, la clé du bonheur et de la réussite conjugale : n’avoir rien à se dire et posséder suffisamment de pognon pour pouvoir ne rien foutre et passer son temps à faire du cul pour combler le vide et les silences de son existence... Chouette !

Le prince qui, comme la fée, avait de la suite dans les idées, envoya dès le lendemain un larbin faire le tour de toutes les nanas du royaume pour leur permettre d’essayer le godillot.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Comme ce dernier n’avait pas bien compris ce que le terme « inconnue » impliquait, il commença par laisser les dames de la cour tenter leur chance, histoire de perdre du temps. Il finit pourtant, lors de ses pérégrinations qui s’ensuivirent, par atterrir chez Cendrillon. Les deux sœurs essayèrent vainement de rentrer leurs gros pieds crochus dans le délicat escarpin lorsque Cendrillon demanda à faire son essai. Les deux pouffiasses ricanèrent (leur mère ayant elle aussi subitement disparu, sans doute aspirée par le même vortex narratif que son époux) mais la chaussure lui alla comme un gant. Et quelle ne fût pas leur stupeur lorsque leur demi-soeur mais néanmoins bonniche sortit de sa poche la seconde chaussure !

Alors très grande poche ou très petite pantoufle, l’histoire ne le dit pas mais gageons dès à présent que Cendrillon chaussait bel et bien du 2.

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...

Là, sa marraine la fée, toujours dans les bons coups, apparut pour la retransformer en princesse parce que, vous comprenez, le paraître, ça reste tout de même vachement important. Les deux sœurs reconnurent (enfin) la jeune fille du bal et se répandirent en excuses concernant les mauvais traitements qu’elles avaient pu lui infliger, maintenant qu’elle leur était manifestement supérieure.

Le loufiat ramena Cendrillon par les cheveux au château, le prince la trouva plus belle que jamais et décida de l’épouser sans attendre et sans lui demander son avis parce qu’il avait vraiment hâte de consommer son nouveau jouet, et que, bon, elle était bien jolie et bien gentille mais d’une passivité mutique confondante, que c’était quand même un truc dont rêvait forcément toutes les petites filles, qu’elle allait pas faire la fine bouche sous peine de récurage des chiottes de ses sœurs à vie, que ça restait qu’une femme, qu’on était au Moyen-Âge et qu’elle avait bien qu’à fermer sa gueule de toutes façons.

Ainsi, une fois brillamment franchie l’étape de la période d’essai « satisfait ou remboursé » de sa compatibilité sexuelle avec son propre mari, Cendrillon, dans sa grande mansuétude, pardonna à ses demi-sœurs et leur fit épouser des seigneurs du château.

Mais l’histoire ne précise pas non plus si elles étaient consentantes, ni si les gentilshommes en question n’étaient pas les pires alcooliques, violents, cons, méchants et crades que portait la cour...

Si bienveillante que ça, Cendrillon ?

CENDRILLON d’à-peu-près Charles Perrault...
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