Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
DLCH

LA FORTUNE DES ROUGON d’Emile Zola [contre-profil d’une œuvre] - CHAPITRE 7

Previously dans La Fortune des Rougon Chapitre 1 / Chapitre 2 / Chapitre 3 / Chapitre 4 / Chapitre 5 / Chapitre 6

LA FORTUNE DES ROUGON d’Emile Zola [contre-profil d’une œuvre] - CHAPITRE 7

Chapitre (jeu) 7 (et match).

Tous les prisonniers, libérés après de la boucherie dans le bled où les insurgés s’étaient retranchés au Chapitre 5, sont revenus à Plassans. Tous sauf Peirotte puisque lui, il est mort. Rougon rend son fauteuil et son bureau au maire et trépigne d’impatience en attendant les obsèques du receveur pour enfin récupérer son poste.

Eugène répondait, courrier par courrier, que la nomination de son père à une recette particulière allait être signée ; mais, disait-il, il voulait sur-le-champ lui annoncer une bonne nouvelle : il venait d’obtenir pour lui le ruban de la Légion d’honneur. Félicité pleura. Son mari décoré ! 

Comme souvent chez Zola et à la fin des albums d’Asterix, les Rougon organisent un grand banquet pour fêter ça (et, au passage, écraser de leur supériorité toute neuve tous ceux du salon jaune qui les prenaient pour des cons). Mais avant de dîner, Pierre s’en va payer Antoine, planqué chez leur mère.

Là-bas, il trouve également son fils Pascal, venu au chevet de sa grand-mère Adélaïde, victime d’une ultime crise catatonique encore plus violente qu’à l’accoutumée. Revenant un instant à elle, Tante Dide maudit ses fils Pierre et Antoine, les accusant de « l’avoir tué » avant de retomber dans la cataplexie. Mais de qui-qui-donc veut-elle bien parler ? Suspens...

Pascal, qui a hérité d’un improbable meilleur tirage génétique et donc d’un cerveau, comprend qu’elle parle sans doute de son cousin Silvère, prisonnier des soldats, et exhorte son père à intercéder en sa faveur avant qu’il ne soit trop tard. Pierre promet mais procrastine parce que bon là tout de suite il est occupé, il a du monde à dîner et il verra bien demain.

Pascal fixait un regard pénétrant sur la folle, sur son père, sur son oncle ; l’égoïsme du savant l’emportait ; il étudiait cette mère et ces fils, avec l’attention d’un naturaliste surprenant les métamorphoses d’un insecte. Et il songeait à ces poussées d’une famille, d’une souche qui jette des branches diverses, et dont la sève âcre charrie les mêmes germes dans les tiges les plus lointaines, différemment tordues, selon les milieux d’ombre et de soleil. Il crut entrevoir un instant, comme au milieu d’un éclair, l’avenir des Rougon-Macquart, une meute d’appétits lâchés et assouvis, dans un flamboiement d’or et de sang. 

En revenant fissa chez lui, Antoine marche dans un des trois cadavres de la fausse attaque de Macquart qu’il a orchestrée avec sa femme Félicité au Chapitre 6. Le corps, laissé se décomposer dans la rue pour l’exemple, englue sa godasse.

De son côté, Justin est tout à son bonheur prouvant qu’une certaine oisiveté teintée de profonde jalousie peut parfois pousser les individus no-Life à se réjouir du malheur d’autrui.

Les soldats lui avaient appris la mort de sa cousine, l’assassinat du charron achevait de le mettre en joie.

Car même si Rougon avait été plus réactif, il n’aurait rien pu changer au destin de son neveu (vu que Silvère était déjà mort au moment où Pierre va chez sa mère pour filer des thunes à Antoine... et d’où le pétage de plombs de la matriarche).

En effet, l’histoire finit là où elle avait commencé, huit jours plus tôt, lorsque Silvère était venu annoncer à Miette qu’il partait et qu’elle s’était enrôlée avec lui.

Il meurt alors, exécuté par le gendarme auquel il avait accidentellement crevé l’œil. Et juste avant de mourir sur la dalle de la tombe de la Marie inconnue sur laquelle il avait passé tant de nuits avec Miette, il aperçoit Tante Dide au bout du chemin derrière l’aire Saint-Mittre.

Puis le borgne tira, et ce fut tout ; le crâne de l’enfant éclata comme une grenade mûre ; sa face retomba sur le bloc, les lèvres collées à l’endroit usé par les pieds de Miette, à cette place tiède où l’amoureuse avait laissé un peu de son corps.

De retour chez lui, Pierre change prestement de groles et reçoit une fausse décoration, en attendant la vraie, de la part de ses pseudos-amis vaincus.

Mais le chiffon de satin rose, passé à la boutonnière de Pierre, n’était pas la seule tache rouge dans le triomphe des Rougon. Oublié sous le lit de la pièce voisine, se trouvait encore un soulier au talon sanglant. Le cierge qui brûlait auprès de M. Peirotte, de l’autre côté de la rue, saignait dans l’ombre comme une blessure ouverte. Et, au loin, au fond de l’aire Saint-Mittre, sur la pierre tombale, une mare de sang se caillait.

L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

The end.

LA FORTUNE DES ROUGON d’Emile Zola [contre-profil d’une œuvre] - CHAPITRE 7
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :