8 Septembre 2018
Il était une fois un jeune garçon nommé Jack qui vivait seul avec sa maman. Le courageux papa ayant préféré mourir, la mère se tapait tout, toute seule, subvenant tant bien que mal aux besoins du foyer et de son ingrat de fils qui, lui, n’en foutait pas une rame.
Pétant un jour une durite, elle l’envoya vendre leur vache au marché à grands coups de pieds au cul afin de leur permettre d’acheter quelques victuailles pour se sustenter, la gredine ne donnant plus de lait.
– Et la bouffer éventuellement, non ?
– Non.
Sauf que cette grosse feignasse de Jack échangea la vache contre cinq misérables haricots soit-disant magiques au premier type un peu louche qu’il croisa sur le chemin.
De retour chez lui, il se prit une grosse raclée fort logique et, de rage, sa mère balança les haricots par la fenêtre. Sauf que le lendemain matin, Jack, à jeun, rappelons-le, depuis plus de 24h, découvrit une énorme tige de haricot qui grimpait jusqu’au ciel. Au lieu de se dire que son cerveau sous-alimenté n’était certainement plus très bien irrigué et qu’il devrait peut-être songer à consulter parce que ça n’est pas tout à fait normal de se taper des hallu pareilles, il décida de grimper le long de la tige.
Arrivé au dessus des nuages, il se retrouva face à un immense château. Là aussi, il ne lui vint pas à l’esprit qu’un nuage, ça n’est que de l’eau en suspension, que ça n’est pas palpable et que donc, un château qui flotte dans les airs c’est assez surprenant. Non, non : il descendit de la tige et se rendit guillerettement jusqu’à la porte du château tout en marchant sur des putain de nuages qui ne sont pas solides bordel !
Comme on est plus à ça près niveau incohérence et que Jack, entre autres qualités déjà évoquées, n’en avait strictement rien à carrer des règles élémentaires de politesse, de bienséance et de convenance sociale, il pénétra dans le château sans que personne ne l’y ait invité.
Là, il rencontra une géante qui était sans doute vegan car, au lieu de le bouffer, elle l’exhorta à se barrer vite fait car si son mari venait à le trouver, il le dévorerait, comme le veut la tradition chez les géants.
Mais avant même d’avoir eu le temps de décamper, ils entendirent le mari rentrer. Jack fit bien de se planquer fissa car, après avoir passé une journée harassante au bureau, le géant avait vieillement la dalle :
– Hummmm... Ça sent la chair humaine !
Mais sa femme le détrompa en lui disant que ce serait tout de même très con de partir à la chasse à l’enfant (si tant est qu’enfant il y ait) alors qu’elle s’était cassé le cul à lui préparer un repas digne d’un banquet pour 50 convives.
Une fois l’orgie terminée (alimentaire l’orgie, on se calme : c’est un conte pour enfants), le géant repu alla chercher une bourse pleine d’or qu’il vida sur la table sans aucune raison si ce n’est montrer à un gamin indigent planqué dans une marmite qu’il était pété de thunes au cas où le fait qu’il vécût dans un château ne fut pas suffisant. Mais ce qui est complètement foufou c’est que lorsque il la redressa, la bourse était de nouveau pleine !
Avoir un gros appétit étant définitivement inhérent à sa fonction, n’oublions pas que géant avait bouffé comme un sac. Du coup il s’endormit.
Ni une, ni deux, profitant de cette narcolepsie inouïe et de l’absence de la géante subitement disparue dans les méandres du château et du schéma narratif, Jack sortit de sa cachette, s’empara de la bourse et détala comme un lapereau furtif jusqu’à chez lui.
Bon là, bizarrement, sa mère ne lui fit pas la gueule ni une leçon de morale sur le fait que voler c’est moyennement bien quand même. Elle lui fit promettre en revanche de ne jamais retourner au château, des fois que, tel un ancien premier ministre, on lui demandât de rendre l’argent.
Comme Jack, en plus de ses multiples qualités déjà précédemment citées, était désobéissant comme une petite salope, il finit par retourner au château, exactement comme cela lui était défendu.
Il tapa la discute avec la géante, pas surprise pour deux sous de revoir le gamin qui lui avait pourtant piqué son sac à pognon magique.
C’est d’ailleurs à se demander si cette personne fictive n’était pas plutôt en réalité prisonnière du géant et si elle ne souffrait pas d’un bon gros syndrome de Stockholm qui l’aurait empêchée de s’enfuir, mais qui l’aurait quand même parallèlement autorisée à protéger un gamin qu’elle ne connaissait absolument pas et dont elle n’aurait rien dû avoir à foutre.
Ou alors, *instant psychologie de « contoir » ON*, elle voyait en Jack l’enfant qu’elle aurait aimé avoir... *instant psychologie de « contoir » OFF*
Rebelotte : le géant rentra, Jack se planqua, ça sentit la chair humaine et le géant bouffa docilement son repas, prié par la géante d’arrêter ses conneries de fantasme de cannibalisme.
Une fois rassasié, le géant alla chercher cette fois-ci une poule rousse aux œufs d’or.
Narcolepsie du géant et disparition de la géante (kamoulox !), Jack sortit de sa planque, vola la poule et décampa.
Devenus super mega riches avec sa daronne (quel était l’intérêt de voler la poule étant donné qu’ils possédaient déjà une corne d’abondance à pièces d’or ?), Jack ne devait plus jamais retourner au château. Mais c’est sans compter sur sa désobéissance obsessionnelle teintée d’une forme plus que certaine de balécouillisme.
Re-rebelotte, Jack tapa la discute avec la desperate-géante, le géant rentra, Jack se planqua, ça sentit la chair humaine et le géant bouffa docilement son repas, prié par la géante d’arrêter ses conneries de fantasme de cannibalisme.
Une fois restauré, le géant alla chercher cette fois-ci une harpe en or qui jouait toute seule.
Narcolepsie du géant et disparition de la géante, Jack sortit de sa planque, vola l’instrument de musique et décampa. Sauf que la harpe se mit à gueuler comme un putois ce qui réveilla le géant.
S’ensuivit une course poursuite effrénée le long de la tige de haricot avec des cascades incroyables et des explosions en veux-tu en voilà !
Arrivé en bas en premier, Jack se saisit d’une hache, trancha la base de la tige qui s’abattit violemment, emportant avec elle ce pauvre géant qui se fracassa le crâne alors qui voulait juste, après tout, récupérer son bien et éventuellement dévorer ce petit con de Jack qui l’eut relativement bien cherché (même si la fin justifia les moyens).
Non mais c’est vrai quoi, au fond, il était pas méchant le géant : il vivait dans les nuages et il faisait chier personne !
En conclusion, Jack est un glandeur, Jack est une feignasse, Jack est un menteur, Jack est kleptomane, bref : Jack est un gros sac à merde.
La morale ne dit pas si la géante fut ainsi libérée du joug de l’oppression masculine, ni si le type louche n’était pas tout simplement un dealer qui refourgua 5 ecstas au gamin qui, par désespoir et pour tromper la faim, les goba avec sa mère, et si toute cette histoire n’est pas le fruit d’un gros délire sous psychotropes. Ou si ce n’est pas tout simplement la métaphore d’une agonie, la retranscription des dernières hallucinations de Jack et de sa mère pendant l’overdose qui causa leur mort (mais ça expliquerait tout de même bien des choses).