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Faut-il être maso ? Ou comment j'ai flippé ma mère devant presque tout FORGOTTEN d'Alexandra Schmidt [critique]

Faut-il être maso ? Ou comment j'ai flippé ma mère devant presque tout FORGOTTEN d'Alexandra Schmidt [critique]

Je sais pertinemment que je n'aime pas trop les gamins morts et que j'ai un peu la trouille des fantômes d'enfants qui chuchotent et qui fredonnent ("Tu viens jouer avec nous ?", "Viens je te montre le flingue de mon père"... Sortez de ma tête !!!!!). Et pourtant, comme une personne souffrant de vertige qui est attirée par le vide, j'ai eu une irrépressible envie de voir le DVD de ce film (sorti le 23 Octobre et distribué par M6-SND) en lisant son pitch sur Cinetrafic (c'est donc tout naturellement que je l'ai inscrit sur ma liste de vœux pour l'opération DVDtrafic - qui est un peu comme la liste au Papa Noël mais pour les grands).

Alors, on le sait, on le sent, on le voit venir le moment où on va faire un bond de 3m quand la gamine apparaît à l'image (musique angoissante - tension qui monte - arrêt progressif du fond sonore - silence qui s'installe - hurlement soudain et strident d'un violon saturé concomitant à l'apparition fugace et fantomatique mais néanmoins marquante de la gueule de la gosse OU ouverture d'un placard / d'une porte / d'une armoire - fermeture et, "Tada !", y'a quelqu'un derrière... L'avantage dans le fait de connaître ce genre de mécanisme c'est que ça permet de faire "petit trou" avec ses mains devant ses yeux... Oui je suis majeure, tatouée, vaccinée et irrécupérable !).

C'est donc plutôt bien fichu mine de rien, dans la façon d'installer l'intrigue et le suspens (mais faut aimer se faire mal et être sensible à ce genre de dispositif narratif typique du film fantastique et forcément rebattu) mais je suis un peu désappointée par l'issue.

A partir de là, "votre mission, si vous l'acceptez" : expliquer pourquoi sans dévoiler comment ("ta ta tadada, ta ta tadada" - air connu).

Alors, comme je vous le disais dans un précédent article ("Le chuchoteur" de Donato Carrisi) "généralement, lorsqu'on se plonge dans l'intrigue, on est déçus car le dénouement est presque toujours édulcoré : on se dit "si ça se passe comme ça, c'est énorme mais ils n'oseront jamais !", on espère secrètement éviter le happy-end et finalement, ça tourne au mieux à l'explication rationnelle simpliste, au pire au moralisme ou au grotesque. Ou alors on voit tout venir à des kilomètres et ça en devient frustrant, voire gonflant. Car ce genre d'histoire joue sur notre propre côté psychopathe (fort heureusement inhibé), où l'on s'aperçoit que notre imagination peut être vraiment flippante tant elle est fertile niveau horreur" (à choisir, je ne savais pas ce qui était pire : m'auto-paraphraser ou m'auto-citer).

Ainsi, "Forgotten" est un mix de tout ce qui me plait et me déplaît dans le thriller-qui-fout-les-jetons : on espère que la réalisatrice va oser aller aussi loin que ce qu'on voit se profiler (en se basant sur les incohérences dans l'attitude du personnage d'Anna ou alors c'est moi qui déconne et il est tout à fait normal de confier sa fille à une copine d'enfance qu'on a pas vue depuis 25 ans et qu'on vient, en tant que médecin à priori sain d'esprit, de sauver d'une bonne grosse tentative de suicide) mais on dérive sur une explication rationalisante-fleuve sans tomber dans une fin à la Disney mais un peu à la Scoobydoo quand même (mais sans patron de fête foraine).

C'est un peu obscur mais je vais tenter d'expliquer : même si l'aspect "troubles psychiatriques sévères" est avéré, il ne se situe pas là où on l'espérait (la schizophrénie collait super bien et c'était vachement plus flippant... Enfin moi, ça m'aurait fait vachement plus flipper) et même si, au final, l'intention n'est pas mauvaise (même assez jouissive d'ailleurs) le côté "je vais bien tout te balancer dans la gueule parce que j'en ai un peu gros sur la patate" avec flashbacks illustratifs vient altérer la bonne idée. Ou alors il aurait fallu modifier le narrateur et faire parler l'enfant que fut l'adulte (étant donné la pathologie c'eût été faisable), afin d'emporter l'adhésion ferme et définitive du spectateur et rendre le projet plus perturbant encore...

Encore une fois et pour conclure, il est bien évidemment toujours plus aisé de jouer au contrôleur des travaux finis en ramenant sa grande gueule avec des "en faisant ça, ça aurait été mieux"... Alors au final, sans être un chef-d’œuvre du genre, ça demeure un honnête thriller mi-fantastique mi-psychologique (si on recherche des idées de bons films à voir) et je remercierai Alexandra Schmidt et ses actrices qui auront eu le mérite de me faire baliser sans pour autant m'empêcher de dormir.

("Ce message s'auto-détruira" etc...)

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