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TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako (résumé et critique) ou la merveilleuse histoire d'un braquage au magnum, un soir du mois de février 2015, au théâtre du Châtelet [critique]

TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako (résumé et critique) ou la merveilleuse histoire d'un braquage au magnum, un soir du mois de février 2015, au théâtre du Châtelet [critique]

C'est l'histoire d'un pêcheur qui s'appelle Amadou et d'un éleveur qui s'appelle Kidane, qui vivent dans le désert malien (bon c'est tourné en Mauritanie mais ne chipotons pas).

Pendant ce temps, juste à côté, à Tombouctou, un groupe de djihadistes fait des annonces au mégaphone genre "les femmes doivent porter des gants et des chaussettes" ou "la musique et le football sont interdits" dont tout le monde semble se foutre éperdument vu qu'aucune femme ne porte de chaussettes tout au long du film (bon, certes, il y a bien deux ou trois scènes de punition à coup de fouets, de lapidation ou de mariage forcé, histoire de dire que même s'ils ne sont ni spécialement crédibles ni véritablement convaincus, ce sont pas trop des rigolos quand même).

TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako (résumé et critique) ou la merveilleuse histoire d'un braquage au magnum, un soir du mois de février 2015, au théâtre du Châtelet [critique]

Un jour, Issan, le gamin qui bosse à la place de Kidane pendant qu'il s'occupe à... ben à rien foutre sous sa tente avec sa femme et sa fille, emmène le troupeau de vaches de Kidane boire dans le lac où Amadou a posé ses filets.

Et là, c'est le drame :

GPS, la vache préférée de tout le monde, s'échappe et va se prendre les pattes dans les filets d'Amadou. Amadou, qui a un lourd passif de lanceur de javelot aux JO, abat GPS avec un pieu.

Du coup Issan est malheureux et Kidane n'est pas content : il part se disputer avec Amadou en emportant son flingue pour l'intimider.

TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako (résumé et critique) ou la merveilleuse histoire d'un braquage au magnum, un soir du mois de février 2015, au théâtre du Châtelet [critique]

Et là c'est re-le drame : lors de la bagarre entre les deux hommes (digne des meilleures bastons de filles dans une cour d'école élémentaire), le coup part tout seul et Amadou est tué.

Kidane est arrêté par les méchants (la police islamique de Tombouctou).

Comme il est digne, fier et croyant (et non pas hystérique, indiscipliné et impie), il se résigne à accepter son châtiment sans sourciller parce qu'il ne craint ni la mort, ni la justice des hommes, ni la justice divine mais qu'il regrette juste de ne plus voir le visage de sa fille et de sa femme (ou comment passablement tracer une cible autour de sa famille au delà du code d'honneur).

Entre temps, la folle locale continue impunément à faire strictement ce qu'elle veut pendant que le chef de la milice fait du Tai chi et fume des clopes (faites ce que je dis faites pas ce que je fais).

Et à la fin...
Alors qu'il s'apprête à être fusillé, sa femme se dit que ça serait trop une bonne idée de tenter une action minable genre suicide assisté par arme à feu interposée (où tout simplement se dire "me retrouver toute seule avec ma gamine, c'est moyen, autant qu'elle soit carrément orpheline"). Elle abandonne donc sa fille à une gonzesse sortie du chapeau des scénaristes (étant donné que la mère se plaint à de nombreuses reprises de leur isolement depuis que les djihadistes ont pris le pouvoir à Tombouctou). Elle débarque alors sur les lieux de l'exécution derrière un homme en moto, Kidane se précipite vers elle et ce qui devait arriver arriva : ils sont abattus tous les deux comme deux grosses merdes. Du coup leur fille, Toya, devient coureuse de demi-fond dans le désert.

Moralité : la prochaine fois, tu lèveras ton gros cul de feignasse et tu ne refourgueras pas ton troupeau à un gamin de 12 ans.

TIMBUKTU d'Abderrahmane Sissako (résumé et critique) ou la merveilleuse histoire d'un braquage au magnum, un soir du mois de février 2015, au théâtre du Châtelet [critique]

Alors il y a de belles images, c'est vrai, de superbes plans métaphoriques bien surlignés, aussi, de l'opposition bien manichéenne de deux visions de la religion (on peut penser à un parallèle avec tous ces films sur la seconde guerre mondiale avec cette figure positive du prêtre qui dénonce, impuissant, la dérive des meurtres de masse (et autres joyeusetés) commis au nom de Dieu), qui nous montrent, si on en doutait encore, que la guerre c'est moche, que le fanatisme religieux c'est caca et que les musulmans (à l'instar des autres communautés croyantes touchées par l'intégrisme) n'adhèrent pas tous avec un grand enthousiasme au projet (bah non)...

Rien de bien nouveau donc sous le soleil de la barbarie et l'on comprend beaucoup mieux pourquoi le réalisateur a parlé de faiblesse du scénario alors que sa femme recevait le César... du meilleur scénario, justement.

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