31 Mars 2018
Non mais merde ! C’est quoi cette cérémonie des César où on peut même pas vomir sur les deux principaux lauréats parce que les films sont bons ?
Deux années de suite en plus !
Qu’est-ce que c’est que ces FRANTZ, ELLE, 120 BATTEMENTS PAR MINUTE et maintenant AU REVOIR LÀ-HAUT ? Ils sont où les TIMBUKTU, les FATIMA, la démagogie bien moralisatrice qui tache ?
Vous n’avez pas honte ?!? Heureusement que Mercy va fièrement représenter les valeurs de la Fronce à l’Eurovision pour relever un peu le niveau parce que tout va tellement à vau-l’eau que je suis à deux doigts (et un whisky d’abord) de ne plus répondre de rien !
Bon. Après ce petit interlude en forme de coup de gueule (ou inversement), AU REVOIR LÀ-HAUT est l’adaptation du prix Goncourt 2013 attribué au roman éponyme de Pierre Lemaitre.
Il raconte sous la forme d’un interrogatoire, les tribulations après-guerre de deux copains de tranchées (et d’une gamine orpheline venue s’agglomérer au duo) rêvant de monter une arnaque en utilisant l’engouement pour l’érection de monuments aux morts afin de se faire un maximum de blé.
Enfin c’est surtout Édouard Pericourt (interprété très justement par Nahuel Pérez Biscayart... Putain encore !), celui qui a eu la moitié de la gueule arrachée, celui qui se fait passer pour mort auprès de son père pété de thunes et de sa sœur, et celui qui a des talents de dessinateur, qui rêve de monter cette arnaque.
L’autre, Albert Maillard (ou Dupontel, je ne sais plus), il subit quand même vachement tout : le cours de la grande Histoire comme celui de la sienne ainsi que le bon vouloir des autres.
Ajoutez à ça un Laurent Lafitte une nouvelle fois parfait dans le rôle du grand méchant connard, une histoire qui prend le temps de s’installer pour subitement s’accélérer et terminer en une sorte d’apothéose à la fois satisfaisante voire jubilatoire mais aussi douce et amère...
Et puis on a enfin la confirmation, n’en déplaise à ses détracteurs, que l’arrière-grand-père de Black M est selon toute vraisemblance enterré dans le caveau des Péricourt.
Comme on est con et qu’on tourne sur trois références de merde, on pense évidemment au LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES de Jeunet (décidément), au SOLDAT RYAN de Spielberg pour leurs scènes d’ouverture mais avec une vraie identité, une vision propre. La Dupontel’s touch en somme.
Parce ce qui est bien avec le bonhomme c’est qu’il avait un objectif, devenir cinéaste, et qu’il l’a atteint, sans tricher, sans se fourvoyer ou se trahir et sans se départir de ce ton bien à lui.
De ses débuts en one-man show à la scène de la salle Pleyel sur laquelle il n’est certainement pas monté, le type est resté constant. Et ce qui est plutôt rigolo, c’est qu’au gré de la mode, il se retrouve tantôt encensé, tantôt il se fait chier dessus alors qu’il a quasiment toujours fait la même chose : des histoires cyniques et sarcastiques mettant en scène des personnages décalés voire marginaux (voire de sacrées ordures), avec un mordant et un humour très noir... Et une satire sociale souvent sous-jacente.
Bon du coup, si on est fan de la première heure (saleté d’enfance traumatisante), il faut réussir à passer outre certaines intonations qui renvoient irrémédiablement à ses premiers sketches...
Mais son film est un grand film, sensible, drôle, triste, poétique et écorché vif, à l’image de ces pauvres gars abimés par la guerre, de leurs façons différentes de vivre avec... Ou pas.