14 Mars 2016
Nous avons donc affaire à un film français qui raconterait l'histoire de la traque de Guy Georges (aka SK1 pour "Serial Killer #1", aka "Le tueur de l'est parisien" aka "il a tellement fait de saloperies sur une durée tellement longue qu'on a mis des plombes à rattacher ses exactions entre elles") et qui apporterait un regard différent sur l'affaire par rapport à l'épisode de FAITES ENTRER L'ACCUSÉ...
Ainsi, telle la fosse, je partais sceptique (bravo, ça démarre bien, encore un jeu de mots pourri !).
Et pourtant, force est de constater que le résultat est bon. Certes, on n'est pas sur du Olivier Marchal en terme de noirceur (de l'image, de la police, du monde, de la vie... Lâche ce couteau : c'est pas dans ce sens pour s'ouvrir les veines !) et, au niveau du scénario, on est en droit de se demander quel peut être l'intérêt de planquer devant l'institut Saint Vincent de Paul où Guy Georges avait l'habitude de venir retirer son RMI et son courrier... De nuit (ou bien ça n'est pas un goof et ils étaient vraiment cons... Ou fatigués peut-être).
Mais le sujet se suffisait à lui même et le réalisateur a préféré l'aborder de façon quasiment documentaire, comme une reconstitution méticuleuse mais humanisée des faits.
Alors en quoi est-ce donc intéressant par rapport à l'émission de France 2 susnommée me direz-vous ? (Non ? Même pas un peu ?)
Et bien je dirais les précisions concernant tout ce qui a plus ou moins merdé et qui n'a pas permis de l'arrêter plus tôt (l'erreur (et la vanité parfois aussi) étant humaine, les enquêteurs étant humains...), sur les tenants et les aboutissants politiques de cette enquête (comme la nécessité de la création du fichier des empreintes génétiques).
Et puis la recherche esthétique de l'image (ce qui peut paraître un peu étrange quand on parle d'un mec qui a violé, torturé et tué des jeunes femmes), tant au niveau du grain de la pellicule, que des looks, des attitudes qui sont autant de subtils marqueurs de la temporalité (ouaip, carrément).
Et puis surtout l'interprétation. Bon, pas celle du mec qui joue l'avocat, qui A-R-T-I-C-U-L-E démesurément et qui s'obstine à employer des tics de langage absolument pas fluides dans une conversation courante (faudrait songer à statuer une bonne fois pour toute sur l'usage de la double négation)... Ni celle de la personne avec la figure en plastique par dessus le visage de Nathalie Baye qui n'est pas bonne non plus (les scènes de plaidoiries sont d'ailleurs très en deçà des scènes d'investigation).
Mais plutôt celle des flics, qui sont vraiment très justes (même Raphaël Personnaz parvient à être crédible tout en nous faisant une sorte de défilé de mode et de style des diverses collections saisonnières sur une décennie).
Et surtout celle de Guy Georges qui est atrocement parfaite (pas que je le connaisse personnellement hein). En effet, on sent que le film tenait à cœur au réalisateur et qu'en ce sens, il s'en est tapé des années de recherche dans les archives et les témoignages de l'affaire. Ainsi, si Guy Georges apparaît de cette façon dans ce film, c'est que le Fred, il a délibérément voulu s'éloigner du cliché de la bête immonde. Il nous impose donc un monstre à visage humain, presque enfantin, avec un gros côté Lenny dans DES SOURIS ET DES HOMMES, ce qui est d'autant plus abject... Et réaliste.