29 Janvier 2016
Voilà, pas mieux.
Et si l'on rajoute l'interview du réalisateur dans les bonus du DVD, passionnée mais déroutante, on aura une idée à la fois assez précise et complètement floue de ce qu'il a voulu dire avec ce film.
Car Eugène Green, écrivain, dramaturge, poète et cinéaste, outre le fait qu'il s'exprime très bien (certainement mieux que moi en anglais... Et même en français d'ailleurs), qu'il soit extrêmement cultivé et qu'il ne raconte pas que des conneries, est un incorrigible bavard.
Alors du coup, il s'emmêle un peu les pinceaux parfois et, à trop vouloir expliciter sa démarche, tient des propos certes très intéressants (sur le rapport prof/élève, sur la laïcité...) mais aussi très contradictoires (sur la langue et le style, sur l'opposition entre la réalité et le fictionnel...).
Il balaye donc ici des thèmes philosophiques qui lui tiennent profondément à cœur tels que la transmission du savoir, les interactions nécessaires entre l'adulte "savant" et le jeune "apprenant", la quête de spiritualité, l'importance de la lumière au sens propre comme au sens métaphorique et surtout la "sapience", traduction idiomatique du terme italien et mot-valise pour sagesse et savoir, en tant que connaissance.
Et pour ce faire il utilise des procédés comme la recherche de la perfection de la symétrie dans les plans en écho à l'œuvre de Borromini, le parallélisme entre architecture et société, intemporalité et anachronisme dans la théâtralité des liaisons (dangereuses) dans des dialogues plutôt irréels, où les personnages ne se confrontent pas, ne parviennent à se parler que lorsqu'ils sont côte-à-côte (en très gros plan face caméra et grâce au champ/contre-champ), pour réussir à se parler en face finalement, comme un aboutissement de leur processus de guérison voire de renaissance.
Reste un film à voir (parmi tous les autres films sortis en 2015), un poil long et pas franchement transcendant, avec des acteurs très bons (et pourtant, avec le mode de diction imposé et le bilinguisme, c'était pas gagné), de passionnantes et enflammées (mais assez peu nombreuses au final) analyses du travail de Borromini et de fabuleux plans sur Rome, Turin ou le lac Majeur et ses îles Borromee, sublimés par une luminosité quasiment mystique alors que je ne les connaissais que baignés d'une lueur automnale certes superbe mais nettement plus crépusculaire.
Un film qui donne envie d'aller en Italie.
Un film qui donne des envies de culture.
Réalisé par : Eugène Green / Genre : drame / Nationalité : français, italien / Éditeur : Blaq out (page Facebook)
Casting : Fabrizio Rongione, Christelle Prot, Ludovico Succio, Arianna Nastro...
Date de sortie en vidéo : 20 Octobre 2015 / Durée : 1h44min
En bonus du DVD et en plus de l'entretien avec Eugène Green, vous trouverez LES SIGNES, un court-métrage du réalisateur avec là encore Christelle Prot (mais aussi Mathieu Amalric et un jeune rebelle avec des dreads), tout plein de dialogues improbables, de postures conceptuelles, de gens qui parlent à la caméra en très gros plans, de symétrie, de bougies et autres chandelles, et de sens profond et intelligent un poil fastidieux voire incompréhensible...
Ou alors je suis victime du syndrome "ni-ni" de Boucle d'or (faut pas que ce soit trop con... Mais faut pas que ce soit trop intellectuel non plus).