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MONEY MONSTER de Jodie Foster [critique] (Cannes, 3ème jour)

MONEY MONSTER de Jodie Foster [critique] (Cannes, 3ème jour)

Ça partait plutôt bien : dans une séquence d'introduction intense à faire chialer un épileptique (comme savent si bien le faire les américains), on nous fait un topo briefing sur la situation (la perte de 800 millions de $ en bourse par la société Ibis) et on nous croque succinctement les personnages, suffisamment caricaturaux pour être bien identifiables (en plus d'avoir, pour certains, la gueule de George Clooney ou de Julia Roberts).

Et on serait tentés de se dire (comme après le visionnage de la bande-annonce du reste) :

Chouette ! Un film qui parle des dessous de la télé et du cynisme des gens dedans ! Bon c'est pas nouveau-nouveau, mais si c'est bien foutu ça peut le faire...

Parfaitement : des fois, je dis "chouette" et pas "putain".

Et c'est vrai que les échanges entre George et Julia par oreillette interposée sont très efficaces.

Et puis arrive la prise d'otages. Et là, ça coince. Parce que le film peine ensuite tout du long à trouver un équilibre (même casse-gueule) entre la comédie et le drame, entre l'auto-parodie et le message moralisateur manichéen (méchants le riches, gentils les pauvres, vilaines les banques, vénaux les PDG...), entre la satire et le thriller, mais d'où le suspens serait absent : tout y est tristement prévisible, même les vannes... Vannes qui alternent le très bon (quand elles sont impertinentes et inattendues mais elles sont rares) et la blague pas dénuée d'une certaine lourdeur lui conférant un caractère potache un brin vulgos (et je m'y connais)... Caractère potache qui serait par ailleurs conspué dans d'autres circonstances par les mêmes personnes qui rient ici aux éclats (allez comprendre...). Bon en même temps mon voisin de derrière s'émerveillait d'entrée de jeu de voir pégase à l'écran alors que c'était juste le logo de la Tristar.

On a donc un George qui cabotine à mort et qui en fait des tonnes, une Julia qui est parfaite, un Gus de Los Pollos Hermanos en capitaine de police, un Noah Solloway (et sa bouche toujours aussi molle) en PDG, un gros problème de rythme et par dessus tout, un scénario qui ne tient pas la route (à moins que je ne me sois momentanément endormie, ce qui serait étonnant bien que plausible) :

La police décide de tirer sur George afin de couper le fil qui relie la bombe placée dans son gilet et par conséquent en désactiver le déclencheur, lui-même relié au détonateur détenu par le jeune preneur d'otages afin de le rendre obsolète (le détonateur, pas le preneur d'otages).

Ce faisant, ils ont 80% de chance de ne pas le buter mais juste de lui exploser le rein gauche ("c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup", air connu).

Pourquoi (au grand pourquoi), sachant que le George est relié en permanence par oreillette à Julia en régie, la police n'a pas l'idée de lui filer l'info afin qu'il tente, pendant un des nombreux moments de flottement narratif sur les lieux de la prise d'otage (ben ouais, mine de rien, une fois les revendications posées, ils n'ont pas des masses de sujets de conversation en commun), de couper ce putain de fil à la con ?!?

Ben oui mais non parce que sinon ça fout complètement en l'air le dernier quart du film (si ça c'est pas du prétexte scénaristique...).

Bref, Jodie Foster m'a fait perdre 4h30 de ma vie (trajet et file d'attente inclus) et surtout (surtout !) j'ai raté le début de l'Eurovision (et ça je ne le lui pardonnerai jamais !).

MONEY MONSTER de Jodie Foster [critique] (Cannes, 3ème jour)
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