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Les tribulations d'Erica Falck et Patrik Hedström dans les romans de Camilla Läckberg.

Les tribulations d'Erica Falck et Patrik Hedström dans les romans de Camilla Läckberg.

Autant le dire tout de suite, bien que ce ne soit pas rationnel, cette série peut avoir une grande capacité addictive (même si la décence sociale nous interdit, une fois adultes, de faire la queue de nuit devant une librairie en poussant des petits cris suraigus) : dans le genre thriller estampillé « pour gonzesses », ça se pose là (moins gore que IL SUGGERITORE, bien que... Ça dépend des opus en fait).

J’explique : l'argument de vente qu'on nous a servi en quatrième de couverture du premier tome louait les aventures d'une sorte de desperate housewive à l'européenne (*burp* de nausée) jouant au détective, ce qui est très réducteur voire carrément erroné... Certes, c’est une fouille-merde, la Erica, mais c'est surtout son mec, Patoche-le-flic, qui bosse en vrai (loin de nous l'idée de croire que ce sont les femmes au foyer qui arrêtent les criminels en Suède : si l’on en croit Wikipedia et ma copine qui vit à Stockholm, ils ont une police, plein d'Ikea et même l'eau courante). Et ce même si elle a une propension certaine à se retrouver dans des situations particulièrement confortables et sûres et à agir de façon totalement responsable, pondérée et pas du tout suicidaire (Erica, pas ma copine). Et, si on ajoute que l'auteure joue merveilleusement bien sur les peurs, avec une mention spéciale pour les angoisses maternelles, on pourrait être tenté de penser que la romancière s’adresse plutôt à des personnes munies d’un vagin. Sauf qu’il semblerait que certains hommes soient pourvus de sensibilité en la matière et, aussi fou que cela puisse paraître, qu’il y en ait même qui se sentent concernés par la paternité ! Donc en fait, c’est complètement con.

Bref. Outre le fait que Camilla parle avec un sadisme admirable des craintes parentales, son écriture est super efficace : c'est fluide, pas redondant (comme le fenouil), on ne s'emmerde jamais, et même si on n'a pas besoin d'avoir un dico ouvert sur les genoux en permanence ça n'est ni puéril ni mièvre pour autant...

Les différents tomes, sous couvert d'une enquête policière liée à une ou plusieurs morts plus ou moins suspectes (plus ou moins abjectes aussi), explorent les tourments du passé (sordide) des personnages (ou de leurs ascendants) qui viennent se répercuter dans le présent, où tout s'imbrique finalement (le monde étant petit et un bled suédois du nom de Fjällbacka encore plus).

Les tribulations d'Erica Falck et Patrik Hedström dans les romans de Camilla Läckberg.

Camilla Läckberg nous démontre ainsi qu'une grossesse non désirée quand on est mineure n'est pas nécessairement festive comme dans une émission de télé réalité sur MTV (LA PRINCESSE DE GLACE), que la séquestration et le meurtre de jeunes filles (un peu comme dans le premier opus de la saga MILLENIUM de Stieg Larsson), semble parfois être une saine activité père-fils aussi banale qu'aller à la pêche ou au stade (LE PREDICATEUR), que quand on en a plein le cul, on peut faire cramer impunément mari et enfants -Rompre ? Fuir ? C'est complètement surfait !- (LE TAILLEUR DE PIERRE), que des frères et sœurs peuvent s'aimer vraiment très (trop) fort (L'OISEAU DE MAUVAIS AUGURE), qu'il ne faut pas coucher avec l'ennemi sinon on n'aimera pas ses enfants -en plus de porter le cheveu très court- (L'ENFANT ALLEMAND), que l'obésité infantile peut mener au transformisme psychopathe (LA SIRÈNE), que l'amour d'une mère pour son enfant peut annihiler ses capacités olfactives (LE GARDIEN DE PHARE), que l'adultère peut constituer un des symptômes du syndrome post-traumatique (LA FAISEUSE D'ANGES), que tout comme les enfants casse-couilles et les contraires, les pervers diaboliques s'attirent comme des aimants (LE DOMPTEUR DE LIONS), et que l’homosexualité non-assumée ainsi que le meurtre accidentel de jeunes enfants peuvent être héréditaires (LA SORCIÈRE)...

Les personnages prennent d'ailleurs de l'épaisseur au fil des épisodes et l'héroïne, qui n'était dans le premier tome qu'un ersatz un peu superficiel de Bridget Jones (*burp* de vomi) devient de plus en plus attachante... Et chiante aussi... Attachiante quoi.

Car une fois les bases posées, Camilla s'attèle à développer des intrigues parallèles qui nous permettent de rentrer en empathie avec ses personnages (ou en antipathie d'ailleurs) au fur et à mesure que nous comprenons leur(s) histoire(s)... Au risque de devenir un peu répétitive (à chaque écrivain de polars ses névroses obsessionnelles favorites ?).

Où l'on se dit que les psy ne seront jamais touchés par la crise.

Retrouvez d’autres chroniques plus complètes et détaillées de romans de Camilla Läckberg ici :

À noter, enfin, le sympathique CYANURE, court huis-clos mettant en scène un collègue de Patriiiiick, moins abouti et surprenant que les romans (lapalissade) mais tout de même divertissant (c'est un peu le but non ?).

Les tribulations d'Erica Falck et Patrik Hedström dans les romans de Camilla Läckberg.
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