17 Novembre 2013
... mais c'est un très bon film.
Si l'on est amateur de divertissements pas trop compliqués sans être complètement cons avec sensations fortes (mais pas nécessairement de manèges vomito-laxatifs), ça vaut définitivement le coup d'y aller : c'est tellement bluffant visuellement qu'on en oublie complètement la light box et le fond vert, et qu'on se surprend à se cramponner à son siège parce qu'on a nous aussi l'impression de faire la toupie dans le vide...
Ainsi, je n'ai pas envie de déblatérer pendant des heures sur ce film, tout simplement parce que j'ai aimé (et que c'est nettement moins rigolo à écrire que de démonter quelque chose, faut être honnête) et puis que d'autres l'ont tellement bien fait (fallait que je me réveille plus tôt, mais bon, on a pas toujours les grands-parents dispo).
On a donc beaucoup entendu parlé :
- de la musique omniprésente (oui, elle dit qu'elle aime le silence et ils balancent la BO) mais je pense que ça peut se justifier : ça permet de créer un contraste plus grand avec les moments de silence justement (ah ben ouais ça a beau péter dans tous les sens, dans l'espace, ça fait pas "Boom"... Et là on comprend pourquoi ni Bay ni Emmerich s'y sont collé).
- de Clooney (qui, en gros, fait son Clooney période frères Cohen) et de son rôle insupportable mais là aussi il y a un jeu d'oppositions, entre celle qui a la trouille (et la gerbe) dès le départ et celui qui est un peu trop confiant, désinvolte et, par voie de conséquence, résigné (faut ça pour la suite sinon c'est mort pour elle !).
- de Bullock, selon plusieurs critères :
1) Son jeu d'actrice : oui, elle joue bien le désespoir dans le regard et les multiples tentatives de contrôle de la panique, c'est une certitude (même si je pense qu'on perd à la traduction. Quelle idée d'aller voir les films en VF aussi ? Ah oui, c'est vrai, pour regarder l'image et pas les mots... Ce que ça peut être con un monoglotte ! NB : faire un procès à l'éducation nationale pour enseigner si mal les langues étrangères... Ou à moi-même pour m'être appliquée à rester une si grosse brèle en anglais).
Beaucoup ont fait la comparaison avec Sigourney Weaver (autre paumée dans l'espace célèbre mais avec handicap supplémentaire qui crache de l'acide) et je ne pense pas que les deux films (enfin les 5) soient si comparables que ça : certes ce sont des survivals mais dans Gravity, l'héroïne se bat surtout contre les éléments, où l'on sent bien que c'est un milieu où l'Homme n'a rien à y foutre (malgré toute la technologie qu'il est capable de pondre)...
Ça m'a plutôt faut penser à Abyss de James Cameron et à Marie-Elizabeth Mastrantonio tant la ressemblance physique (tête dans le scaphandre) est troublante, cette trouille dans les yeux de celle qui s'asphyxie lentement ou qui est totalement désorientée (et à Wall-E aussi, pour le jet pack extincteur).
2) Son boule et là, les avis sont partagés. De mon point de vue, oui elle est ultra-bien foutue (bien que la 3D ne soit pas indispensable pour s'en apercevoir). Du point de vue du mec de 35 ans légèrement obsédé sexuel sur les bords et serial-mateur devant l'Eternel assis à côté de moi : "bouche et nichons refaits / cuisses plus larges que son cul / qu'est-ce qu'elle a vieilli, elle qui était si bonne dans ses grands films comme "Miss Détective" !" (et là j'ai juste envie de me pendre).
- de la portée philosophico-métaphysique de l'œuvre, et, comme à l'époque de Prometheus, c'est ça qui me gonfle assez rapidement (pourquoi ne pas tout simplement faire un film de science-fiction qui vous fout les jetons / vous scotche au siège / vous file la gerbe / vous colle en hyper-ventilation ou en tachycardie, au choix, mais y marteler une quête de sens pas très finaude ? ).
En effet, la métaphore de la (re)naissance (je crois qu'il manque juste les battements cardiaques pour qu'on saisisse bien la signification de la position fœtale quand elle se déshabille dans l'ISS) ou celle de la théorie de l'évolution (là pour le coup on a automatiquement "Ainsi parlait Zarathustra" dans la tête) sont tellement peu subtiles que ça gâche légèrement l'ensemble (bon ok, une mention spéciale quand même au monologue sur sa gamine au moment de son reboot qui pourra vous filer envie de chialer, ou de mourir, selon votre état de stress, de nerf ou de fatigue).
- du suspens et c'est là que le film est une grande réussite. Vous connaissez ce réflexe à la con de retenir sa respiration en même temps que le personnage d'un film ? Et ben là c'est pas possible : on est tellement pris dans l'action, tellement scotchés par les effets spéciaux, tellement dedans, qu'on se sent vraiment comme des petites merdes paumées dans l'immensité intersidérale, encore plus qu'elle, vu qu'elle au moins, elle est entraînée et qu'on se rend bien compte qu'on aurait aucune chance de s'en sortir (avec notre souffle irrationnellement syncopé alors qu'on a les fesses bien au chaud dans notre fauteuil).
Résultat des courses : j'aurais quand même bien déblatéré finalement, juste pour dire que c'est un film à voir en 3D, sans hésitation (et même avec les gosses, dans l'espoir de leur faire passer toute envie de devenir astronaute).