22 Novembre 2015
Pendant près de 3h, Joaquim Pinto nous livre son journal intime, celui d'une année de traitement expérimental pour son hépatite C (couplée avec le VIH parce que sinon c'est pas marrant et que cet homme aime les défis).
Alors on ne doute pas une seule seconde qu'il en chie comme pas possible mais il préfère (ce qui est tout à son honneur), poser un voile pudique sur la réalité visuelle de ses symptômes (que l'on connaît étant donné qu'il en parle librement... Et que quelqu'un qui dégueule du vrai sang (pas du mauvais beaujo) c'est moyennement glam).
Mais du coup, cela donne par moment des sortes de tableaux limite christiques de la souffrance de cet homme...
Comprendre : il gît, apparemment seul face caméra, mais avant sa prise de vue-témoignage-confessionnal (au sens propre comme au sens riltivi), c'est quand même lui qui a pris le temps de choisir l'emplacement, la pose, la lumière le tout dans une mise en scène très esthétique de sa propre douleur... Ou alors les mourants jouissent naturellement d'une aura surnaturelle...
Alors du coup ça donne de fait un léger côté artificiel... Et puis c'est aussi un brin moralisateur sur les bords et ça démontre des choses pas très subtiles (la lumière divine sur le visage émacié et barbu qui n'est pas sans rappeler un autre bonhomme au visage émacié et barbu donc, la métaphore de la guêpe, les poulets en cage du générique final...).
Alors comme, après tout, c'est son film-journal intime à lui rien qu'à lui (même qu'il ne sait pas du tout au départ si ce ne sera pas une œuvre posthume), et qu'en plus, comme il est très-très malade, il a l'impunité totale (le droit que ce soit un brin le foutoir par exemple), il se fait plaisir (et puis il aurait tort de s'en priver) :
Il parle de son traitement, de sa jeunesse, de son parcours, de ses clebards, de géopolitique, de la crise , de ciné, un peu de lutte LGBT, des virus, des mutations génétiques, des effets secondaires, de la religion, de ses maladies vénériennes présentes et passées mais aussi d'amour...
Et il filme longuement des trucs beaux (le soleil qui scintille dans une flaque d'eau, des gouttes de pluie sur une vitre) et moins beaux (le cul du chien en gros plan, des moulages de bites et de chattes de gens qui sont morts de diverses IST bien dégueu...). Ou inversement (les goûts et les couleurs...).
Il tente des choses aussi (ralentis, flous artistiques, dédoublements, mises au point...)
Bref, la BO est variée et plutôt sympathique, c'est intéressant parce que le mec n'est pas la moitié d'un con, que c'est un érudit, cultivé et passionné mais c'est quand même aussi un poil soporifique. Alors de là à crier au génie, faut peut-être pas pousser non plus.
Et puis, en conclusion et pour la paix et la fraternité, c'est important d'avoir la preuve en image qu'homo comme hétéro, un mec marié, ça baise en gardant ses chaussettes.
ET MAINTENANT ? (E Agora ? Lembra-me)
Casting : Joaquim Pinto, Nuno Leonel...
Date de sortie en vidéo : 23 Juin 2015 / Durée : 2h44min