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Critique de GREY, de EL James, "Cinquante nuances de Grey par Christian"... Par sa queue.

Certains passages de ce livre, notamment certains dialogues et échanges de mails, sont déjà parus dans les ouvrages précédents de l’auteur.

Ou comment faire du neuf avec du vieux, une fan fiction de la fan fiction de la "vanne de trop" de trop... Et comment pousser la plaisanterie un peu loin.

Comme son sous-titre l'indique c'est exactement la même histoire que le tome 1 de la trilogie Fifty Shades mais du point du vue de Cricri (histoire de boire le calice jusqu'à la lie, le principe étant déclinable à l'infini : tome 5, le point de vue de José / tome 6, le point du vue de Kate... Et puis après le point de vue de Taylor, de l'hélicoptère ou d'un poil pubien...).

L'histoire d'un type frustré qui croit dominer la Terre entière alors que tout le monde le prend plus ou moins pour ce qu'il est : un guignol avec une belle gueule arrogante, des dents qui rayent le parquet, un branleur plein d'esbroufe et de pognon, qui n'a aucune autorité sur personne si ce n'est celle de l'argent.

Alors du coup, dans le secret de l'alcôve (si c'était pas une chambre dans un loft de 1000m2, ce serait un container dans un port comme n'importe quel serial killer standard), il tabasse des petites brunes pour des motifs dont la validité reste à prouver :

Elle a fui devant moi. Elle a levé les yeux au ciel. Voilà ce qui se passe, bébé, quand on défie mon autorité.

Oh ben ça mérite au moins une raclée ça !

Un putain de mauvais conte de fées, mâtiné d'une parodie de Twilight (qui était déjà largement auto-parodique), une sombre histoire de prince charmant avec tout ce que ça comporte : la passivité et la pauvreté de la princesse nunuche (Cendrillon forever), la richesse et la perversité du prince (on en parle de la nécrophilie dans Blanche-Neige ou La belle au bois dormant ? Et Barbe Bleue hein ?), les gentils parents bienveillants mais impuissants, la méchante reine (Elena)...

En gros, c'est exactement le même personnage qui "ricane" en pensant au sexe lorsqu'Ana gloussait et qui a une queue à la place d'une déesse intérieure. Et une queue sacrément loquace (un peu comme le cul d'Ace Ventura)...

Alors en exclusivité mondiale, voici son témoignage :

Critique de GREY, de EL James, "Cinquante nuances de Grey par Christian"... Par sa queue.

Bonjour, je suis la queue de Christian Grey et je vais vous parler de lui, celui qui raconte toute la trame du premier opus sous forme de journal intime avec la date qui change à chaque nouvelle entrée (comme dans un vrai, avec des poneys), et vous montrer l'envers du décor, vous narrer mon calvaire.

Sur le papier, j'avais tout pour être heureuse : un maître aimant, qui a de longs échanges avec moi, son alter ego, "la partie préférée de [son] anatomie" à laquelle il est "très attaché" :

Ma queue tressaille pour signifier son accord, (...) acquiesce, (...) tressaute, (...) montre son appréciation en durcissant encore plus, (...) marque son approbation, (...) durcit, (...) durcit davantage, (...) remue (approbatrice)...

J'aime qu'il me rende hommage...

Nous pouvons être en adéquation totale, lorsque je suis une sorte d'aboutissement de lui-même (c'est d'ailleurs ce qui me fait supporter ma vie avec lui) :

Ses mots filent directement vers ma queue. (...)
Elle m’adresse un immense sourire qui me remue jusqu’à la queue. (...)
Ce doux gémissement parcourt mon corps jusqu’au bout de ma queue. (...)
Son petit hoquet étranglé réjouit ma queue. (...)
Ses mots se propagent directement jusqu’à ma queue, sonnant le branle-bas général.

Et quand je suis très contente, comme Simon Jérémy, je vomis.

Mais (parce qu'il y a un "mais"... Ou plutôt une longue série de "mais"), quand il n'est pas occupé à me cacher dans des endroits chauds et humides, il pense à l'argent. Alors il fait plein de placements-produits très très lourds (des groles Louboutin, à l'Advil, en passant par l'immeuble l'Escala...

Chez moi, à l'Escala. (...) L'Escala, où j'habite.

Mon mien d'Escala à moi que j'ai...

... la cravate Brioni, la société d'autoroute I-5, les lunettes de soleil Wayfarer, les calebutes Calvin Klein, la messagerie WebEx, les champagnes Cristal, Dom Perignon et Bollinger, le téléphone Blackberry, l'ordinateur Mac, les Audi A3 ou R8, la carte bleue American Express, la flotte Evian, les thés Twinings English Breakfeast (vous saviez qu'elle n'aimait pas le café Ana ?), les Mustang et les Suburban, les petits dej de chez IHOP, sans oublier l'IPod et l'IPad...).

Et puis il aime aussi s'adonner à la poésie :

Ses yeux (..) sont (...) bleus comme la plus bleue des mers. (...)
Elle rougit, ce qui lui met enfin un peu de rose aux joues. (...)
Je la vois tout d’un coup ligotée à mon banc, avec un bout de gingembre frais inséré dans le cul pour l’empêcher de serrer les fesses. (...)
Elle a bon goût, comme un verger au printemps. (...)

Ça a quel goût un verger ?

Quand elle a l’huître dans sa bouche, je sens mon sexe se durcir.

C'est moi ça !

Je coince ses tétons entre nos pouces réunis, et tire dessus lentement. Comme c’est bon de les sentir durcir et grandir. Comme une certaine partie de mon anatomie.

Hé, hé, c'est encore moi !

Vas-y bébé (...) donne-moi tout bébé (...) jouis pour moi bébé (..) c'est ça bébé (...) Bébé, tu mouilles tellement pour moi… j’adore. (...) C’est ça que tu veux, bébé ? (...) C’est ça, bébé, prends-moi, prends tout.

127 fois... J'suis crevée !

Il se fout ouvertement de la gueule d'Ana aussi, mais ça, ça fait plutôt du bien :

— Vous m’avez déshabillée ?
— Oui.
Qui d’autre aurait pu le faire ? (...)
— Vous moqueriez-vous de moi, monsieur Grey ?
— En effet, mademoiselle Steele. (...)
— Des boules de geisha, des œufs… des trucs comme ça.
— Des œufs ?
— Pas des vrais.

Oh si, des vrais, ça peut être marrant !

Mais comme il pense surtout avec moi-même, il est complètement incohérent (le manque d'oxygénation du cerveau nuisant gravement à la pensée et toutes les cascades ayant été réalisées par des professionnels du priapisme, n'essayez pas de reproduire ça chez vous) :

• profondément égoïste, il est pourtant d'une condescendance rare avec le petit personnel (dont les gamins sont tous systématiquement malades, à se demander si c'est pas lui qui les empoisonne...), comme, par exemple, lorsqu'il appelle le mec de son service informatique un dimanche pour qu'il lui dégote un ordi pour Ana et qu'il réprimande ensuite parce qu'il est au bureau... (Non mais c'est pas toi qui l'appelais pour lui filer du boulot à la base ?!?).

• il est égocentrique mais il file à bouffer au Darfour.

• il insiste pour qu'Ana fasse un stage dans son entreprise tout en rappelant incessamment sa première règle : ne jamais baiser le personnel.

• il n'arrête pas de dire qu'il ne veut pas d'une relation amoureuse mais abonde totalement dans le sens d'Ana dans ses actes (dîners, rencards etc...). En fait mon maître passe son temps à la supplier : de signer le contrat dans le 1, de l'épouser dans le 2...

• il ne supporte pas qu'elle ne mange rien mais il commande systématiquement pour elle sans chercher à savoir si elle aime ou pas (je t'ai commandé des tripes, c'est bon ça pour les végétariens les tripes ?)

• il prononce des phrases surréalistes comme :

J’ai hâte d’être en l’air et de le savoir loin de ma copine.

Euh, c'est pas sensé être ta soumise ?

J’aime être avec elle, passer du temps en sa compagnie, lui prendre la main, caresser son genou, la regarder sourire. (...) Si elle avait signé le contrat, et si tout s’était passé comme prévu, elle serait là-haut, dans sa chambre, et je pourrais la réveiller, me servir d’elle et me soulager… ou plutôt, selon les termes de notre nouvel accord, elle serait dans mon lit, à côté de moi, et je pourrais baiser avec elle, et la regarder dormir.

Je le concède, c'est sûrement le dominant le plus nul du monde.

Vous m’enivrez, mademoiselle Steele, et, en même temps, vous m’apaisez.

Le pauvre, il est tout perdu dans le dedans de ses certitudes.

J’ai hâte de les voir toutes les deux (Ana et sa mère NDLQDC), ainsi que son beau-père. Avec regret, je me gare devant la maison de sa mère.

Ou comment dire tout et son contraire dans deux phrases immédiatement consécutives.

Je ne sais pas si c’est vrai ou si elle dit ça pour me faire plaisir. Mais, dans un cas comme dans l’autre, je suis ravi.

Mais alors ferme ta gueule !

• outre les atouts évidents qui me rendent toute frétillante, il adore systématiquement tout chez Ana... surtout les choses qu'il déteste (J'ai horreur de la provocation et tu me provoques ? Ça me plait. Je ne supporte pas que tu te mordes la lèvre et tu n'arrêtes pas ? Ça me plait. Je déteste les gens qui lèvent les yeux au ciel et tu le fais ? Ça me plait. Tu es insupportable ? Ça me plait. J'ai trop envie de te faire mal et tu ne veux pas ? Ça me plait. Tu te fous de ma gueule ? Ça me plait. Je suis un dominant et tu veux une relation sentimentale et romantique ? Ça me plait.)

• il énumère à longueur de temps les règles qu'il s'est fixé (comme un mode opératoire, un peu comme Dexter en fait, avec un contrat en guise de code) et qu'il transgresse avec Ana.

• personne en dehors de sa famille ne doit l'appeler Christian et on se rend compte que tout le monde le fait (parce que, si on y réfléchit bien (et pourtant je ne suis qu'une bite), il s'est un peu autoproclamé dominant tout seul comme un gland... Comme un gosse (ou un adulte un peu demeuré) qui déclare qu'aujourd'hui il sera chevalier ou cosmonaute et que tout le monde lui dit "ouais ouais c'est ça, cause toujours, soit ce que tu veux : on s'en fout").

• dès qu'elle le touche, il s'attend à être envahi par ses "ténèbres" mais il ne se passe rien... Et, à l'instar des lecteurs, j'ai moi aussi envie de lui cracher au visage : Bon ben laisse-la te toucher alors, qu'est-ce tu fais chier ?

Ajoutons à ça que Christian a des problématiques de vie drôlement emmerdantes : il est nul au golf, toutes les filles sont en adoration devant son physique...

Ouais, ouais, bébé, c’est ma gueule, mais la beauté, c’est superficiel. (...) Mon Dieu. J’ai juste une belle gueule, ma petite.

Et pourtant la modestie (ou plutôt l'auto-dénigrement) est sa plus grande qualité.

... Et que c'est quelqu'un de totalement imprévisible, qui aime (de son propre aveu) "cultiver l'incertitude" (en prenant des fois du lait dans son café et des fois pas).

Mais il n'est pas que incohérent, il remarque aussi des choses vraiment importantes, parce qu'elles me rendent toute joyeuse : qu'Ana se mord la lèvre et qu'elle rougit toutes les 3 lignes (si vous ne l'aviez pas compris dans le tome 1) et aussi, grande nouveauté, qu'elle fronce les sourcils, en formant "un petit "v" sur son front" (approximativement tous les 2 pages... Mais moi jm'en fous : je sais pas lire).

Non, ce qui est franchement difficile à supporter surtout, c'est que c'est un homme qui, comme Ana, aime faire des récapitulatifs de sa vie :

Je n’ai jamais dormi avec personne, je n’ai jamais couché avec une femme dans mon lit, je n’ai jamais fait monter une femme à bord de Charlie Tango, je n’ai jamais présenté une femme à ma mère.

Je crois que ces deux-là sont vraiment faits l'un pour l'autre.

Et puis il y a aussi un autre gros problème : des fois, malheureusement, il pense avec sa tête... (Oh merde, il pense... Comme Ana !) Et que je ne peux pas me l'enlever de la tête, et que je l'ai dans la peau, et que je l'ai déçue, et que je ne veux pas qu'Elena me trouve une nouvelle pute, et que je ne veux qu'Ana...

Alors dans ces cas-là, je me demande où il est le mâle alpha, dominant et prêt à broyer l'humanité dans son intégralité ? (Ça aura tenu un chapitre, le temps qu'EL James se rende compte qu'elle n'est pas un mec et qu'elle n'a aucune idée de comment ça pense ces bestioles-là) Parce que ça n'arrange pas vraiment mes affaires, la masturbation intellectuelle.

Et à ce niveau-là, il est vraiment relou :

Systématiquement, à chaque fois qu'ils se retrouvent, qu'il la voit, qu'il la touche, qu'il l'embrasse, qu'elle l'effleure, il faut qu'il se demande pourquoi elle lui fait autant d'effet (et que c'est incroyable l'effet qu'elle produit sur moi et que ça me fait toujours de l'effet.. Effet, re-effet, et re-re-effet... 54 putain de fois, et c'est limite culpabilisant pour moi !). Et puis aussi il en veut plus... Et elle en veut plus (une bonne centaine de fois, facile)... Sans compter le Running gag « Vous satisfaire est notre priorité » (je n'en peux plus).

Comme c'est un "dominant", tout est "implacable" chez lui : ses doigts, sa langue, son mental et ses convictions... Sauf que, quand on y regarde bien, même son personnel tente de contenir son hilarité dès qu’il évoque Ana : « Il est mignon : il ne se rend même pas compte qu'elle le tient par les couilles... » Mais non euh !!! C'est pas vrai : Je suis un DO-MI-NANT !... Non, non, je suis bien placée pour le savoir : ils ont raison.

C'est aussi quelqu'un de très cultivé, avec des goûts musicaux aussi sûrs qu'éclectiques : Bach, Britney Spears, Chopin, Beyoncé, Maître Gims...

Je coupe le célèbre morceau de Roméo et Juliette. Je prends plusieurs goulées d’air frais. Il me faut quelque chose de plus… violent. Pump It des Black Eyed Peas. Parfait. Je reprends mon jogging.

Je vous confirme que la violence de ses choix musicaux n'a d'égale que celle qu'il déploie au niveau sexuel.

Et puis c'est quelqu'un de rigolo avec ses cauchemars : il s'y exprime toujours comme un enfant de 4 ans... Même lorsqu'il revit des actes sexuels avec Elena (non en fait c'est pas drôle)... Je me demande si c'est pas dangereux que son esprit fasse autant de télescopages. Alors je comprends mieux pourquoi il a tant besoin de dormir avec Ana : elle agit comme une sorte de dreamcatcher... Parce qu'il risque la rupture d'anévrisme à chaque fois qu'il s'endort et ça, ça serait bien con pour moi aussi.

Alors c'est vrai que sur le départ, on pouvait le trouver pour le moins inquiétant (avec son mode opératoire etc...), mais en fait, Christian est nettement moins un sociopathe flippé que dans l'histoire racontée par Ana. Non, non, non, je peux vous l'affirmer : il est justement pathétique... Terriblement banal et pathétique. Et insupportable... Sortez-moi de là !

REMERCIEMENTS (...)
Anne Messitte pour ses conseils et sa bonne humeur. Je lui serai éternellement redevable d’avoir consacré autant de temps et d’efforts à clarifier ma prose.

Et on dit "Merci qui ?"

• Retrouvez les aventures de Christian le dominant par lui-même, résumées intégralement ici :

• Et les aventures d'Ana la courgette ici (tome 1) et là (tome 2).

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