17 Janvier 2016
Ou comment surfer sur deux phénomènes de société diamétralement opposés pour écrire un bouquin (c'est con : à 2 mois et demi près et ils auraient pu aussi utiliser les morts des attentats du 13 novembre !)...
Paris, juste après Charlie.
C'est l'histoire d'Haiko, milieu de trentaine, journaliste comme sa maman Katia (sorte de Claire Chazal ou d'Anne Sinclair niveau âge et notoriété), présidente d'une association qui, avec l'accord des familles, tente d'empêcher des mineurs de partir faire le Djihâd et, si elle y échoue, les enlève pour les envoyer à l'étranger dans des centres de déradicalisation pas tout à fait légaux.
Comme ça plait moyen aux islamistes, elle reçoit une fatwa.
Tout le monde s'en fout un peu jusqu'à ce que Nadia, sa meilleure amie et associée, se fasse défoncer la gueule à coup de kalachnikov en pleine rue.
Du coup, la Katia lui impose la présence d'un garde du corps, Lars, jeune vétéran d'Afghanistan souffrant d'un gros SPT ainsi que d'une certaine dépendance à la violence et au Captagon.
Et comme ils sont tous les deux extrêmement attirants, qu'ils suintent les hormones par tous les pores et qu'en plus, sur le départ, ils ne peuvent pas se piffrer, on se doute passablement de ce qui va arriver.
Mais, même s'il faut reconnaître à Ingrid Desjours un talent d'écriture indéniable (malgré des coquilles de ponctuation, de concordance des temps et le soldat "d'aplomb"), le plus gros problème du livre n'est pas là...
Explication de texte en 24 nuances chronologiques (je laisse les 50 aux vraies pros) de... "terrorisme erotico-littéraire" (?), histoire d'essayer de comprendre le sens de tout ça :
1) Haiko est en danger (fatwa, mort de sa cops, vilains pas beaux très méchants en colère contre elle...) mais, une fois le marché conclu, il faut tout de même trois plombes à Lars (de l'ordre de quelques jours et non de quelques heures !) pour mettre en place le dispositif de surveillance.
Elle part même passer la dernière nuit avant le début du contrat à l'hôtel pour baiser avec un inconnu rencontré sur un obscur site de cul du net...
Qu'elle ne se sente pas spécialement menacée, à tort au à raison, c'est son problème. Mais pour des types qui sont censés être des professionnels de la protection rapprochée, ça ne fleure pas vraiment l'efficacité absolue.
Ou alors les terroristes ne peuvent mettre leur menace à exécution qu'à partir du moment où leur cible n'est plus totalement vulnérable : on a dit "pouce" sinon c'est pas du jeu !
2) Ce gros déconneur de Dimitri, le frère d'Haiko, quarantenaire adulte et responsable (pas un gamin de 8 ans un peu demeuré), poste sur Twitter une caricature de sa sœur en Jeanne d'arc terrassant un Mahommet décapité... Sans que ça ne la foute le moins du monde en rogne ou ne la fasse un brin baliser.
Qu'il ne pense pas que sa sœur soit spécialement menacée, à tort ou à raison, c'est son problème (des fois qu'on n'ait pas compris où se situe le noeud du bordel). Mais juste après l'attentat de Charlie Hebdo, c'est pas comme si ça donnait à la fatwa un caractère jovial et festif... Ils ont tué Cabu quand même !
3) Par conséquent, il faut qu'Haiko soit encore plus protégée. Alors devant Katia (celle qui raque le salaire du garde du corps et qui logiquement n'est pas non plus totalement conne), le Lars en parle avec son autre pote garde du corps, Ilan.
Alors Ilan propose à Lars d'embaucher en surnuméraire un jeune type dénommé Jonas, ancien légionnaire, dont ils ne savent absolument rien et qui n'est pas du tout garde du corps... Le tout, rappelons-le, devant Anne Chazal, tranquille, à la fraîche.
Et là, la nana (qui a du pognon, des relations et qui a déjà demandé une surveillance policière que tout le monde semble avoir oubliée même l'auteure) ne les envoie pas chier avec leurs combines à la con, genre :
« Allez jouer plus loin, bande de petits rigolos ! »
Non, non. Tout est parfaitement normal... On va faire comme ça : on va embaucher un mec qui n'a même pas de nom de famille et dont ça n'est pas le métier...
Les appuis de la famille Homoreanu sont puissants.
4) Lars est au volant, il mord dans un pain au chocolat et là, instant Proust, il se remémore (évidemment) son enfance et se perd dans des réflexions pseudo métaphysiques de philo de bas étage sur l'éducation des gamins de nos jours et ne voit pas passer le trajet...
« Oh ! On est déjà arrivés ?!? »
Mais putain !!!! Primo, c'est quand même lui qui conduit et deuxio, c'est juste un garde du corps qui est censé être à l'affût de tout, bordel !!!
5) Ajoutez à ça moult dialogues stériles et pensées ineptes type "café du commerce" sur la femme, la politique, la religion, le terrorisme...
Exemples :
– Ilan, le pote garde du corps en free-lance, est moyennement chaud à l'idée d'être en full time job sur l'affaire parce qu'il est juif et que (CLICHÉS QUI PIQUENT LES YEUX EN APPROCHE !!!!) :
a) il aimerait bien ne pas se frotter aux islamistes parce que ce serait le premier à mourir (c'est pas les noirs qui meurent toujours en premier d'habitude ? Vous voulez dire qu'il est juif ET noir ? Manquait plus que ce soit une femme et c'était Whoopi Goldberg dis-donc).
b) il aimerait bien fonder une famille et élever ses enfants en Israël loin de l'antisémitisme parisien (COMBO ! Ils étaient tous vachement Charlie à Paris pourtant...).
– Lors d'une des nombreuses séances de masturbation intellectuelle des protagonistes, Lars se dit que pour combattre les intégristes, il faudrait leur envoyer des cargaison de femmes à poil (des femen quoi ?) mais avec des bouquins... C'est idiot mais ça le fait sourire... Parce qu'en fait il se dit qu'il en faudra plus pour les arrêter... NON, TU CROIS ?!?
– Pour couronner le tout, Lars découvrira que Jonas le légionnaire est musulman ! *Cri de stupeur et d'effroi*
– Musuljuif ?...
– J'ai pas compris...
– Moi non plus...
– On change !
Même que s'il l'apprend, ça va pas du tout-du tout lui plaire au Ilan (aka Monsieur "la France est antisémite").
– En plus des préoccupations très originales du-dit Ilan, on souffrira, tour à tour, le point de vue d'un mec "de droite" (Lars, l'ancien soldat devenu garde du corps), d'une nana "de gauche" (Haiko, journaliste qui a toujours pété dans la soie et présidente d'une ONG), d'un type "d'extrême droite" (Leduc et son mouvement catho pour envoyer des gamins en croisade), d'un type "ambigu" (Jonas, dont on ne sait pas pourquoi il est ambigu : est-ce parce qu'il est homo ? Est-ce quelque chose "d'encore plus grave" ?!?)...
Parce que c'est très important de voir grand, quand on possède le don de dire tout et son contraire, ça permet de ratisser super large niveau idéologique : tout le monde n'a pas complètement tort ni complètement raison, alors tout le monde a gagné et tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil... À moins que ce ne soit "personne"... (Quoi ? Ça fait 4 fois "tout le monde" d'un coup ?... En même temps il y a des maisons d'édition qui publient des bouquins avec la répétition d' "à ce stade" (p359) dans deux phrases quasiment consécutives alors que c'est même pas voulu alors...).
6) Comme "Haiko a mangé ses deux viennoiseries", "elle est vraiment motivée" (véridique) à ce que Lars lui apprenne à se battre (ça y est j'ai l'impression d'être de nouveau face à Cricri et Ana : "elle a bien pris son goûter alors elle a mérité que je la fourre jusqu'à l'os").
Et alors que l'auteure a essayé de passer les 100 premières pages à nous dépeindre Lars comme une sorte de bête testostéronnée à mort (genre Statham en plus jeune et en plus black) et Haiko comme une guerrière ultra indépendante qui aime la bite, en l'espace d'une seule page (la 125 précisément), lui apparaît doux comme un agneau (ou comme un chien-chien à sa mémère) et elle comme une petite fille hystérique et capricieuse :
Elle est aussi excitée qu'une gamine qui arrive à Disneyland.
7) Lars bande comme un fou mais c'est parce qu'il avait la possibilité de la tuer (ils sont bizarres leurs cours de self défense). Et après, pour se calmer, il part se balader dans la forêt... Un peu comme Blanche Neige !
Alors on se dit, cool, ça va être un peu plus problématique qu'une énième histoire de fion (c'était pas censé être un thriller à la base ?).
Et puis non, page suivante, il se rend compte qu'il a juste envie de la baiser (grâce aux "odeurs musquées des sangliers" ?).
8) Un mineur peut donc quitter la France sans l'autorisation de ses parents SAUF s'ils font une demande d'interdiction de sortie de territoire...
Et c'est vrai que, plutôt que de passer par la voie légale et logique, tous les parents préféreront donner carte blanche à des gens (comme ceux de l'association d'Haiko) qui n'ont aucune légitimité à protéger leur enfant... Mais qui profiteront de cette absence d'interdiction de sortie de territoire pour pouvoir envoyer l'enfant en question à l'étranger dans leurs centres de déradicalisation (parce que trouver des familles d'accueil et créer des structures en France, c'était certainement chiant niveau paperasse...)
« Mais nan c'est parce que du coup, ça permet de semer le doute dans l'esprit du lecteur sur les prétendues bonnes intentions d'Haiko ! »
Ah mais parce qu'à ce stade il y a encore des lecteurs que ça intéresse ?!
9) Sérieusement, quelle nana de 35 ans dit à un homme qu'il a le swag ?!?
10) Et que je te sors mon trauma profond et très personnel de nulle part et sans raison aucune.
Et parce que trop c'est pas assez, on va en remettre des caisses dans la bonne surenchère gore et sordide (la colonne vertébrale de la femme enceinte qui se suicide en se défenestrant qui éclate... Puis plus loin le gamin qui s'égorge avec un cutter... Toutes les scènes de morts violentes en fait) avec un telle volonté de choquer que c'en frise le ridicule (n'est pas Stephen King qui veut... D'ailleurs même lui quand il s'y met...).
Quant à Lars, son grand trauma, c'est qu'il a été retenu 15 jours par les talibans (à quelques petits détails près)... Brody te pisse à la raie Lars !
11) Il existe des émissions de débats télévisés très sérieuses, comme "Des voix dans la nuit", dont le principe est de s'écharper sans tour de chauffe aucun, sans preuve, sans que personne n'intervienne juste après que le présentateur a donné le nom des participants (on peut aisément imaginer le passage d'une pouffiasse à moitié à poil et un gong qui retentit... Voire des bookmakers).
12) Est-il nécessairement obligatoire, lorsqu'on écrit un bouquin qui traite des islamistes (sujet éminemment actuel et un poilounet tendu... Mais bon : la fin justifie les moyens), de vouloir si ostensiblement montrer qu'on n'est pas quelqu'un de raciste et de fournir une telle accumulation de clichés mièvres et réducteurs sur les gens et leurs traditions (forcément intrinsèquement liées à leurs origines) ?
Comme si les gens ne se définissaient que par ce qu'ils laissent paraître ou ce qu'on leur inculque, comme si la gentillesse et la générosité ne pouvaient pas être des sentiments plus profonds et plus intimes, comme si cela ne pouvait pas juste émaner d'eux-mêmes mais uniquement d'un prétendu héritage culturel, comme si cet héritage culturel ne pouvait évoluer avec l'individu, s'enrichir de ses expériences, comme si chacun était figé dans un dogme prédestiné...
Se doit-on de pousser le #pasdamalgame au point d'enfiler les généralités justificatrices comme des perles... Au point d'obtenir l'exact effet inverse ?
« Je suis un grand intellectuel arabe tellement subversif que je me suis pris une fatwa dans la gueule... Mais je dis qu'il faut se méfier des métis. »
« On est musulmans donc on n'aime pas se faire remarquer, on est discrets et on n'aime pas dire du mal des gens... Mais on va quand même le faire. »
13) Donc en fait, la principale accusation (en dehors du fait qu'elle ait inventé cette histoire de fatwa pour se faire de la pub et commandité l'assassinat de sa meilleure amie pour confirmer la véracité de la menace – Plus belle la vie inside) c'est que les gamins qu'elle sauve avec son association ne revienne jamais de leurs centres de déradicalisation. Et évidemment personne ne cherche à rentrer en contact avec les familles de ces gamins, ça n'est pas du tout une priorité. On parle juste de mineurs disparus... Enfin si, tout à coup, grâce à la mère de Nadia (celle qui n'aime pas dire du mal des gens), Lars a enfin une révélation (à plus de la moitié du bouquin, p255 sur 430).
Hourra !!!
Sauf qu'il n'en fera strictement rien, à part quémander inlassablement une liste de noms à une Haiko qui s'y refusera systématiquement... Mais que fait la police ?!? Alors c'est sûr que ça aurait complètement fait foirer le coup de théâtre final sinon.
14) ATTENTION TRÈS TRÈS GROS SPOILER COMPLÈTEMENT INATTENDU : Après l'avoir copieusement baisée (bon ok, je le concède, la scène de cul vaut toutes celles, sans exception, de tous les tomes de la quadrilogie "50 shades"), Lars entreprend de fouiller la chambre alors qu'Haiko est endormie (parce qu'il y a eu une intrusion dans son appart la veille enfin bref).
Il crochète la serrure du tiroir d'un secrétaire et commence à regarder son contenu... Tout à son affaire, il n'entend pas qu'Haiko s'est réveillée et elle le surprend. C'est donc vraiment le garde du corps le plus nul du monde.
15) Pourquoi, à chaque fois qu'une question cruciale est posée, on l'élude ?
Fin de chapitre :
« Pourquoi t'as des comptes en Suisse ? »
Début de chapitre :
Haiko est dans sa salle de bain et se maquille trèèèèèès longuement en pensant au sens de la vie (comme Ana) et en se disant qu'elle n'a jamais agi de façon aussi bestiale avec un homme. Euh...
a) Quel est le rapport avec son pognon prétendument planqué dans l'autre-autre pays du fromage ?
b) C'est pas elle qui au début du bouquin rencontrait des mecs avec des grosses bites sur le net pour se faire défoncer par tous les orifices ce qui la faisait se sentir sale et honteuse... Exactement comme maintenant ?
c) Mais qu'a-t-elle fait lorsque Lars lui a posé la question ? A-t-elle a couru telle une froufroute se planquer dans la salle de bains sans que l'autre tâcheron ne l'en empêche ? A-t-il simplement lâché l'affaire, victime d'une subite amnésie, ou attend-il patiemment derrière la porte (insonorisée pour qu'il ne puisse pas lui parler au travers) ?
En général, le procédé classique veut qu'entre un cliffhanger et sa suite, on intercale un chapitre qui fait avancer une intrigue parallèle ce qui a pour but de pousser le lecteur à poursuivre sa lecture (ou le téléspectateur à se taper encore un épisode)...
Mais pas là non.
Alors c'est quoi comme figure de style ? L'évitement ? Le "j'ai la flemme d'écrire un dialogue hyper important pour la trame alors je vais juste en évoquer le souvenir dans l'esprit de mes personnages comme si de rien n'était" ? (ou "j'ai pas envie, pas le temps, un train ou une biture à prendre"...)
Vas-y dis moi que tu n'es pas dégoûté de moi parce que je suis une fieffée cochonne et que les hommes détestent quand les femmes assument leurs pulsions sexuelles !
16) Non mais WTF ?!? "Les femmes [qui] assument", mon cul : Tu te dégoûtais toi-même y'a 3 pages !!! Et puis aucun homme ne t'a fait de reproches alors laisse-les en dehors de ça, veux-tu ?!? C'est pas parce que Vitaa a dit dans son album que tous les mecs sont des salauds que tu dois t'y mettre toi aussi : c'est pas parce que ta copine mange son caca qu'il faut faire pareil... Le libre arbitre que ça s'appelle.
17) Peut-on sérieusement faire une loi sur la technique du "previously" (p293) en littérature (des fois qu'on ait commencé le livre par une page au hasard) et sur la retranscription de textos (comme chez EL James) ?
18) Lars s'est fait lourder. Haiko et sa mère discutent de l'éventualité d'éloigner Haiko de France momentanément (ce qui était l'idée de départ). Et là, on se demande tout de même pourquoi cette solution ne s'est pas imposée d'elle-même à la minute où Haiko et son association sont devenues la risée des médias, étant donné que c'était la seule chose pour laquelle elle restait en France malgré la fatwa et que c'est juste un tout petit peu pour ça qu'on lui a collé des gardes du corps au cul...
19) Suite à la menace d'un tir de sniper, Karol, le garde du corps, se lance à la poursuite du méchant en laissant Haiko seule avec sa mère dans son appart.
Déjà ça, c'est très très fort : Mettre tout le monde à l'abri ? Se barricader ? Appeler les flics en renfort ? Nan, nan, nan : un sniper agit toujours seul, c'est bien connu, il n'a pas de petits copinous qui pourraient profiter de l'absence du garde du corps pour faire irruption dans l'appartement...
Karol met énormément de temps à revenir vu qu'il s'est fait éclater la tronche et qu'il est un petit peu inconscient.
Et elles non plus n'appellent ni les flics, ni même Jonas, le deuxième trublion : même qu'elles n'y ont pas du tout pensé. C'est pas comme si Jonas était grassement payé par Katia et que c'était son boulot de protéger Haiko...
20) Haiko se promène sur la plage et laisse ses pensées vagabonder. Tout à coup, elle se souvient du danger dangereux, s'inquiète et se retourne pour voir où se trouve son garde du corps. Ouf ! Il est à moins d'un mètre d'elle !...
Un mètre...
Moins d'un putain de mètre ?!?
Non mais vous visualisez ?!? À cette distance elle peut même sentir son souffle chaud sur sa nuque... Mais peut-être que c'était un jour de grand vent... Oui c'est ça, ça devait forcément être un jour de grand vent.
21) Elle a envie de se faire donner, ils rentrent et ils reprennent leur petites habitudes : Karol se tape la bouffe et tout le reste pendant qu'Haiko ne branle rien et picole (syndrome Ana) pendant qu'elle checke les profils des queues qui ont répondu à son appel sur le net (non mais vraiment : pas de visage ici... et ça tombe vachement bien pour la suite). Parce qu'en tant que féministe ultra indépendante cernée par les méchants méprisants, elle "aime qu'on s'occupe d'elle", vous comprenez...
22) D'ailleurs, elle recherche systématiquement des mecs métis sur ses sites de rencontres de cul (mais pourquoi donc ?!?)... Chose tout à fait normale lorsqu'on est menacée de mort (de chercher à se faire déboîter par des inconnus trouvés sur le net pas nécessairement des mecs métis).
23) Karol rentre à Paris parce que sa femme, enceinte de son 4eme gosse, a reçu des menaces. Du coup Haiko s'engueule au téléphone avec sa mère (qui veut qu'elle rentre elle aussi et pas qu'elle reste toute seule dans un bled de la côte basque), le tout en pleine rue (ça s'appelle "faire profil bas").
Elle va à l'hôtel et demande la chambre 421...
Sa vie sur un coup de dés. Son bonheur sur un coup de reins.
Hooooo !!! Quelle coïncidence !!! C'est justement Lars le mystérieux métis inconnu (là, par contre, j'ai vraiment pleuré).
25) Enfin, cerise sur le gâteau, Lars essaie désespérément de calculer la date de leur rapport pour savoir si Haiko est vraiment enceinte... Mais en quoi, putain de bolée de chiée, sans connaître la date de ses dernières menstruations, ça va l'aider à le savoir ?!?
Voilà, voilà, voilà...
Alors certes je serais médisante si je n'avouais pas que c'est efficace... Mais, même si je sais bien qu'Ingrid Desjours est une auteure reconnue, qu'il fallait vite-vite se dépêcher de sortir un livre au sujet aussi sulfureux et que l'argent n'attend pas, EST-CE QUE QUELQU'UN A SÉRIEUSEMENT RELU CE ROMAN, BORDEL ?!?
Un roman sur un sujet extrêmement casse-gueule qui aurait pu être excellent (car l'auteure a l'air sympa dans les remerciements, qu'elle aime bien picoler, qu'elle a un style certain et n'écrit pas non plus avec des moufles) s'il n'essayait pas d'être aussi exhaustif tout en étant caricatural et contradictoire idéologiquement, et dont on se demande si ce n'est pas une commande tant on a l'impression qu'il a été produit à la hâte... À moins qu'il ne soit volontairement profondément bordélique pour faire écho à la société qu'il dépeint ?
Je n'en raconterai pas la fin (parce qu'il me reste, dans certains cas, des relents de respect pour les écrivains et leurs lecteurs) mais si l'on se disait qu'autant de bourdes et d'incohérences allaient être résolues par le truchement d'une quelconque pathologie mentale cachée d'un ou de plusieurs personnages (ou d'un gros delirium tremens généralisé), ben non, pas du tout, rien de plus que ce qui avait été asséné jusque là, avec des twist finaux et des destinées dont on se contrefout royalement.
Alors c'est vrai qu'il n'y a pas de parti pris, qu'exceptionnellement on ne nous bourre pas le mou avec un manichéisme primaire mais, à trop vouloir semer le doute sur la sincérité feinte ou avérée de ses personnages, à force de répéter 100 fois les mêmes problématiques sans les faire avancer, à force d'obstination dans le mensonge (ou le mensonge par omission), et puisqu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, pas un auquel s'attacher, l'auteur parvient à ôter le moindre gramme d'empathie que l'on pourrait ressentir.
Qu'ils meurent, qu'ils vivent heureux avec beaucoup d'enfants, quand arrive le terme du roman, on en a strictement plus rien à faire.
Mais peut-être était-ce l'effet escompté ? Car l'indifférence, certes méprisée en comparaison avec l'amour ou la haine, demeure aussi un sentiment.
Parce que je ne peux pas croire que ça n'a pas été fait exprès...
Ou pas :