16 Février 2015
L'action se passe à San Fransokyo (déjà là y'a matière à creuser en terme de références tokyoïtes VS "poursuites de bagnoles en descente").
Hiro Hamada est un petit génie (mais pas moche, gros ou boutonneux... Loin du cliché physique donc), orphelin de 14 ans (qui a obtenu son bac à 13), passionné de robotique, déscolarisé, qui aime participer à des Bot-Fights vu qu'il n'est pas con mais qu'il s'emmerde et qu'en plus il se fait plein de fric.
Il vit avec sa tante (aka "j'ai pas de gosses à moi, je suis bienveillante et je fais ce que je peux mais putain pourquoi j'ai accepté d'être marraine ?!? Je ne pensais pas qu'ils allaient mourir, ces cons !") et son grand frère Tadashi, étudiant à l'université de technologie locale (mais pas la techno où on fabrique des alarmes de tiroir ou des porte-clés qui sifflent).
Le Tadashi, par un habile jeu de vile manipulation fraternelle, va lui montrer toute l'étendue des possibilités que la fac peut lui offrir (c'est où que ça existe un système scolaire où l'âge et la maturité physique et émotionnelle ne sont plus un obstacle... Ah oui, merde, c'est vrai : c'est une fiction) en lui faisant visiter les locaux de son atelier de création robotique (ouverte jour et nuit apparemment) et en lui présentant ses copains (qui bossent même à 3h du matin itou) et son prototype de robot secouriste Baymax.
Là le gamin a une révélation et va participer à un show-case pour pouvoir intégrer l'école en question, en présentant des micro-robots contrôlés par un bandeau neurotransmetteur (formidable invention mais hautement détournable à des fins néfastes)...
On est là face à un film d'animation plus subtil dans son manichéisme que la moyenne des vieux Disney (parce que Pixar étant Pixar, ils ont quand même été rachetés) avec des personnages pas tous si stéréotypés que ça (malgré le côté "geek-loosers-united color of Benetton") comme le pote hippie-crade-désinvolte qui s'avère être un très gros de gosse de riches (alleluia !).
Une première partie véritablement hilarante dans laquelle on trouve un morceau de comédie d'anthologie lorsque Baymax est déchargé (pour quiconque a déjà ramené un pote complètement bourré... Ou a été ramené complètement bourré par un pote... Ou s'est réveillé lorsqu'un de ses tuteurs légaux étaient complètement bourré... Ou qui aime les situations absurdes non-belligérantes provoquées par quelqu'un de complètement bourré sans vraiment savoir ce que c'est).
Une seconde partie un peu moins percutante, plus classique et plus prévisible dans son exploitation de l'univers Marvel-super héros-baston, où l'enchaînement de rebondissements dessert bizarrement le rythme jusqu'au combat final (mais bon, déjà ils avaient un scénario et ils ont eu le mérite de s'y tenir ce qui n'est quand même pas si mal).
Un film un peu long du coup, 1h42, (d'autant plus quand on est l'heureux propriétaire d'un psychopathe qui attend la fin du générique avant de lever son cul et d'un petit hippopotame dont la vessie a la taille d'un noyau de cerise), à voir surtout pour l'inventivité de sa première partie.
Mais un film drôle, émouvant (ils sont véritablement passés maîtres en matière d'ascenseur émotionnel), pas con, avec plein de niveaux de lecture différents et éminemment positif pour tous ces gamins différents qui ont du mal à trouver leur place (à croire que tous les gens qui bossent chez Pixar & Co en ont souffert quand ils étaient petits tant le sujet revient régulièrement dans les films d'animation récents).
C'est donc un excellent dessin animé, magnifique visuellement (même si la scène du premier vol de Baymax reste un petit peu beaucoup pompée sur Dragons), sans idéologie dégueulasse ou tendancieuse, avec beaucoup de différentes formes d'humour (ce qui ratisse large du coup niveau public) et des pistes de réflexions pas inintéressantes à creuser : on parle ici de deuil, de gestion de la colère, on oppose deux différentes visions de la vengeance, on aborde aussi les lois de la robotique, entre autres.
En bref, ce sont finalement souvent ceux qu'on attend le moins (comme Les mondes de Ralph, délicieusement régressif et complètement assumé) qui nous surprennent (et nous plaisent) le plus (exception faite de Dragons 2, vraie réussite malgré l'exercice hautement casse-gueule).
Et puis il n'y a pas de chansons ! (Ce qui est très important pour la santé mentale de parents qui ont encore du mal à se libéreeeeeeeer, délivreeeeeeeeeeer de l'empreinte auditive laissée par le dernier Disney).
PS (en forme de coup de gueule) : cet avis dithyrambique pourra peut-être néanmoins être nuancé plus tard, lors d'une seconde vision. Et pour cause : certains films ont une saveur particulière en fonction de notre sensibilité du moment. Et lorsqu'on a passé 8 mois éloigné des salles obscures, on court le risque d'être atteint d'un enthousiasme qui peut frôler l'hystérie (ou l'absence momentanée de discernement). Parce qu'en France, ou tout du moins dans les Alpes-Maritimes, on n'est toujours pas foutus de faire des séances Maman-bébé (autres qu'un misérable jeudi par mois à des horaires pas possibles et avec une programmation plus que limitée).