14 Décembre 2017
Miguel a 12 ans. Fut un temps, son arrière-arrière-grand-père, un musicos, a lâchement abandonné sa femme et son enfant, une petite fille prénommée Coco, comme le titre et comme par hasard. Coco qui n’est donc autre que l’arrière-grand-mère de Miguel, pour les deux du fond qui auraient déjà décroché, toujours vivante et qui, dans sa mémoire défaillante, imagine encore que son papa va revenir (GROSSE CHIALE EN APPROCHE !!!!). Du coup, dans la famille de Miguel, on aime assez moyennement la musique. Et forcément, rien que pour faire chier le monde, notre jeune héros ne veut pas devenir fabricant de groles comme le reste de la troupe : il se rêve plutôt musicien comme la gloire locale, Ernesto de la Cruz, décédé quelques décennies auparavant en recevant une cloche sur le coin du râble et dont il pense être le descendant grâce au truchement d’une photo déchirée représentant son arrière-grand mère avec ses parents. Justement, le soir du Dia de los muertos, un concours de chant est organisé sur la Plaza de los mariachi de la costa de la puerta del sol (véridique, à 2 ou 3 poils près). Mais Miguel se fait gauler par sa mémé qui lui pète sa guitare. Il décide alors d’aller voler celle qui se trouve dans le mausolée d’Ernesto (la guitare, pas la mémé). Sauf que piquer un truc appartenant à un mort, c’est pas trop bien vu et que le gamin se retrouve avec une bonne grosse malédiction sur la gueule : il a une nuit pour obtenir la bénédiction d’un membre de sa famille dans le Royaume des ancêtres afin de revenir dans le Monde des vivants...
Comme disait Orson Welles :
J’aime pas trop les voleurs et les fils de pute.
Parce que COCO, c’est quand même un petit peu beaucoup KUBO AU MEXIQUE. C’est d’ailleurs assez incroyable de noter autant de similitudes entre deux cultures pas tellement proches géographiquement ni temporellement.
Alors c’est sûr qu’il y a moins de gens qui auront vu le film en stop-motion des studios Laika mais, manque de bol, c’est notre cas et on l’a même beaucoup aimé. Du coup ça fait légèrement mal au fion... Surtout à un petit garçon qui a eu cette magnifique révélation à la sortie de la séance :
Ah mais ça y est, j’ai compris pourquoi Bart appelle Disney « la société malfaisante » dans LES SIMPSONS - LE FILM !
On passera également sur LA LÉGENDE DE MANOLO sorti il y a 3 ans et qui traitait du même sujet (y aurait-il du pognon à se faire ?).
Alors c’est vrai que niveau animation, les studios de la marque aux grandes oreilles se surpassent de film en film, dans la fluidité des mouvements, dans les textures, dans la précision des détails, dans la transformation évolutive de Miguel en squelette, dans l’esthétique très propre du tout. Mais (parce qu’il y a un mais) il y a un côté très factice dans ce monde des ancêtres, pas très authentique, pas très... mexicain justement. Et si l’on veut aller au bout de la médisance, on pourrait voir ce monde qui ressemble à s’y méprendre à une version Broadway d’une énorme favéla incroyablement clean un peu comme un parc d’attraction, un peu comme se l’imaginerait un américain qui voudrait contenter la communauté des chicanos de son vaste pays qui ne représente aucunement une manne financière par ailleurs...
Mais comme on ne l’est absolument pas, médisant, on va plutôt choisir d’en prendre plein les yeux, de mettre son cerveau en off, de se dire que c’est une formidable idée dans les États Unis du méchant Donald Trump de faire un film sur une tradition de ses ennemis mortels, de se focaliser sur les bonnes idées comme celle qui veut qu’un mort disparaît à partir du moment où il est oublié par les vivants (CHIAAAAAALE !) ou sur Dante qui est au moins aussi con que mon chien...
... de penser que c’est un hommage et pas un viol culturel, de ne pas relever le mélange des genres pas très heureux entre une tentative de reproduire une sonorité mexicaine, rapidement supplantée en cours de route par une instrumentation, une performance vocale beaucoup plus américaines (voire carrément disneyennes), de trouver ça féerique dans une sorte de version light du « ta gueule c’est magique » transformé en « ta gueule c’est merveilleux » pour l’occasion.
Et passer outre ce sentiment étrange qui est là, latent et tapi dans l’ombre et qui empêche d’adhérer à 100%, ce Hector qui gesticule dans tous les sens et sans raison façon convulsion hystérique Bluesky, ce style Kechiche qui nous intime l’ordre de chialer notre race en de multiples endroits et le doublage qui donne parfois l’impression de regarder un épisode de BREAKING BAD (bah quoi ? On a pas droit aux clichés degueulasses mais eux oui ?).
Mais malgré tous ces efforts, je serais tout de même plutôt curieuse de connaître l’avis des mexicains sur ce film, savoir s’ils sont ou pas d’accord avec une partie du public polynésien qui n’était pas super content l’an passé que Disney, avec VAIANA, dénature leur mythologie et fasse du pognon sur les croyances des autres.
Mais au final, n’est-ce pas ce que la marque a toujours fait ? À quelques (belles) exceptions près.