12 Mai 2018
Que nous raconte RAMPAGE : HORS DE CONTRÔLE à part confirmer que Brad Peyton est vraiment très amoureux de Dwayne Johnson, encore plus que dans SAN ANDREAS, leur précédente collaboration, et que les films pour lesquels l’équipe d’adaptation française se sent obligée de rajouter un sous-titre donnent en général d’emblée une bonne indication quant à leur capacité à devenir des chefs-d’œuvre ?
RAMPAGE tout court, c’est tout d’abord un jeu d’arcade sorti en 1986, puis décliné sur consoles et PC, dans lequel de grosses bestioles mutantes s’amusaient à réorganiser l’architecture d’une grande ville tout en régulant drastiquement sa population à grands coups de chicots.
Tandis que RAMPAGE : HORS DE CONTRÔLE, c’est surtout l’histoire de The Rock. The Rock est debout, The Rock est assis, The Rock est couché, The Rock se prend une balle mais The Rock s’en fout car The Rock a des abdos en Téflon, The Rock sait piloter n’importe quel hélico, même quand tout est détruit autour de lui, même quand ils sont tout cassés, The Rock défie la logique, The Rock est plus fort que la mécanique, The Rock est quand même The Rock (merde !), The Rock a tous les permis (mais ça, c’était déjà un acquis pour tout le monde depuis son précédent documentaire sur les plaques tectoniques), The Rock est copain avec un gorille albinos nommé George, The Rock est un homme-muscle, The Rock est bronzé, The Rock a beaucoup de recul sur lui-même, The Rock a des tatouages tribaux, The Rock a la voix de Gordon Ramsay, The Rock s’intitule Davis Okoyé et The Rock est primatologue.
Ainsi, en tant que version body buildée de Tchoupi et adulte responsable aimant la science scientifique, il a appris à son ami poilu à signer des trucs à peu près utiles genre :
Ça va, c’est ok, c’est cool, je vais pas te bouffer tout de suite.
Ou d’autres un peu plus moins comme :
Va violemment te faire sodomiser avec du sel et du citron façon tequila paf.
Ou juste le nom de son interlocuteur, en toute modestie :
Fantasme bipède démesuré qui constitue tout de même une sacrée perf à encaisser en tant qu’être humain, non mais, j’veux dire, t’arrives en soirée et t’annonces que tu t’es tapé Dwayne Johnson, y’a déjà une sorte de respect qui s’installe, un peu comme si t’étais copain avec une hyène.
Ou plus simplement en faisant « toc toc ! qui est là ? » avec son poing sur le dos de son autre poing parce que, même si personne ne le dit, on a tous bien reconnu que c’était The Rock et pas un primatologue (ha ha ha ! , on a trop de complicité, *clin d’œil - clin d’œil*, mettons-nous tout nus et caressons-nous).
Car oui, aussi surprenant que cela puisse être, ce signe, ça ne veut pas dire « Davis » et encore moins « Okoyé » : ça veut surtout dire « The Rock » ! C’est fou comme ça tient à peu de chose la compréhension d’un film quand même... Et le premier qui me sort que c’est pas la peine d’avoir fait langue des signes renforcée coeff 40 pour le piger parce que c’était carrément trop évident, je lui balance un parpaing dans la gueule.
Bref. Le film parle aussi accessoirement d’une sombre histoire d’expériences eugéniques, qui ont lieu dans une sorte d’ISS privée, sur des mélanges génétiques d’animaux qui ont un incroyable talent. Alors après l’agression d’un Rattatac ultra-susceptible qui a légèrement tendance à bouffer l’équipage et à faire exploser la station, les échantillons s’écrasent sur Terre, éparpillés façon puzzle pile sur le territoire des Etats-Unis, car comme la majorité des extraterrestres, ils trouvent que c’est un chouette pays. Là, les trois capsules hyper mega solides de la mort qui sont restées intactes malgré un passage dans l’atmosphère et une chute somme toute assez vertigineuse se font renifler le cul simultanément par George, un loup et un croco et libèrent leurs vapeurs toxiques génétiquement modifiées. Du coup ça rend nos trois animaux encore plus furieux, gros et puissants voire volants.
À un moment donné il y a aussi Jeffrey Dean Morgan qui, après avoir fait chialer à chaudes larmes dans les chaumières (allitération !!!!) dans GREY’S ANATOMY et s’être mis à défoncer des gens d’origine asiatique avec une batte cloutée dans THE WALKING DEAD, passe son temps à feuler en prenant une voix très grave et un sourire carnassier (qui a eu la bonne idée de lui dire que ça donnait une profondeur à son jeu ?) et fait absolument tout pour sortir de la spirale infernale des séries TV en cherchant désespérément à se faire embaucher comme doublure de Javier Bardem au ciné (ou dans le lit la vie de Penelope, c’est possible aussi).
Ajoutons à cette débauche de testostérone les quotas féminins obligatoires avec une héroïne qui semble également avoir été victime de manipulation génétique sur son apparence physique et une méchante qui s’est fait la gueule de Claire Underwood en lui piquant également carrément son prénom parce que c’est quand même THE référence en terme de femme de pouvoir.
Tout pareil que dans la bande-annonce donc, à quelques menus détails près : il manque juste un écroulement de building assez surprenant qui prouve qu’il aura fallu 17 piges aux américains pour faire le deuil du 11 Septembre et nous pondre un immeuble qui se fait éventrer en sa partie supérieure et qui finit irrémédiablement par se casser la gueule... sur le côté. Euh... Z’êtes sûrs de votre coup là ?
Il manque ça, les petites touches de vulgarité verbale et de gestes obscènes, et la façon dont vont crever les bestiaux.
Parce qu’il ne fait aucun doute qu’ils vont crever, faites pas les pucelles effarouchées ! À part peut-être si, comme ma fille, vous avez 8 ans. Alors, et seulement alors, vous pourrez ne pas vous arrêter de chialer votre race à chaque fois qu’un animal en CGI ou en motion-capture sera blessé. Par contre, si, comme elle, les humains qui meurent de façon violente voire trashoune, vous n’en avez rien à secouer, vous pourrez vous targuer d’être une pucelle effarouchée et psychopathe.