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Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Ou FASHION CHICKS en VO... Parce que c'était important de traduire le titre néerlandais en anglais par un autre titre en anglais pour la version française... Parce que "chicks" c'était complètement imbitable pour mes chers compatriotes qui ne sont évidemment pas foutus de parler autre chose que le français... Parce que "girls" c'est bien, ça va, c'est sympa. Bon, ça ne retranscrit pas le message satirique initial mais on s'en fout, ça sonne cool. Et pis ça passe mieux, c'est compréhensible, même si vous avez arrêté vos études d'anglais (et que vous avez survécu) à l'initiation aux langues vivantes que vous avez reçue à l'école maternelle.

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

FASHION GIRLS, c'est donc l'histoire d'Esmée... Oui, Esmée. Tout pareil que la "maman adoptive" d'Edward Cullen dans TWILIGHT. Prénom qui, associé à celui de la mère de Bella, donnera le splendide blase-valise Renesmée, parce que les deux séparés c'était pas suffisamment laid, que moins par moins ça fait plus (ou pire, je sais plus), et que c'est important d'affubler une petite fille d'un truc aussi chatoyant histoire de lui assurer des années de suivi psychanalytique (le fait que ses parents soient des vampires, ça n'était manifestement pas suffisant)...

MAIS POURQUOI J'AI ÇA DANS MA TÊTE ?!?

Faut pas réveiller de vieux traumas, merde !

Esmée, comme son prénom l'indique, c'est donc la moche du bahut. Enfin, il n'y a guère que ses petits camarades pour la trouver suffisamment moche pour la surnommer Smeagol (traduit par "Gollum" pour la VF parce qu'on est décidément trop cons pour comprendre une référence au SEIGNEUR DES ANNEAUX mais pas l'autre) alors que, à moins d'être aveugle, on ne peut que remarquer qu'elle est ultra gaulée sous ses fringues mal coupées, ses lunettes de Nana Mouskouri, sa fausse couperose et sa coupe de cheveux tellement improbable que ça saute à la gueule que c'est une perruque.

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Et comme elle est moche, elle se fait donc passablement persécuter par tous ses congénères (banalisation de l'humiliation et du harcèlement lycéen ou ode optimiste montrant que c'est pas si grave si on s'en bat les couilles, l'histoire ne le dit pas).

Tous la persécutent sauf un : Max, son ami d'enfance. Et tandis qu'Esmée aide sa mère à récurer les chiottes chez sa petite camarade de classe Tiffany, Max livre des pizzas. Bref, comme Esmée, Max est pauvre. Alors oui, forcément, Max est moche. Sauf qu'il est quand même 100 fois plus charismatique que Vince, le beau gosse du bahut qui se tape évidemment Tiffany et dont Esmée est tout aussi évidemment amoureuse en secret.

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

– Qu'est-ce que tu lui trouves à ce gars ?
– Il est grand, il est costaud...

Euh ouais, mais non. À la limite, que tu dises que c'est parce qu'avec ses potes du film, dans la vraie vie, il fait partie des B-BRAVE, sorte de ONE DIRECTION néerlandais (ou de PZK), ok... Mais étant donné que leur public-cible est surtout pré-pubère, ils pêchent légèrement niveau virilité. Donc tu ne peux décemment pas affirmer qu'il est grand et costaud. Surtout qu'en plus le gars t'arrive à l'épaule. Un peu de crédibilité et d'honnêteté avec soi-même dans ce bas monde !

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Mais revenons à Tiffany. En plus de jouir d'une fabuleuse attitude à se manger des coups de pelle, Tiffany est riche. Et donc belle. Et insupportablement prétentieuse. Et conne. Et capricieuse. Et superficielle. Et tricheuse. Et déloyale. Et hystérique. Non mais vraiment : ça n'existe pas des gens comme ça dans la vraie vie, ça n'est pas possible... Quoique.

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Esmée nous raconte donc ses misères en voix off. Passionnée de mode et blogueuse insignifiante (un point commun sur deux !), elle va être sélectionnée pour faire un stage chez un grand créateur (avec Tiffany, toujours flanquée de ses deux copines qui lui léchent le cul en permanence, cela va sans dire).

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Par l'habile truchement d'un scénario absolument pas artificiel, elle va se transformer en Lizzy : reléguée dans la réserve à rien glander sinon fabriquer sans vraiment le vouloir ses propres créations, elle sera relookée en blonde par l'assistant de la patronne, avec une sorte de postiche auto-ajustant (un peu comme les Baskets de Marty McFly) dont on ne voit absolument pas que ce sont ses vrais cheveux, devenant pour le coup véritablement méconnaissable (même si les gens tels que la-dite patronne ne sont pas très physionomistes).

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

– Mais qui est donc cette Lizzy qui passe à la télé...

... que nous avons croisée tout à l'heure dans l'ascenseur alors qu'elle était déjà déguisée en bombasse ?

De là, elle va se mettre à faire des tutos sur YouTube et connaître une succès fulgurant.

La gloire lui montera-t-elle à la tête ? Va-t-elle à son tour devenir un grosse conne à mesure que sa côte de popularité grimpera ? Va-t-elle oublier qui elle est et son sens de l'humour ? Va-t-elle se taper le méchant B-Brave ou finira-t-elle avec le gentil Max ? Gagnera-t-elle le concours des jeunes créateurs ? Y aura-t-il un moratoire sur l'utilisation du selfie ? La supercherie sera-t-elle découverte ? Aura-t-on droit à un happy end ou va-t-elle développer une maladie rare, incurable et foudroyante qui poussera Tiffany à partir vivre dans un ashram pour relativiser le sens de sa propre existence et ensuite entreprendre des études de littérature médiévale ?

Ne comptez surtout pas sur moi pour vous en raconter plus. Parce que c'est un tout petit film, mais un tout petit film qui vaut le coup d'œil. Alors certes, comme ses homologues américains, il respecte scrupuleusement le cahier des charges de tous les clichés inhérents au genre dont vous avez eu un petit aperçu plus haut et l'adjonction de prétextes narratifs pas très cohérents pour caser du comique de situation (depuis quand promener le chien signifie le ramener sur son lieu de stage ?). Mais il s'en amuse aussi. Et, tout ceci n'est donc pas dénué d'un certain second degré à la limite de la parodie plutôt sympathique.

On peut penser au chef d'œuvre L'ATTAQUE DE LA POM-POM GIRL GÉANTE pour la connerie des méchantes des deux films qui est assez similaire et l'héroïne un poil trop âgée pour jouer une lycéenne (lorsque Lizzy drague Vince, qui lui, en plus, fait très jeune, c'est criant), même si le film est bien moins nanarisant, moins vulgos, moins trashy et moins tuning corporel aussi. On peut aussi penser à la comédie culte CLUELESS pour son auto-dérision et la scène où Lizzesmée marche seule dans la rue et repense avec nostalgie à ses moments de complicité avec Max (manquait plus que "All by myself" à fond et on y était).

Quand les hollandais s'essaient au teen movie américain : FASHION GIRLS de Jonathan Elbers [critique]

Bref, c'est marrant, parfois intentionnellement et parfois pas, c'est efficace et c'est frénétique malgré quelques couacs au niveau du rythme.

Alors même si c'est vu et revu, si c'est ultra prévisible, si c'est un peu niais, si ça n'est pas du grand art et si c'est stupide à souhait, le film n'a pas à rougir de ses aînés américains. On y passe un moment plutôt agréable, sans prétention aucune, à prendre au second degré. Et franchement, de temps en temps, ça fait du bien.

FASHION GIRLS, bande annonce VF

FASHION GIRLS, disponible en DVD édité par Koba films depuis le 8 février 2017.

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