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FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Après Timbuktu l'année dernière, l'académie des César poursuit sa logique implacable en récompensant un long métrage, lui aussi encensé par la critique, qui appartient à la catégorie des FIDOPPDDM (Films Intouchables Dont On ne Peut Pas Dire Du Mal).

Alors comme pour Timbuktu l'année dernière : challenge accepted !

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

D'entrée de jeu, nous découvrons Fatima, ses deux filles et la copine de l'aînée dans la cage d'escalier d'un immeuble de la vieille ville locale où elles attendent visiblement quelqu'un. Et ce quelqu'un est une quelqu'une : blanche, blonde, enrobée, le cheveu mal peigné et la peau grasse (ALERTE CLICHÉ DE LA RACISTE DE BASE !!!!), la vilaine dame arrive enfin et, les voyant toutes plus maghrébines les unes que les autres, leur annonce qu'elle est bien emmerdée mais qu'elle ne va pas pouvoir leur faire visiter l'appartement car, c'est ballot hein, mais elle vient tout juste de paumer les clefs (paye ton excuse pourrave). Et voilà nos quatre protagonistes qui repartent broucouilles, un poil humiliées mais résignées, dignes et combattives...

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Voilà, voilà, voilà : ça démarre très, TRÈS fort... Mais bon, on va quand même laisser au film le bénéfice du doute parce qu'elles essaient de dédramatiser en se vannant, parce que les gros cons ça existe, qu'on ne peut pas faire l'impasse dessus, que ce serait même très naïf et erroné de laisser penser qu'il n'y en a pas et puis tant qu'on ne sombre pas dans le manichéisme primaire...

FATIMA, c'est donc l'histoire de Fatima (ça peut sembler un peu mystérieux comme ça mais ça s'explique quand on voit le film. Si si, je vous jure !). Et Fatima est une formidable mère-courage de deux magnifiques filles, qui ne vit plus avec leur père qui lui (ALERTE CLICHÉ MISANDRE !!!!) a refait sa vie (et qui a la même voix qu'Omar Sharif).

L'histoire ne dit pas si cette autre vie est antérieure, postérieure ou concomitante avec celle où il a eu 2 enfants avec Fatima (ALERTE INSINUATION RACISTE DEGUEULASSE !!!! Oh c'est bon hein : si le film les enfile comme des perles, j'ai le droit aux clichés pourris moi aussi d'abord !).

Bref, elle se tue à la tâche en faisant le travail le plus horrible, le plus honteux, le plus ingrat et le plus dégradant qui soit : femme de ménage.

Comble du malheur, sa fille cadette, Souad, est collégienne : en effet, douce, volontaire et distinguée c'est un véritable poème qui, en plus de faire la fierté de son entourage, utilise une forme toute personnelle de ponctuation, dans laquelle le "wesh" serait une virgule et le "de ouf" remplacerait tous les types de point en fonction de l'intonation donnée à cette interjection raffinée. Petit résumé de l'état d'esprit de la demoiselle (CLICHÉ ADO HLM EN APPROCHE !!!!) :

Alors que sa mère se saigne aux quatre fromages, elle lui balance :
– Je préfère voler plutôt que de nettoyer la merde des gens !

TIDING !... Oui à partir de là je vais faire sonner une petite clochette pour chaque stéréotype.

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Mais après, elle s'en veut vachement et va pleurer dans le giron de son papounet (un homme travailleur et fier des réalisations auxquelles il a participé dans le bâtiment (TIDING !), qui ne participe pourtant pas financièrement à la survie de ses deux filles mais qui offre à la plus jeune des baskets Adidas (TIDING du père divorcé) parce que c'est important d'avoir le sens des priorités). Parce qu'en fait, si cette adorable jeune personne mord la main qui la nourrit (en lui aboyant des saloperies à la gueule), se trouve plein d'excuses pour être une grosse branleuse lâche et égoïste qui ne fout rien en classe et met sa fumisterie sur le dos du Ramadan, c'est uniquement pour marquer sa rébellion rebelle entraînée par son mal-être et son désespoir intrinsèquement liés au déshonneur que constitue le fait que sa mère fasse des ménages... TIDING-TIDING-TIDING !!!

Excuses toutes plus fallacieuses les unes que les autres et qui servent évidemment à renforcer très très subtilement l'empathie du spectateur pour la courageuse Fatima (puisqu'elle aussi doit certainement faire le Ramadan mais qu'elle ne passe pas son temps à geindre et à glander...).

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).
FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Heureusement que, d'un autre côté, Fatima a une fille aînée, Nesrine (aucun lien avec Jacques). Étudiante en première année de médecine, elle est nettement plus mature et nuancée (TIDING-TIDING). Malgré le handicap judicieusement souligné en début de film que constituent ses origines, elle finit par trouver une colloc avec sa copine. Copine qui ne fait pas médecine mais une école d'infirmière ce qui explique qu'elle soit nettement plus délurée puisqu'elle fume, sort, couche (TIDING !!!!).

Mais si Nesrine ne fait pas la teuf, ce n'est pas parce qu'elle préfère bûcher comme une tarée pour réussir son année : c'est parce qu'elle ne veut pas avouer que sa mère donne dans le nettoyage (c'est juste ce qui paye tes études)...

– Salut ma mère est femme de ménage.
– Ah. Mais sinon comment tu t'appelles ?
– Je m'appelle Nesrine.
– Bon ben désolé Nesrine mais ce soir c'est réservé aux CSP +. La soirée CSP - c'est demain.

Bien sûr que c'est comme ça que ça se passe !

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Ainsi, comme on l'a dit plus haut, sa colloc-fofolle fume. Ce qui inquiète au plus haut point le papa de Nesrine (parce que son camarade de chambrée au foyer (TIDING !) fumait et que c'est pour ça qu'il a commencé lui aussi - TIDING !). Alors ils auront une grande conversation où la fille tiendra tête à son paternel, où elle se libérera du joug de la tradition (TIDING !) et le mettra face à ses contradictions misogynes (scène que certaines féministes ont certainement dû applaudir de toutes leurs escalopes)... Euh, loin de moi l'idée d'être médisante mais c'est pas un peu complètement discriminant comme discours ? Non parce que ceux qui n'ont pas entendu au moins une fois un membre de leur famille (homme ou femme d'ailleurs) quand ils étaient petits prononcer cette superbe maxime "une femme qui fume dans la rue, c'est vulgaire" me jettent le premier parpaing (bon, peut-être pas un parpaing, ça doit faire vachement mal).

Bref, pour réussir à boucler le budget, Fatima multiplie les heures et les contrats (et dépose ses bijoux chez ma tante). Et elle se retrouve à nettoyer la baraque de riches dont le fils fait forcément lui aussi médecine. Comment sait-on que c'est un branleur sans valeur qui ne respecte rien ni personne ? Et bien parce que Fatima retrouve un billet de 10€ dans la poche de son jean sale pardi ! Et là, ô stupeur : Fatima glisse l'argent dans la poche de sa blouse... Puis se dirige humblement vers sa patronne (qui ne peut la déclarer que 2h, la voleuse !) pour le lui rendre avec tout le respect à la limite de la dévotion qui la caractérise.

Ha haaaa !!! Vous avez cru qu'elle allait voler l'argent, bande de petits salopiots !!!! (TIDING)

Euh, ben non, pas du tout en fait.

Évidemment, Fatima va assister à l'engueulade téléphonique entre sa patronne et le fils prodigue. Puis s'ensuivra un superbe dialogue entre les deux femmes (attention, accrochez-vous : ça va secouer) où l'on apprendra que les riches n'en branlent pas une pendant que les pauvres sont méritants et travailleurs (ALERTE INSTANT CHARLEMAGNE !!! TIDING-TIDING-TIDING !!!).

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Puis la riche bourgeoise prendra ce ton incroyablement condescendant et paternaliste pour expliquer à Fatima qui, étant donné sa condition, ne doit pas tout bien comprendre à la vie (TIDING !), que les médecins ce sont les gens qui soignent les maladies (TIDING !... Bon ok, j'extrapole peut-être un peu là) et que du coup c'est vachement super trop difficile de le devenir (TIDING !) et qu'il faudra que sa fille bosse encore plus dur (TIDING déterminisme social !) puisque personne ne peut l'aider à la maison (TIDING-TIDING !!!!). Ce à quoi Fatima répondra qu'elle aide sa fille à sa façon en lui faisant la lessive et en lui préparant des Tupperware de bouffe (TIDING éducationnel "il y a plusieurs façon d'aider ses enfants" avec bonus "mange-toi ça dans les dents la greluche !"... Euh, Fatima, c'est pas très modeste et servile de répondre comme ça, espèce de petite coquine insolente !).

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Pour s'évader du travail humiliant et des discours néo-colonialistes qu'elle se coltine à longueur de journée, Fatima écrit de la poésie en arabe. Et comme elle ne lit ni n'écrit le français, elle prend des cours du soir (de français pas d'arabe... Non mais je précise parce que c'est pas si logique que ça en fait). Cours du soir qui ressemblent à des stages intensifs de discrimination visuelle de maternelle ("entoure le même mot à chaque fois que tu le vois") afin d'aider les non-francophones à remplir les documents administratifs (TIDIIIIIIIIIIING !!!!!!!)... Gageons que pour une poétesse, c'est exactement ce qu'elle doit rechercher dans son apprentissage du français.

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Comme sa cadette déconne à blinde, Fatima, convoquée au collège, est contrainte d'abandonner son poste 15 minutes avant l'heure. Par conséquent, elle se fera vertement tancer par ses méchants patrons vilains pas beaux sans cœur qui demanderont expressément à ce qu'elle reste 4h quand elle est payée pour 4h (TIDING capitaliste déshumanisé !) même si son taf est fait et même en cas de force majeure.

(Parce que c'est vrai que les gens qui abusent, ça n'existe pas et que plutôt que de n'être que dans l'indignation et l'acharnement injuste sur cette pauvre Fatima, il n'aurait pas du tout été intéressant et constructif de montrer que ce sont toujours les gens normaux qui en prennent plein la gueule à cause des connards ?).

Lors de la réunion parents-professeurs au collège de Souad, Fatima fait la connaissance des parents d'Aurelie qui expliquent qu'ils veulent inscrire leur fille dans un lycée hors secteur l'année suivante (TIDING) pendant que Fatima, elle, se sent complètement larguée car elle a bien d'autres préoccupations beaucoup plus pragmatiques et réelles (TIDING culpabilisation du spectateur qui serait tenté de faire pareil pour ses gosses).

C'est un détail dont on se contrefout totalement jusqu'à ce qu'on comprenne que c'est un prétexte pour introduire le moment où Fatima croise la maman d'Aurelie au supermarché et où cette dernière trouvera l'excuse d'être super pressée pour ne surtout pas avoir à discuter avec elle (TIIIIIiiiiii... Désolée, j'ai tapé trop fort).

Comme Fatima n'en chie pas encore assez, d'autres femmes maghrébines de sa cité (TIDING réparée !) lui cherchent querelle en affirmant qu'elles ont croisé Nesrine fort loin de son campus et qu'en bonne fille occidentalisée qui fait des études, elle a eu l'outrecuidance de ne pas les saluer (déjà qu'elle porte pas le voile cette pute).

Et là, avec les méchants blancs racistes et les gentils arabes (et si les arabes sont méchants c'est envers les gentils arabes qui ont décidément un sacré karma de merde en se prenant le double effet Kiss Cool dans la gueule... Heureusement que les jeunes sont un peu moins cons et remontent ainsi le niveau d'ailleurs), on ne sombre clairement pas du tout dans l'écueil redouté : le manichéisme.

Forcément, le surmenage aidant, Fatima va finir par se vautrer dans les escaliers (au terme d'une cascade incroyable intégralement réalisée par Michael Bay). Au bout de 5 mois de convalescence, Fatima ravalera une énième fois sa fierté (TIDING !) en suppliant son gentil médecin généraliste blanc de prolonger son arrêt de travail (TIDIIIIING !!!) car elle ne peut plus porter les seaux d'eau nécessaires à la réalisation des travaux inhérents à sa profession.

On en parle de ceux qui continuent à nettoyer la merde (ou autre) même en étant malades à crever et en souffrant comme des chiens tout ça parce qu'ils ne peuvent pas s'arrêter de bosser ou c'est pas la peine ? (Quoi ? C'est pas une compèt ?)

Mais c'est qu'il refuse le bougre ! (Et quelque part, on est presque rassurés : s'il restait adjuvant jusqu'au bout, ça aurait complètement déséquilibré le discours du film) Et il la dirige vers sa consœur de la médecine du travail. Consœur qui, magie du scénario, se trouve être elle aussi d'origine maghrébine (TIDING !) et médecin en qui Fatima trouvera enfin une oreille attentive et compréhensive (TIDING !!!).

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Et à la fin... SPOILER ALERT !!!

Fatima se décidera à lui lire son plus bel ego-trip (sont bizarres les consultations de la médecine du travail quand même) puis à faire lire ses poèmes à sa fille aînée, fille aînée qui elle réussira sa première année de médecine (et Fatima mettra à profit ses cours du soir en retournant devant les listes des admis afin de pouvoir y lire toute seule le nom de sa fille).

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Ce film a donc été primé 3 fois, au terme d'une cérémonie des César "Tout le monde a gagné !" qui a ratissé super large (pas de risque de polémique ici comme aux Oscars, on est des ptits malins nous et en plus on n'aime pas les disputes)... Bon à part Maiwenn mais c'est hype de lui chier dessus, Audiard mais son film a eu la Palme d'Or et Les Cowboys... Parce qu'après Charlie et le 13 Novembre, on a dit :

Positive la vision de l'Islam, bordel !

#Pasdamalgame

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Zita Hanrot y a d'ailleurs reçu le César du meilleur espoir féminin. Alors certes, elle est très jolie. Mais, à l'instar Sofia Lesaffre dans LES TROIS FRÈRES LE RETOUR (mais dans une nettement moindre mesure, faut pas pousser), être jolie ne veut pas dire que tu joues bien... Bon, ça n'est pas non plus la pire prestation du siècle et à sa décharge, elle est tout de même largement au-dessus de celle de sa jeune sœur de fiction qui est en compet' avec elle-même niveau bafouillages et usage improbable d'un registre langagier verlan (TIDING) qui se veulent réalistes mais qui sonnent incroyablement faux... Ceci étant dit, elle apparaît tellement tête à coups de pelle qu'elle est finalement parfaite.

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

À moins que cette absence de fluidité dans les dialogues, ce petit côté "sitcom" irréel et très amateur ne soit simplement le fait du réalisateur...

FATIMA de Philippe Faucon (César 2016 du meilleur film).

Reste Fatima. Alors oui, c'est vrai, Sofia Zeroual, comédienne non professionnelle (ce qui sous-entend que les autres le sont ?!?), est très douce, sensible, appaisante, bienveillante, charismatique et son jeu tout en pudeur est en totale adéquation avec l'humilité, la sagesse et la philosophie de son personnage éminemment positif et vertueux, à la limite de la sainteté... Oh mais attendez : cette abnégation, ce don de soi, ce charme oriental, cette grosse tendance à encaisser les coups sans les rendre, ça serait pas un petit peu carrément christique ?... Bref, heureusement qu'elle est là pour illuminer le film (et c'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elle a le rôle-titre en fait... Je vous l'avais dit que c'était pas évident mais que tout s'expliquait !). De là émanent donc deux questions essentielles : joue-t-elle vraiment la comédie et à quand la canonisation ?

Un film social qui pourrait être somme toute mignon, inoffensif et plein d'espoir s'il n'était pas aussi caricatural, s'il ne se montrait pas profondément segmentant et s'il ne véhiculait pas moult clichés et un message angélique très limite qui prône que "tout le monde il est gentil" tout aussi dangereux que celui qui assure que "tout le monde il est méchant".

Alors puisque le film a été maintes fois récompensé, je tiens à mon tour à remercier chaleureusement M. Philippe Faucon, Arte, Pyramide et toute l'équipe du film pour m'avoir appris que les femmes de ménage arabes ont une âme et un cerveau. Et comme ce sont des choses qui ne sont apparemment absolument pas évidentes, je m'en vais dès maintenant me mettre en quête d'un film qui m'expliquera que les noirs, les asiatiques, les homosexuels, les juifs (...) sont des êtres humains. Bisous !

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