18 Août 2015
Si l'on suit le développement de Twilight (dont, petit rappel, la trilogie 50 shades est un plagiat... Ou une fan fiction, appelez ça comme vous voulez), l'idée de passer tout un tome dans la tête du personnage principal, Ana, sujette à une bonne grosse dépression post-abandon (comme quand Bella se fait larguer par Edward) s'annonçait d'emblée extrêmement douloureuse... En effet, on pouvait craindre le pire : car même si les scènes de cul du premier opus se révélaient être au plus près du degré zéro de l'érotisme littéraire, elles avaient au moins le mérite d'entre-couper les discussions métaphysiques entre les deux protagonistes (leurs échanges de textos) et les pensées hautement philosophiques de la Ana et de sa déesse intérieure.
Et bien que nenni : en tout et pour tout, ils vont rester séparés 5 jours.
Le côté positif c'est que, sur le départ, entre les dialogues et les mails, ça se lit vite, un peu comme l'équivalent en littérature du mètre de shots de vodka aromatisée à boire cul-sec jusqu'à dégueuler.
Mais c'est après que ça se gâte : il ne se passe absolument rien. Tout se déroule selon un emploi du temps rythmant leurs soirées et annoncé à l'avance (l'expo de José, le gala de charité, le retour d'Ethan, celui de Kate, l'anniversaire de Christian), les journées (à l'instar des scènes de cul) se suivent et se ressemblent (ils se lèvent, ils baisent, ils partent rien foutre au boulot, ils s'envoient des messages, ils se retrouvent le soir, ils baisent) avec ça et là des "imprévus" totalement prévisibles (Leila dans l'appartement d'Ana, la demande en mariage, la "tentative de viol", la promotion d'Ana, le happening d'Elena et de la mère de Christian à l'annonce des fiançailles) et un rappel quotidien des événements de la journée (mais peut-être que personne n'a dit à l'auteure que le plan ne doit pas apparaître dans le développement du récit ?), le tout dans un espace-temps de seulement huit jours après leurs retrouvailles (pas étonnant que ce soit aussi pauvre au final... Même si Ana considère qu'il se passe trop plein de choses trop intenses dans sa vie).
Ceci étant-dit, en terme d'érotisme (ou plutôt de pornographie), on peut dire qu'elle prend cher ou en tout cas (très) souvent (même si c'est toujours la même chose accessoirisée de différentes façons, qu'elle est toujours aussi passive, que tout se conclut systématiquement par une jouissance simultanée, que le vocabulaire et les tournures de phrases restent extrêmement répétitives voire absurdes... Voire carrément comiques) et que parmi les nouveautés syntaxiques, ses orgasmes lui font à présent systématiquement "disjoncter" ou "exploser le cerveau", ce qui tend à expliquer bien des choses...
Quand on pense que certains ont critiqué Vice-versa en disant que l'esprit humain ne pouvait se résumer aux seuls joie, peur, tristesse, colère et dégoût... La psyché de la Ana, quant à elle, est encore plus réductrice que ça, littéralement binaire : c'est uniquement une histoire entre sa "conscience" et sa "déesse intérieure", sa raison et sa passion, son éducation et ses pulsions, son cerveau et sa libido, sa tête et sa chatte en somme.
Et que dire du texte en lui-même ?
J'avais lu le tome 1 en italien et là où il appelait Ana "piccola", ce qui revêtait un caractère un peu crade, un peu pervers, il l'appelle "bébé" en français, ce qui, au "mieux", fait penser à "Dirty dancing" au pire à un couple d'ados attardés dans une émission de reportages à la con genre "Le tuning est le seul amour de ma vie"... Sans parler évidemment de la nature des rapports de domination entre les deux personnages qui sont plus de l'ordre de l'infantilisation mutuelle glauque et malsaine.
On peut aussi ajouter qu'elle est nettement plus ordurière en français qu'en italien, même si elle emploie des expressions comme "bon sang de bois" ou "de bonsoir", ce qui pousse l'incohérence générale jusque dans le vocabulaire des personnages.
Bref, un roman qui s'adresse clairement à des ados (tout en insultant leur intelligence), en leur donnant, comme Disney ou le porno, des attentes irréalistes envers l'amour, le sexe, les hommes et leur propres capacités physiques (avoir envie tout le temps et à toute heure ? Pas de problème ! Avoir un orgasme à chaque fois ? Pas de problème ! Être toujours parfaitement épilée ? Pas de problème ! Se laver les cheveux une fois tous les 10 jours sans ressembler à un épouvantail ? Pas de problème ! Vu qu'elle décrit le moindre petit détail insignifiant de sa vie, ne jamais aller au toilettes sans mourir d'occlusion intestinale ou exploser ? Pas de problème !...), vraiment mauvais tant dans la forme que dans le fond si on le prend au premier degré mais qui peut être très drôle si on le considère comme une parodie et si on arrive à passer outre la lecture légèrement incestueuse et liberticide (pas si déformée que ça) que l'on peut en faire.
Alors si vous voulez briller en société sans vous farcir le bouquin, ou juste comprendre (ou pas) ce qui rend les lectrices hystériques et ce qui a hissé ce "livre" au rang de Best seller planétaire, je l'ai intégralement résumé pour vous ici, sans rien vous épargner :
Précédemment dans "Cinquante nuances de Grey" : Par un beau matin du mois d'Août 2015, dans un pur moment d'égarement (de désœuvrement ?), fruit des efforts conjugués d'une profonde euphorie (suivie d'une grosse gueule de bois) et d'une volonté d'auto-flagellation, et alors même que j'avais dit "jamais, plus jamais", je craquai.
http://www.delacritiquehysterique.com/2015/08/lecture-de-cinquante-nuances-plus-sombres-jour-1.html