11 Juillet 2016
Emad et Rana sont contraints d'abandonner leur logement pour cause de construction adjacente d'une nouvelle résidence, réalisée avec une conception bien particulière du BTP qui a pour conséquences de provoquer fissures, lézardes ou autres explosions de fenêtres et de menacer leur immeuble de s'effondrer...
Un pote à eux, Babak, qui joue dans la même troupe de théâtre, leur propose un nouvel appart dont il connaissait la précédente locataire, une prostipute en free-lance.
Un soir Rana décide de rentrer après leur représentation de MORT D'UN COMMIS VOYAGEUR en laissant Emad se prendre copieusement la gueule avec le comité de censure. Elle est sous la douche lorsque la sonnette retentit. Pensant qu'il s'agit de son mari, elle ouvre à l'interphone puis entrouvre la porte d'entrée de son appartement et retourne sous la douche... Sauf que c'était pas son mari (compréhension du titre dans 5-4-3-2...).
LE CLIENT est un film magnifique, tout en subtilité, en pudeur et en justesse dans son traitement des rapports, des réactions et des comportements humains. Un film réaliste et universel qui parle de culpabilité, de vengeance, de honte, de déshonneur, de fierté, de self-control, d'hypocrisie, de mensonge, d'apitoiement, d'apparences, de morale, de jugement, de simulacre, de pardon, de dignité, d'incompréhension et d'amour...
Magistralement mis en scène, il permet habilement de se mettre à la place des personnages, sans toutefois chercher aveuglement une empathie forcenée... Et il y aurait une véritable étude à faire sur les différents procédés cinématographiques utilisés pour nous embarquer avec eux, nous faire comprendre la force de cette femme, l'évolution des motivations de cet homme... Au risque de tomber dans une forme de masochisme eu égard au thème abordé et de vider l'oeuvre de son âme.
Alors c'est sûr que, si on veut déconner (parce que le sujet est dur et que, parfois, on en a besoin), on pourra reprocher au réal de ne pas utiliser le portable de l'agresseur pour le démasquer (ou lui fracasser sa petite gueule) et une scène de fin un peu longue (bien que, si on est vraiment rentré dans le film, sa durée soit largement nécessaire pour appréhender tout l'aspect lancinant, toute la douleur de la situation, son incrédulité, comme une spirale, un gouffre prêt à engloutir les personnages).
Et c'est là toute la force incroyable de cette histoire : réussir à faire comprendre et ressentir au spectateur toute l'humanité et la complexité de ses personnages, quels que soient leurs actes.
Un film qui met en colère parce que la vie n'est pas aussi simple, que le monde n'est pas aussi manichéen que dans les revenge-movies, parce que la loi du talion ne peut guérir toutes les blessures (si tant est qu'elle puisse en guérir), parce qu'il n'y a parfois qu'un aveu d'impuissance face à certains drames, parce que c'est dégueulasse, parce que c'est trop con, parce que c'est injuste, parce que c'est irréversible.