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EL ANGEL de Luis Ortega (Cannes 2018, Sélection Officielle, Un Certain Regard) [résumé] & [critique]

Carlos Eduardo Robledo Puch est le plus grand tueur en série argentin.

Ce qu’il va faire va vous étonner !

EL ANGEL de Luis Ortega (Cannes 2018, Sélection Officielle, Un Certain Regard) [résumé] & [critique]

Voilà, en gros, le pitch correctement putawatch qu’on pouvait lire du film avant sa projection cannoise.

On est en 1971 à Buenos Aires et, à l’époque, tout le monde l’appelle Carlitos. Il vit chez son papa et sa maman, et va dans un nouveau bahut technique parce qu’il a un petit peu fait un léger et court séjour en maison de correction. Bref, en 1971, Carlos Eduardo Robledo Puch a 17 ans.

Le problème, c’est donc qu’il aime voler. Et qu’en plus il est rudement doué pour ça, un peu comme une seconde nature, un peu comme un Rom sur W9 ou TMC. Sauf qu’il est argentin, qu’il vit dans une famille sédentarisée et honnête, qu’il agit avec une nonchalance et un naturel confondants, sans aucune forme d’empathie pour ses victimes (sans aucune forme d’antipathie non plus ou de véritable quête à la con d’une quelconque revanche sociale d’ailleurs), qu’il a de jolies bouclettes blondes, un visage poupin, un look tout droit sorti du PÉRIL JEUNE et de THAT ´70S SHOW (miracle de l’époque et de la mondialisation), une bouche pulpeuse de ouf et un regard doux, gentil et profond, pas du tout inquiétant (ou tout du moins rarement).

Faut dire que son interprète, Lorenzo Ferro, n’est pas réellement un psychopathe (enfin je ne crois pas)... Même si c’est vrai que sa ressemblance avec la gueule d’ange de Carlitos est frappante. Oh mais attendez... *compréhension du titre dans 5-4-3-2-1*

EL ANGEL de Luis Ortega (Cannes 2018, Sélection Officielle, Un Certain Regard) [résumé] & [critique]

Dans son nouveau lycée, il tombe sous le charme d’un dénommé Ramon, version 2.0 mais vintage de John Leguizamo période MARIO BROS MOVIE. Après une surprenante parade de séduction à base de clope et de chalumeau, ils deviennent copains. Alors Ramon lui présente sa famille dysfonctionnelle : une MILF nymphomane et un repris de justice à la couillette furtive.

Et là, tout s’éclaire pour Carlitos, comme si, après des années de séquestration chez les Le Quesnoy, il découvrait d’un coup les Groseille : Ramon, son papa et sa maman vont devenir une sorte de nouvelle famille (abusive) et ils vont former une parfaite association de malfaiteurs. Au moins pendant un temps...

Jusqu’à ce que Carlos se mettent à buter des gens. Bon au début c’est pas fait exprès, c’est un cambriolage qui tourne mal et le coup part tout seul. Un meurtre-réflexe en somme. Un peu comme dans THE VOICES. Sauf qu’au lieu de provoquer du dégoût ou de la culpabilité chez lui, ce premier meurtre est davantage vécu sur le plan de l’incrédulité, de la distanciation voire de la curiosité (un peu comme dans THE VOICES... aussi).

EL ANGEL de Luis Ortega (Cannes 2018, Sélection Officielle, Un Certain Regard) [résumé] & [critique]

Du coup, ça devient hyper facile de réguler l’espèce humaine à la pelle par la suite et, pas besoin de préméditation, de séquestration ou d’accessoires sympas (à part peut-être une fois) : tout devient prétexte à tuer des autres quelqu’un (par vengeance, parce qu’ils sont au mauvais endroit au mauvais moment, parce qu’ils le gênent, parce qu’il ressent des trucs pour les autres garçons et qu’il l’assume pas trop-trop, parce qu’il est amoureux, parce qu’il est jaloux)...

EL ANGEL de Luis Ortega (Cannes 2018, Sélection Officielle, Un Certain Regard) [résumé] & [critique]

Même si, au final, ce ne sont pas tant les meurtres que la personnalité de Carlitos, le véritable sujet du film. Parce qu’on n’est définitivement pas dans un thriller lambda qui loucherait perceptiblement vers l’Amérique du Nord, sur de l’ultra-réalisme trash, sur un film sombre à l’image de l’âme du personnage principal (subtile métaphore moralisatrice inside).

Ortega choisit une autre façon de raconter cette histoire, une autre métaphore dont je laisse la subtilité à l’appréciation de chacun : avec quasiment une chanson par scène, le réalisateur invente le biopic de serial killer comédie romantique musicale, et met en parallèle le ton enjoué, léger et même parfois drôle du film avec la désinvolture et l’inconséquence de son ange qui ne voit absolument pas le mal dans ce qu’il fait.

Si on rajoute à ça que la réalisation est très efficace, que la reconstitution est bluffante, que les acteurs sont très bons et qu’on évite donc le sensationnel dégueulasse, on est face à une très bonne surprise.

EL ANGEL de Luis Ortega (trailer)

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