16 Mars 2017
Pierre a été un écrivain prometteur mais n'est plus rien du tout. Faut dire qu'il n'a rien écrit depuis 15 ans aussi, cette grosse feignasse. Lors du remariage de son ex-femme, il rencontre Joseph, homme de l'ombre et de main dans l'univers politique, qui lui propose de devenir nègre littéraire en produisant un appel à l'insurrection. Le tout visant à déboulonner le ministre de l'intérieur en place ainsi qu'un groupuscule prétendument terroriste d'extrême gauche avec la jolie Clémence Poesy dedans, cultivateur de plantes potagères en banlieue (c'est à ça qu'on reconnaît qu'ils sont d'extrême gauche), dont le chef se trouve justement être un de ses anciens copains...
Alors le gros problème du film c'est que niveau immoralité et jeux de pouvoir, il peut difficilement soutenir la comparaison avec HOUSE OF CARDS. Ainsi, on retrouve bien ici cette thématique qui montre que les puissants ainsi que ceux qui gravitent autour d'eux sont extrêmement cyniques et rongés par l'ambition, qu'ils ne recherchent qu'à obtenir le pouvoir (ou, lorsqu'ils l'ont, à en avoir encore plus) et cette autre, encore plus sarcastique, qui veut que les idéaux et l'idéologie ne soient vraiment bons que pour divertir la plèbe (enfin, une partie seulement, faut pas déconner, parce qu'il faut pouvoir se le permettre financièrement, de rien branler en refaisant le monde). Mais André Dussolier a l'air bien trop gentil pour être Kevin Spacey et son personnage de Joseph n'est pas Franck Underwood, ni Douglas Stamper d'ailleurs.
Mais c'est vrai que, sans mauvais jeu de mots (mais un petit peu quand même) c'est plutôt politiquement incorrect et inhabituel dans la production cinématographique de notre bonne vieille France (bon, en même temps, je ne vois pas tous les films). Et, en cela, le projet du film était fort louable.
On pourra aussi porter à son crédit la qualité indéniable d'écriture des joutes verbales entre les différents personnages, même si elles sont un peu trop systématiques et pas toujours très bien incarnées : les dialogues sont tellement fournis (à la limite de l'enfumage dans l'éloquence par moments) qu'on en vient à se demander si les acteurs ne récitent pas phonétiquement, tant il y a quelquefois un décalage entre le discours tenu et la façon de l'interpréter.
Et l'on peut également regretter quelques scènes un brin inutiles ou artificielles, parce que trop explicatives (l'implicite peut pourtant revêtir un certain charme) ou tout simplement prétextes à de nouveaux échanges enflammés (la rencontre avec la jeune étudiante, la dernière scène dans la librairie), voire ridicules (la longue poursuite finale qui tient plus de la comédie vaudevillesque que du thriller).
Et puis il y a le Melvil qui parfait ici son jeu du quadra victime de la vie et ironique qui a trop de recul sur lui-même, tellement insupportable qu'il en devient séduisant, provoquant une irrésistible sensation d'attraction-répulsion qui pourrait expliquer qu'on en tombe amoureux.
Bon, celui-là il était bien mais pas top, mais sinon les meilleurs films sont à retrouver sur Cinetrafic (et je dis pas ça parce qu'on me l'a demandé).