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CHOUF de Karim Dridi [critique]

Ah, le charme bucolique de la campagne phocéenne...

CHOUF de Karim Dridi [critique]

C'est dans ce cadre idyllique que Sofiane, exilé dans la cité des gones pour cause d'études de commerce, revient passer ses vacances en famille. Là, il retrouve son frère Slim, qui s'affaire à acquérir une certaine expérience dans le domaine de la revente illégale de fruits et légumes frelatés tandis que Sofiane s'attelle quant à lui à intégrer la théorie afin qu'ils puissent tous deux, sans doute traumatisés par le personnage interprété par Ary Abittan dans QU'EST-CE QU'ON A FAIT AU BON DIEU ?, ouvrir une chaîne de snacks diététiques Halal logiquement baptisée So Slim, une fois son diplôme en poche (l'oxymore dans l'association des termes de leur projet faisant tout de même drôlement bien marrer leurs sœurs par ailleurs). Mais la guerre des maraîchers fait rage et Slim se fait malencontreusement descendre. S'ensuit un revenge-movie dans lequel Sofiane va plonger dans les tréfonds du commerce lié à l'agriculture biologique underground afin de retrouver le meurtrier de son frangin.

CHOUF de Karim Dridi [critique]

Outre de superbes apophtegmes tels que :

Maintenant qu'on a commencé on peut plus reculer : la marche-arrière elle est cassée, frère.

C'est beau comme des lyrics de PNL putain !

Que nous apprend CHOUF ?

Et bien que ça veut dire "regarde" en arabe (pour ceux qui n'ont jamais eu de copains d'origine maghrébine).

Qu'un type parti faire ses études à 300 bornes de chez lui peut avoir plus de réseau et, par là-même, être plus informé que les mecs qui tiennent son quartier et qui n'en ont jamais bougé.

Que leur chef va s'en méfier mais pas trop. Que, du coup, ça peut aussi être un tout petit peu con un bandit.

Que c'est pas si facile que ça de buter quelqu'un (enfin si, techniquement, c'est facile, mais pas quand on est une personne normale, civilisée et gentille).

Que l'incendie d'un corps aspergé d'essence dans un caveau de fortune sur un magnifique coucher de soleil à Dragonstone ne produit pas de luminosité une fois la nuit tombée.

Que le générique de HOMELAND colle avec tout.

Et puis qu'il vaut mieux ne pas raquer dans un casque intégral.

CHOUF de Karim Dridi [critique]

Alors même si l'on est pas vraiment fan de ces grandes fresques traitant de ce que peuvent être les zones rurales fragiles mais pas complètement (ouais, non, en fait, y'a aussi plein de gens qui y vivent dans la légalité, tout le monde ne se goinfre pas nécessairement sur l'argent de la contrebande de batavia), tellement caricaturales qu'elles en deviennent malheureusement un peu trop réalistes, le film fonctionne.

Alors est-ce parce qu'il évite soigneusement l'écueil moralisateur voire culpabilisant dégueulasse que peuvent revêtir certains "drames sociaux" (rien que le nom envoie du rêve) ? Ou parce que cette immersion dans l'économie agraire parallèle qui donne l'impression que rien d'autre n'existe au niveau local est parfaitement justifiée par son habile métaphore de la démarche du personnage principal ? Ou parce qu'en cela le film ne revêt pas ce caractère horripilant et extrêmement orienté d'autres œuvres traitant des même lieux et des mêmes sujets ou pire, de certains reportages télévisés (la plupart en réalité) ? Ou parce qu'il parvient à ne pas être déshumanisé sans paraître totalement angélique, accusateur ni condescendant pour autant ? Ou parce que c'est une histoire au fond très universelle qui aurait pu se passer dans n'importe quel endroit avec n'importe quelle population et n'importe quel commerce illicite (drogue, armes, organes, êtres humains, cartes Pokémon) ?

CHOUF de Karim Dridi [critique]

Toujours est-il que, même si l'histoire reste assez prévisible tant on peut facilement deviner qui sera le vrai méchant final et quelle sera la résolution de ce joli merdier, on se laisse prendre. Surtout si on est plutôt bon public et qu'on aime bien quand on nous raconte des histoires qui ne finissent pas forcément bien mais qui ont le mérite d'offrir quelques joyeux moments de satisfaction. Et qu'on a envie de savoir comment il va réussir à lui baiser la gueule.

Et puis il y a même des passages et des dialogues volontairement drôles et sarcastiques, des acteurs qui jouent bien et juste, une réalisation énergique et une photographie pas dégueu qui éloignent l'ensemble du téléfilm ou du docu-fiction en faisant du tout une vraie œuvre de cinéma, plus proche du thriller et du film de gangster que du simple drame tartiné de pathos, et des personnages avec une personnalité un peu plus fouillée auxquels on s'attache. Enfin, surtout Sofiane quoi.

CHOUF de Karim Dridi [critique]
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