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L’ÎLE AUX CHIENS de Wes Anderson [critique]

L’ÎLE AUX CHIENS de Wes Anderson [critique]

Le maire de Megasaki n’aime pas les chiens. Normal pour un descendant de la dynastie des Kobayashi (comme dans USUAL SUSPECT) dont les membres ont toujours adoré les chats. Alors, en pleine épidémie de grippe canine, il décide de déporter tous les clebards infectés ou non par la fièvre truffoïde sur une grande île mi-désaffectée mi-décharge avec plein de lieux-dits en forme de jeux de mots sur les parties de la main.

Sauf que son neveu mono-rénal Atari (comme la console) et pupille débarque sur l’île dans l’espoir de retrouver son chien garde-du-corps.

Il y a aussi une légendaire tribu de chiens cannibales, Yoko Ono, des chiens-robots, une histoire de Wasabi empoisonné, une greffe de rein et une étudiante américaine qui dépatouille le bordel parce que c’est bien connu que le Monde a toujours besoin d’un plus étasunien que soit.

On retrouve ici les marottes habituelles et sympathiques de ce grand déconneur de Wes Anderson : la symétrie, les ombres chinoises, les dialogues monocordes en gros plan face caméra et dos à l’interlocuteur, cette façon si malicieuse et astucieuse de mettre en scène des doubleurs super célèbres mais que comme ils jouent tous pareil c’est difficile d’identifier leur voix, les jeux de lumière, l’humour décalé, l’animation originale et identifiable que l’on avait déjà dans FANTASTIC MISTER FOX, la même équipe de taxidermistes, la même consommation de psychotropes aussi... Tout, mais en moins bien.

L’ÎLE AUX CHIENS de Wes Anderson [critique]

Qu’on aime, qu’on déteste, ou qu’on s’en foute, il est indéniable que, d’un point de vue strictement visuel, le bonhomme a un univers qui a au moins le mérite d’être singulier. Sauf que ce film-ci manque cruellement de charme et que, sans aller dans le pathos dégoulinant, l’émotion est quand même vachement absente : qu’il le retrouve ou pas, son clebard, qu’il soit vivant ou non, au bout d’un moment, on en arrive à s’en tamponner royalement. Et, cause ou conséquence, le résultat en devient légèrement chiant. À tel point qu’on a l’impression d’être dans une sorte d’INCEPTION de Wes Anderson, de le regarder se regarder faire le malin et l’érudit ascendant otaku.

De plus, d’un point de vue idéologique, même si c’est vrai que le film parle de choses pas très jolies et que le côté volontairement crade de l’île est une habile métaphore du réel, le message reste tout de même assez lourdingue (point Godwin inclus)...

L’ÎLE AUX CHIENS de Wes Anderson [critique]

Et, au beau milieu d’un grand n’importe quoi organisé et contradictoire qui confine à la schizophrénie, à la fois agréable et déplaisant, très moche tout en étant ultra esthétisant, on est un petit peu beaucoup sur une vision très caricaturale, manichéenne et démago du racisme alors que le film semble tout de même s’adresser davantage à des adultes qu’à des enfants (et ce malgré le fait qu’on puisse tout aussi bien expliquer des concepts compliqués à des gosses ou à des enfultes sans nécessairement les prendre pour des gros cons, si-si, j’vous jure).

Et quand on met un point d’honneur à pourfendre toute forme de théorie qui met tout le monde dans le même sac, c’est un peu emmerdant. Du coup, même quand on est adepte du cinéma de l’ami Wes, ça devient compliqué d’adhérer pleinement au projet.

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