12 Octobre 2014
Tout a été dit, écrit, voire slamé sur ce film (prochainement dans vos MJC, la comédie musicale "La vie d’Adèle" avec M. Pokora dans le rôle titre) donc ça s'annonce compliqué d'en rajouter une couche.
En résumé ?
Adèle prend le bus, Adèle va au lycée, Adèle sort en boîte, Adèle a des parents vachement permissifs, Adèle fume une clope, Adèle va dans un bar gay, Adèle picole, Adèle fait une manif, Adèle essaie les garçons, Adèle essaie les filles, Adèle essaie les huîtres, Adèle danse sur du raï, Adèle danse sur du reggae, Adèle danse sur de l'electro, Adèle fait de la salsa, Adèle fait de la danse africaine, Adèle bouffe le cul de Lea Seydoux, Adèle mange des pâtes, Adèle prépare des pâtes, Adèle rit, Adèle jouit, Adèle morve, Adèle chiale et même Adèle va à la plage !
En fait, ça serait pas un peu une sorte de Martine moderne ?
Sur 2h59 de film, c'est quand même 2 bonnes heures de plus ou moins gros plans sur Adèle Exarchopoulos alors si vous pouvez pas encaisser la demoiselle, l'expérience risque d'être douloureuse (en revanche si vous êtes curieux de tout connaître de son anatomie, foncez !)...
En même temps, qu'est-ce qu'elle est beeeeeeelle (pas belle : beeeeeeeelle).
Ce qui me ferait plutôt marrer, c'est que ça reste un (très beau) film d'un mec de 50 et quelques balais qui s'est bien fait plaisir à faire se mélanger sous tous les angles et toutes les coutures, Lea Seydoux et une gamine à peine majeure...
Alors oui, la photo est superbe, oui il la sublime tout du long et oui tous (hommes, femmes, enfants -non peut-être pas enfants, c'est interdit au moins de 16 ans- et petits mammifères marins), sans exception, tomberont sous le charme de cette fille, de ses yeux, de sa bouche et de sa sensualité capillaire (en parlant d'interdiction, c'est d'ailleurs assez ironique de se dire que le personnage d'Adèle au début du film ne pourrait techniquement pas aller voir sa propre histoire au ciné...).
Bref, dire donc d'Adele qu'elle est magnifique, qu'elle irradie, qu'elle crève l'écran et qu'elle porte le film n'est qu'un doux euphémisme.
Elle est d'une justesse et d'une crédibilité incroyable dans son interprétation des sentiments, d'un naturel confondant de réalisme (un peu moins lorsqu'elle joue à l'adulte ou à la maîtresse de CP -non on n'écrit pas à l'arrache au tableau, on utilise une jolie écriture cursive improbable : faute !), ses pleurs sont criants d'une vérité et d'une sincérité déchirantes.
Seydoux apparaît donc nettement plus fade voire très faible en comparaison de la performance d'Exarchopoulos (et c'est pas faute d'avoir tenté de faire une "Charlize Theron") voire pas concernée du tout, par moment.
Ainsi, le film a beau durer presque 3 plombes, on ne voit pas le temps passer grâce, entre autres choses, aux ellipses temporelles repérables à l'évolution des coupes de cheveux... Essayez d'ailleurs de ne pas partir pisser trop fréquemment, histoire d'éviter de louper de subtiles transitions et de grandes réflexions métaphysiques surréalistes ("non mais attends, elle a 15 ans et on lui refile la responsabilité d'une classe ? / Bah non, c'est une grande maintenant : tu vois bien qu'elle porte des créoles...") et de décrocher complètement (car c'est le genre de petits détails qui font que).
Bien sûr, il y a toute une analyse sociale à faire sur les origines familiales des protagonistes, sur la nourriture, sur la musique et la danse aussi, sur la dépendance amoureuse, sur les différents objectifs de vie en fonction de l'éducation reçue, sur les jeux de regards qui sont fascinants...
Mais des gens nettement plus intelligents s'en sont déjà admirablement chargé et c'est aussi nettement moins marrant.
Alors les scènes de cul plus ou moins simulées étaient-elles nécessairement nécessaires et justifiées ?
Sont-elles réellement embarrassantes ?
Apportent-elles véritablement quelque chose à l'histoire ?
Non, non et non.
Reste une très jolie histoire d'amour, nullement militante ou moralisatrice, d'une étonnante et passionnante banalité.