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BLACKFISH de Gabriela Cowperthwaite [critique]

BLACKFISH de Gabriela Cowperthwaite [critique]

C'est vrai que la diffusion du documentaire date un peu à présent mais je crois qu'il me fallait du temps pour digérer... (Sans aucun jeu de mots minable déplacé !)

Que dire ? Un film impressionnant, très bien réalisé, qui évite les écueils du glurge (soit de l'ultra gerbouillo-larmoyant) et du voyeurisme outrancier : C'est, je pense, 100 fois plus glaçant de voir le sourire sur les dernières images de la dresseuse vivante passer en boucle plutôt que la charpie qui en est resté 1h après ou d'entendre froidement énoncer le compte-rendu de l'autopsie plutôt que de mater l'amas de chair et d'os pas très bien rangé sur lequel elle a été pratiquée...

Je ne sais pas si vous avez déjà foutu les pieds à Marineland (ou assimilé) mais la première chose qui frappe (à part le prix) c'est qu'on est au-delà du zoo marin : on est là face à une machine de guerre ultra sophistiquée, un temple de la conso sponsorisée obligatoire, un "parc d'attractions" avec un grand P...

Oui mais sauf que les attractions en question sont des êtres vivants et, qui plus est, des êtres vivants qui n'ont pas spécialement vocation à être domestiqués (un peu comme Bernie Noël voulait être ami avec une hyène, ça claque grave de dire qu'on est pote avec une orque... Mais est-ce seulement possible ? Car rappelons que Bernie Noël éclate des gens avec une pelle...).

Alors c'est sûr qu'il y a des accidents... En même temps, sans aller chercher de précédents dans le grand documentaire de Steven Spielberg avec des Raptors, il y en a aussi avec des espèces domestiquées depuis plus ou moins longtemps (parlez-en aux montreurs d'ours dépecés par leur bête ou aux dompteurs dévorés par leurs fauves ou à tous les gamins qui ont vu la moitié de leur visage emportée par le labrador de papy et mamie)...

En gros, il ne faut pas oublier qu'un animal reste un animal, avec son instinct, et qu'en cela il ne faut pas trop le faire chier !

Ceci étant dit, je me suis toujours demandé si les gamins verraient une réelle différence s'ils avaient devant les yeux des animatroniques ?

Au moins verraient-ils une orque parfaite, sans nageoire dorsale en berne (faisant ressembler Tilikum-Cracaillou à un vulgaire Snorky... Même si je n'irai pas lui dire en face, l'animal étant un peu soupe au lait), exécuter des tours pour lesquels elle serait programmée...

Mais ça poserait cette fois-ci le problème éthique de l'intelligence artificielle (et le Steven serait bien capable de nous pondre un pamphlet là-dessus aussi).

On pourrait ensuite parfaire leurs connaissances en les foutant devant la chaîne National Geographic -ou France 5- (tout le monde n'ayant pas les moyens d'emmener sa famille voir les animaux sauvages dans leur habitat naturel) même si les animaux en question leur apparaîtront nettement moins fun à ne pas asperger du touriste sur commande (ou bouffer du dresseur) et qu'il leur faudra s'accrocher sévère parce que niveau cruauté animale, la nature se pose là...

Ainsi, ce qui apparaît franchement dégueulasse (outre le fait de se demander ce que ces animaux foutent là, un peu comme on se demande ce que fout un ours polaire sur la Côte d'Azur) c'est qu'on a ici la confirmation que la grande majorité des dresseurs de ce genre de parcs n'ont qu'une très maigre formation estampillée World Company (genre "je passe un entretien d'embauche pour être le mec chargé de changer les ampoules et je finis haché menu par un gros mammifère marin") donc servant, a priori, uniquement les intérêts de l'entreprise... Entreprise qui niera toute implication en rejetant la responsabilité du drame sur la personne charcutée et qui cherchera à étouffer l'affaire (ou tout du moins à la minimiser) en cas de démembrement de dresseur avec ou sans public.

Donc la question qui se pose est : comment voulez-vous qu'ils accordent de l'importance à la vie animale lorsqu'ils ne prennent même pas en considération la vie humaine ?

Après c'est sûr que les boîtes comme Sea World and Co sont là pour faire du pognon et que tout ça relance une énième fois le débat sur l'utilité des zoos ou des cirques...

C'est aussi vrai que l'offre répond à une demande et que la fin justifie les moyens...

Comme il est certain que les gens ne sont pas complètement naïfs (ou cons) et qu'ils se doutent bien que ça n'est pas parfaitement anodin de rider une orque ou de lui rouler des galoches alors qu'on ne sait même pas si elle est consentante !

BLACKFISH de Gabriela Cowperthwaite [critique]BLACKFISH de Gabriela Cowperthwaite [critique]
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Enfin, on se consolera comme on peut en se disant que la roue tourne et que c'est bien mignon de faire les malins avec de pauvres orques sans défense mais le jour où les dauphins ou les otaries se rebelleront, vous allez nettement moins vous marrer !

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