LA LA LAND de Damien Chazelle [critique]

En général, je ne peux pas saquer les comédies musicales. Alors c'est sûrement dû à un traumatisme remontant à l'enfance, à un cauchemar dans lequel je me faisais attaquer par Catherine Deneuve, Françoise Dorleac et Gene Kelly réunis. Ou parce que je n'ai pas vu les bonnes. Ou parce que j'ai trop déconné sur GREASE. Ou à cause de LA CITÉ DE LA PEUR.

Ou bien tout simplement parce que je n'arrive pas à ôter de mon esprit que le fait de se mettre à chanter et à danser subitement avec des inconnus pour raconter ce qu'on ressent ou ce qu'on est en train de faire n'est pas totalement un signe de bonne santé mentale.

Et comme je ne peux donc généralement pas encaisser les comédies musicales, je n'avais pas constamment en tête toutes les références qui ont sauté aux yeux des quatre cailleras à l'impeccable mise en plis teinte au Régé qui étaient juste devant moi dans la salle. Ou bien si je les avais, et même si je peux aisément comprendre que les puristes du genre puissent être troublés, déroutés, voire dégoûtés (je me sens très suisse sur ce coup-là), je ne les ai pas ressenties comme un plagiat ou un outrage mais comme un hommage, une réactualisation, et ça ne m'a pas empêché d'apprécier le film.

Déjà parce que je trouve que Damien Chazelle persiste et signe et que ce type sait incroyablement bien filmer la musique. Ou, en tout cas, que sa façon de filmer la musique me touche et me parle. Et puis parce que j'ai trouvé que l'ambiance qui imprègne son film revêt un charme fou. Et aussi parce que c'est une histoire d'amour contrarié, que ça m'émeut et que c'est beau... Et que je ferai sans aucun doute beaucoup moins la fière dans lors de la séquence "et si c'était à refaire" dans mon salon (*édit du 25/05/17, jour de la sortie du film en vidéo* confirmé : je chiale ma race).

Et puis, même si "chacun ses tronches", Emma Stone, moi, je l'aime bien. Déjà parce qu'elle sort de SUPERGRAVE, de BIENVENUE À ZOMBIELAND et de la franchise THE AMAZING SPIDERMAN, qu'elle est toujours vivante et qu'elle manage drôlement bien sa barque. Ensuite parce que malgré sa peau laiteuse à la limite du translucide due à sa rouquinitude, elle est toute touchante et elle arrive à faire passer plein de tas de trucs avec ses gros yeux globuleux, ses pommettes mouchetées et sa bouche de grenouille. Et pour ça, franchement, faut du talent ! Et puis parce que Ryan Gosling est sobre et juste, et qu'il en deviendrait même séduisant.

Ça donne donc un film qui réussit le pari de faire passer le spectateur par toute une palette d'émotions, qui nous emporte dans un tourbillon sensoriel qui nous en fout plein les yeux et plein les oreilles.

Bref, en général, je ne peux donc pas saquer les comédies musicales. Et c'est d'ailleurs peut-être pour ça que j'ai adoré LA LA LAND.