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LE JOUR ET L'HEURE, le livre de Simon Critchley, pas le film [critique]

C'est l'histoire d'un professeur de philo qui se retrouve, à la mort de son ami philosophe itou, dépositaire de tout son bordel.

Et dans ses cartons, il va trouver tout le travail de recherche du-dit ami sur le théâtre de la mémoire.

Bon, à partir du moment où on est une grosse brèle qui a à la fois débuté et mis un terme à sa carrière de penseur en terminale après l'obtention du bac, qui croyait naïvement qu'en philo on allait lui demander son humble avis sur plein de trucs et qui n'a donc fort logiquement jamais eu la moyenne à aucune dissert', on se prend une bonne leçon en pleine gueule.

L'auteur-narrateur va donc réussir là où tout brelon normalement constitué avait lamentablement échoué : il va nous offrir une sorte de résumé à base de name-dropping de toutes les théories existant sur le sujet.

En gros, il nous montre que certains philosophes, de Camillo à Hegel en passant par Heidegger (ceux dont on prononce le nom en braillant comme un veau... Et qui font qu'on se fait virer du cours) se sont penchés sur la question et ont élaboré des plans afin de construire différentes formes de théâtre de la mémoire, permettant à l'Homme d'avoir directement accès, à l'aide de divers procédés mnémotechniques, à tout le répertoire de ses souvenirs (théoriques et vécus).

Tout ceci étant tout de même fort intéressant, il faut bien l'avouer (et je serais donc bien malaisée d'essayer de vous les résumer sans en trahir la pensée profonde).

Suite à cela, il va découvrir une maquette d'un théâtre de la mémoire, au sens littéral du terme (avec une scène, des gradins et tout) mais aussi que son ami avait rédigé des sortes de plaquettes (faisant penser à des thèmes astraux) pour chaque grand penseur, avec moult annotations permettant de retracer leur vie (leur œuvre) et le lieu, la cause, le jour et l'heure (comme le titre !) de leur mort.

Jusqu'à ce qu'il tombe sur sa propre plaquette (ce qui est signe d'une assez grande humilité si on y réfléchit).

A partir de là et plutôt que de fuir son funeste destin, il va lentement mais sûrement tout plaquer pour aller se terrer aux tréfonds du Danemark, à l'endroit-même où son ami a prédit son décès et claquer tout son pognon afin de construire la fameuse maquette grandeur nature (déterminisme quand tu nous tiens)...

Un récit court mais dense, vraiment très riche et pas du tout rébarbatif, même (et surtout) lorsqu'on est un brin hermétique à la philo.

Où l'auteur pose habilement la question de ce qu'est la mémoire individuelle, de comment fonctionne le cerveau et le processus du souvenir, de comment la mémoire n'est pas quelque chose de figé aussi.

Et là, hop, en prolongement, Disney-Pixar en ont profité pour nous pondre le superbe Vice-Versa !

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