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LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Après MALÉFIQUE et son ode à l'adoption qui confirmait qu'Angelina Jolie était définitivement une bien meilleure mère que n'importe quel parent biologique, CENDRILLON et son prince charmant fétichiste des pieds, LE LIVRE DE LA JUNGLE et sa douce métaphore du trauma chez l'orphelin poursuivi par une multitude d'amis velus imaginaires, Walt Disney Picture présente sa nouvelle relecture en prise de vue réelle (aka live action pour faire semblant de causer fluent) de son illustration animée du syndrome de Stockholm : LA BELLE ET LA BÊTE.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Alors ça raconte quoi ?... ou plutôt "comment" ? Parce qu'au final, ce que ça raconte, on le sait déjà : Une nana va se sacrifier pour sauver son père, prisonnier d'une créature hideuse, et se prendre d'affection pour elle jusqu'à en tomber amoureuse et rompre le charme qui permettra à la bête de reprendre forme humaine.

Et puis cette adaptation de LA BELLE ET LA BETE de Disney par Disney (on n'est jamais mieux servi que par soi-même), poursuit-elle son projet insensé d'ôter toute forme de beauté, de féerie et de magie à ses œuvres passées ?

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]
UNE COMÉDIE VRAIMENT TRÈS MUSICALE...

Sans sommation aucune ni round d'observation, ça chante direct, cash, comme ça, au débotté, pour nous narrer qu'il était une fois un prince qui était un fieffé connard égocentrique, fielleux, méprisant et narcissique... Un peu carrément comme Christian Grey, ou sa version française du XVI siècle (rapport à la peste à Paris que l'on verra plus tard et aux fringues).

Ainsi, un soir où l'aïeul de Cricri donnait une boom en son château, une vieille femme en guenilles se présenta à lui en lui demandant le gîte contre une rose. Comme le bonhomme était plutôt au fait des tarifs Airbnb de l'époque, il lui rit au museau ce qui acheva d'humilier la donzelle. Vexée comme un pou et non contente de se transformer en Cate Blanchett période Galabriel irradiante dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, elle lui jeta alors une bonne grosse malédiction à la gueule que seule une jeune femme dont il tomberait amoureux et qui l'aimerait en retour pourrait rompre, le tout pour lui apprendre que la beauté est intérieure : Old Cricri est donc transformé en bête monstrueuse et tout son personnel (qui n'a strictement rien fait) en objets divers et variés jusqu'à ce que le dernier pétale de la rose de départ soit tombé, et que tout ce petit monde soit réduit à un stand Emmaüs.

– Mais qui pourrait aimer une bête ?, nous dit la voix off.
– Ben la Belle, fin du film.

Lougaroubignole, 10 ans, digne fils de sa mère indigne.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Quelques décennies plus tard, Emma Watson chante à quel point elle se fait chier dans son bled étrangement cosmopolite, propre et factice, un peu comme dans un parc d'attraction de Marne-la-Vallée. Et tout le monde alentour lui emboîte le pas, parce qu'on est complètement dans une comédie musicale, de celles qui peuvent provoquer une forme rare de dysenterie fulgurante à force de dialogues chantés entre marchands et clientes, sur la météo et l'état de santé des membres de la famille de chacun (et en VF, ça touche au sublime).

Tout le monde lui emboîte le pas, donc, et dégueule allègrement et ouvertement sur son cul parce qu'elle lit des livres, empruntés au prêtre black du village qui est également le seul érudit à posséder une bibliothèque contenant, pfiouuuuu, au moins 10 ouvrages.

Wait, what ? Je suis bien consciente qu'il ne faille pas se leurrer car c'est clairement un film à volonté pédagogique et universelle (oh oui Mickey, apprends-nous le vivre ensemble !), fait par des américains pour les américains (et assimilés). Mais sommes-nous bien certains, à la manière d'un M. PEABODY ET SHERMAN, de la capacité des petites personnes qui verront ce film à travers la planète à ne pas le prendre au premier degré ? Car je veux bien qu'il faille innover et dépoussiérer le genre, que les contes traditionnels ne sont que très moyennement United Color of Benetton (voire totalement couleur locale et ce quel qu'en soit le pays d'origine), que c'est important que tout le monde soit représenté (enfin, à part les asiatiques, les arabes, les inuits, les hindous...), et que de tout temps, nous, français, avons été des modèles évidents de tolérance, de modernité et d'intégration pour les restes du Monde (ne m'obligez pas à sortir la pancarte "ironie")... Mais je nourris quelques doutes concernant la quantité de bienveillance et surtout l'époque. Alors peut-être eut-il mieux valu ne pas situer géographiquement et temporellement le bordel, et se contenter d'un "il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine" dont en plus vous possédez les droits, au lieu de vous racheter une virginité en nous refourgant une transposition sociétale americano-américaine idéale et fantasmée post mouvement des droits civiques qui n'a rien à voir avec la choucroute et qui est particulièrement anachronique puisqu'au même moment une coalition européenne s'appliquait à genocider massivement les natifs du nouveau monde et que la traite des noirs n'était même pas encore d'actualité.

Et c'est dans cette même longue (très longue ?) scène chantée introductive que nous faisons la connaissance de Gaston (second connard égocentrique du film) et surtout de son larbin le bien nommé Le Fou (La Folle c'était sans doute un poil trop flagrant), LE personnage par qui LE scandale arrive, LE personnage pseudo homosexuel qui fait tache dans l'univers traditionnellement ultra conservateur de la firme aux grandes oreilles, et qui a poussé certains pays (qui n'ont certainement pas dû bien regarder tous les films d'animation de la boite, dont certains ne sont pourtant pas avares en personnages crypto gay) à en interdire la diffusion (promis, juré, craché, c'est pas une connerie).

Mouais, ce qui est surtout scandaleux c'est que ce n'est pas parce que vous avez réussi à passer à côté du stéréotype de la follasse que vous évitez les autres écueils homophobes pour autant. Parce que voyez-vous, en tant que soit-disant gay, Le Fou est comme par hasard plein de recul et de second degré, qualités qui font cruellement défaut aux mâles hetero qui sont au mieux de gros niais, au pire de gros bœufs (ou inversement). Ou, si l'on renverse la situation, le premier personnage d'un film Disney hors animation à faire preuve de recul et de second degré aura forcément de légères tendances homosexuelles (très gastonsexuelles en tout cas) puisque tous les gays sont évidemment raffinés, drôles et sarcastiques. Bon cela-dit, sa présence (et l'interprétation de Josh Gad, largement plus charismatique que les autres acteurs) sauve le film (et en même temps c'était pas bien difficile).

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Et puis la Belle Emma rentre chez elle retrouver son père qui s'appelle Maurice :

– Papa est ce que tu me trouves bizarre ?
– Bizarre ? Qu'est ce qui te fait croire ca ?

Bah tous les gens qui chantaient à tue tête au village sur mon passage en me montrant du doigt...

Elle l'aide à bricoler une horloge en lui tendant engrenages et instruments avant même qu'il ait eu à les demander parce que comme elle a lu dix livres, elle est super intelligente et intuitive dans tous les domaines. Et puis papa part au marché. Elle lui demande de lui rapporter une rose comme CENDRILLON demandait à son père de lui ramener une branche à usage de badine pour lui fouetter le cul.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Pendant son absence, Belle en profite pour inventer la machine à laver avec un âne, un tonneau et une poulie, et commencer à apprendre à lire à une fillette, ce qui lui attire les foudres des villageois qui cassent son lave-linge avant qu'elle ait eu le temps de vendre le brevet à Whirlpool.

Les foudres des villageois, ok, mais pas de tous : uniquement celles des dégénérés analphabètes... Des blancs quoi. Car la petite communauté noire locale cultivée et tolérante, en tant que minorité solidaire persécutée dans l'inconscient collectif alors qu'elle apparaît ici pourtant parfaitement intégrée (contre-sens !!!), est évidemment mais tacitement de son côté... et oui, entre la couleur de peau et les préférences sexuelles extrêmement taxinomiques, c'est aussi manichéen que ça. Bon en même temps, ça reste un Disney... Non mais sans plaisanter, même leur ZOOTOPIE était plus subtil en terme de société !

Bref, Gaston vole à son secours pour la réconforter et lui avouer une énième fois qu'il a fortement envie se la faire, mais Belle nettement moins. Parce qu'elle veut vivre ses rêves ce qui est totalement incompatible avec le mariage et le fait d'avoir des enfants, comble de l'aliénation millénaire de la femme (pas que le gars en question soit juste un gros con).

Sur la route de Louviers qu'il emprunte toutes les semaines, le papa de Belle se paume et atterrit dans un mystérieux château cerné par les ronces et les loups. Partant du principe que tout ceci semble parfaitement engageant, il pénètre dans la demeure et s'attable tranquille, à la fraîche. Mais comme le côté isolé et enneigé en plein de mois de Juin n'était pas suffisamment flippant pour le faire décamper fissa, la vaisselle se met à lui parler. Il s'enfuit donc, effrayé, cueillant au passage une rose, comme un fruit défendu qui causera sa perte, encore une nouvelle fois par la faute d'une femme, puisque c'est cette conne de Belle qui la lui a demandée.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Prévenue par le retour au bercail de Philibert, le cheval de son père et son GPS intégré, Belle, activant la fonctionnalité "retour au dernier point de départ", s'en va à la recherche de son papounet et arrive au château. Armée d'un bâton, elle retrouve son père dans les geôles, et défie la bête :

– La perpétuité pour une simple rose volée ?
– Hugo a bien mis le vol de pain à 5 ans de bagne...

Quoi ? On est plus à un anachronisme près non ?

Elle demande à faire un dernier câlin à son père avant que la grille ne se referme pour toujours et, par un habile pivot rotatif qu'il n'avait pas du tout vu venir, Belle prend sa place dans le cachot.

Le soir venu, elle se met à tabasser le gentil mobilier vivant avec du mobilier inerte alors qu'il était simplement venu la libérer afin de l'emmener dîner. Une fois calmée, Belle, qui, pour se taper des hallucinations pareilles, a certainement dû lécher la moisissure sur les parois de sa cellule ou la peinture au plomb des barreaux, se laisse guider par un chandelier et une pendule jusqu'à la plus belle chambre. Ses nouveaux amis la mettent en garde en lui demandant de ne surtout pas aller dans l'aile ouest du château, ce qu'elle s'empressera de faire dès qu'elle en aura l'occasion.

Et là on comprend pourquoi la 3D était si dégueulasse dans LES ANIMAUX FANTASTIQUES : elle n'a aucune forme d'intérêt lorsque l'image est trop sombre !

Pendant ce temps, à la taverne du village, Gaston, Le Fou et la bande d'alcoolos en goguette s'en chantent une, pleine de vannes et d'humour drôle qui fait rire dedans (si, c'est possible ou alors je faisais un hémorragie cérébrale). Et alors que le comparse de l'amoureux transi de Belle en fait des tonnes, Sorbubulle, 7 ans, me demande "Le Fou ne serait-il pas quelque peu inverti ?" pile-poil au moment où la chanson clame "ce n'est pas difficile à comprendre" (et si ça c'est pas avoir le sens du timing...).

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Le père débaroule comme un fou en braillant à qui veut bien l'entendre que sa fille est prisonnière d'une bête qui vit dans un château à deux pas de là au milieu de sublimes jardins à la française enneigés. Ce qui fait immédiatement dire à l'assistance que le Maurice a probablement dû abuser des champis.

Pendant ce temps, au château, alors que le mobilier pense que la Belle s'est enfermée dans sa chambre car elle doit être prostrée et déprimée d'avoir perdu son père et sa liberté dans la même journée, la jeune femme s'apprête en réalité à s'évader après avoir noué ensemble les pans de tissus de la robe moche que sa commode hystérique lui avait confectionnée lors de la scène précédente que mon cerveau et mes tympans ont préféré oublier. Passant à table, la Bête tape une crise car il s'aperçoit que ses larbins ont prévu un couvert pour sa jolie prisonnière. Mais comme il n'a aucune espèce de volonté, il s'en va demander à la Belle si elle veut bien se joindre à lui pour bouffer. Mais l'effrontée refuse et son geôlier se fâche tout rouge alors qu'il venait tout juste d'engueuler copieusement le personnel de l'avoir envisagé (et là, entre incohérence comportementale, soumission aux volontés de ses domestiques et cyclothymie, on sent bien poindre les caractéristiques génétiques que partagera son futur descendant le Cricri).

Du coup, la vaisselle est toute attristée et Zip, la tasse à thé parlante, de demander :

– Maman est-ce qu'un jour je redeviendrai un vrai petit garçon ?

Bien sûr : quand ils tourneront le live action de Pinocchio.

Plus tard dans la soirée et une fois la Bête couchée, Belle accepte finalement l'invitation du chandelier et s'en va dîner (et donc le personnel fait définitivement comme bon lui semble).

– Je m'inquiète pour mon père : il ne s'est jamais retrouvé seul.

À part peut-être quand sa femme est morte lorsque tu étais nourrisson, Belle.

UN FILM EN PRISE DE VUE RÉELLE MAIS PAS TROP...

S'ensuit une scène visuellement kaléidoscopique entièrement en CGI et proprement hallucinante et hallucinée dans la plus pure tradition des spectacles aquatiques d'une Murielle Hermine sous acide, du final de MADAGASCAR 3 (ou de n'importe quel passage sous psychotropes d'ALICE AU PAYS DES MERVEILLES), dont la chanson vocifère :

Tout le monde chante, tout le monde danse, c'est ça la France.

C'est sûr.

Et alors qu'elle se retrouve seule et qu'elle est censée partir se pieuter, où qu'elle va bien pouvoir aller la cruchette ?... Dans le seul endroit interdit, l'aile ouest, pardi ! Elle y trouve une rose sous une cloche de verre, et se fait pourrir par la Bête parce qu'en voulant la toucher elle a risqué d'en faire tomber les derniers pétales et de causer, par là même, la mort prématurée de toute la maisonnée (mobilier inclus). Alors elle s'enfuit à dos de Philibert, son cheval qu'elle avait garé dehors (et que son père n'a pas eu l'idée d'emprunter pour regagner ses peinâtes). Elle est immédiatement attaquée par les loups qui, eux non plus, n'ont pas eu l'idée de bouffer son père, la Bête intervient et bien que grièvement blessée, la sauve. Du coup Belle renonce à se barrer.

Quoique dubitatifs, Gaston et Le Fou ont accepté d'accompagner Maurice pour aller récupérer Belle. Mais le vieux drogué ne retrouvant plus son chemin, Gaston perd patience. Et là, aussi incroyable que cela puisse paraître, le film tente même de faire de l'humour noir empreint de sous-entendus sexuels ! En effet, Le Fou (encore lui, forcément) demande à son maître de se détendre en pensant à quelque chose d'agréable comme la guerre, ses explosions, ses veuves... surtout ses veuves. Ainsi rasséréné, Gaston prouve enfin qu'il est méchant et cynique (et pas seulement con comme une bite) en décidant de livrer le père Maurice aux loups en le ligotant à un arbre au beau milieu des bois parce qu'il refuse de lui donner la main de sa fille et que s'il n'est plus là, ça fera toujours un obstacle de moins sur le chemin vers le cœur de Belle (ou son cul c'est selon).

Le lendemain, au chevet de son geôlier, Belle apprend que si la bête est aussi méchante, c'est à cause de son papa qui lui-même était très vilain (déterminisme familial freudien pour les nuls powa !). Ils discutent aussi bout de gras et littérature et La Bête se fout allègrement de sa gueule car elle aime fort logiquement ROMEO ET JULIETTE comme toutes les connasses.

Euh, alors... Si l'on considère que la pièce de l'ami Willy est parue pour la première fois en 1597 soit 29 ans après la dernière grande épidémie de peste à Paris, en 1568, que notre jeune française, bien que fort érudite avec sa dizaine de bouquins dans le cornet, ne sait a priori pas lire l'anglais comme tous ses congénères, et qu'elle a dû attendre la parution de sa traduction dans la langue de Molière, soit au XVIII siècle, cela fait de Belle, avec facilement ses 300 balais au compteur, une assez vieille pucelle pour l'époque. Ou bien l'histoire se déroule bel et bien au XVIII siècle (ce qui n'arrange pas spécialement les affaires de la population noire européenne) et sa mère a mis 300 ans à crever de la peste ce qui prouve une certaine persévérance de son système immunitaire.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Et lorsqu'il lui demande pourquoi elle est restée (outre la présence des loups qui n'ont pas disparu comme par enchantement), elle lui rétorque que c'est parce qu'elle a beaucoup changé et qu'elle a perdu son innocence... En moins de 24h... (n'y aurait-il comme une faillounette spatio-temporelle dans ce film ?)

Pendant ce temps, le Maurice est retrouvé par Agathe la clodo du village (parce que les vieilles filles dont le père meurt se retrouvent à la rue... faut pas chercher à comprendre), pas du tout au même endroit que Gaston l'avait laissé la nuit précédente. Alors la mendiante s'emploie à le remettre d'aplomb (parce qu'il a dormi sous un arbre ?).

Une fois sur pied (quel beau parallèle absolument pas incestueux entre la figure paternelle et celle du futur mari), la Bête entreprend subtilement d'acheter l'amour de Belle avec sa très grosse bibliothèque qui lui procure immédiatement un léger orgasme (un peu comme Sam dans la saison 6 de GAME OF THRONES).

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

De là, ils se mettent à dîner ensemble (la Bête mange comme un porc), à se balader dans les jardins enneigés pendant que, chemin faisant, la Belle lui lit GERMINAL à haute voix (ou tout autre roman traitant du printemps et de la lutte des classes), le tout sans se manger en pleine gueule tous les bosquets du coin taillés façon art topiaire. Ils font des joutes verbales sur LA LÉGENDE DU ROI ARTHUR ET DES CHEVALIERS DE LA TABLE ROND, elle lui apprend également à caresser un cheval et à bouffer proprement, tout en gloussant comme une poule d'eau toutes les deux secondes (telle une version édulcorée d'Anastasia Steele et son autophagie labiale).

La Bête lui montre ensuite le grimoire magique que l'enchanteresse lui a légué en même temps que sa malédiction et qui est terriblement cruel : son pouvoir permet de voyager partout dans le monde pour mieux lui montrer qu'avec sa gueule, il n'est le bienvenu nulle part.

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Bien, bien, bien. Donc la Belle est au courant du sort qui lui a été jeté... Donc on oublie complètement le coup de l'œuvre initiale qui voulait que la jeune fille tombe amoureuse de son geôlier malgré son apparence physique (et pas en sachant d'office qu'il reprendrait forme humaine) pour laisser place à une sorte de théorie de la compensation qui veut que les moches soient bien obligés de se trouver d'autres qualités pour pouvoir séduire (l'humour, la compassion, une aptitude incroyable à envoyer du pâté au plumard ou à nouer des queues de cerises avec sa langue... la beauté intérieure quoi). Et ne parlons même pas de ce sublime chantage affectif puisque si elle ne succombe pas au charme du seigneur des lieux, elle tuera un enfant en la personne de la tasse à thé (ainsi qu'accessoirement tous les autres loufiats du château).

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Et là, la Belle s'écrie :

Il lui demande où elle aimerait aller et ils se retrouvent tous les deux à Paris, en pèlerinage dans l'appartement de son enfance, où elle découvre son père en train de faire des adieux déchirants à sa pestiférée de mère après qu'un médecin lui a conseillé de fuir avec son couffin sous le bras (mais c'est que la Bête lui avait caché que le grimoire permettait aussi de voyager dans le temps, ce coquinou !) :

– C'est plus petit que dans mes souvenirs.

Mais puisque tu étais alors un tout petit bébé, de quels putain de souvenirs parles-tu ?!?

De retour au village tel un jokari, Maurice accuse Gaston d'avoir voulu le faire dévorer par les loups. Mais Le Fou refuse de témoigner à charge et la vindicte populaire décide d'envoyer le Momo en HP.

Pendant ce temps, la Bête se fait toute belle pour aller danser avec sa prisonnière et, telle une jouvencelle en chaleur, demande à son chandelier quand il saura que c'est le moment pour lui déclarer sa flamme.

– Quand vous aurez une légère nausée.

C'est comme ça qu'on nommait les érections en ce temps-là ?

De son côté la Belle se prépare aussi à revêtir la fameuse robe jaune du dessin animé éponyme.

Ben voilà ! Là c'est joli, là c'est féerique avec le coup des fils d'or qui se détachent du plafond et viennent former les motifs tout en arabesques et en volutes sur le jupon, pas comme cette affreuse séquence toute pourrie du dernier CENDRILLON !

Ils dansent avec la BO à fond et se retrouvent sur le balcon. La Bête se lance alors (if you know what I mean) et la Belle lui avoue qu'elle pourrait être une sérieuse candidate au syndrome de Stockholm mais pas sans recouvrer sa liberté : elle lui dit qu'elle veut voir son père, il lui tend un miroir magique dont Apple s'est certainement inspiré pour créer l'iPhone et qui permet de stalker en temps réel qui l'on veut. Elle se rend compte que son père va se faire interner et la Bête la laisse partir pour aller le sauver... Mais comme il n'y a pas de bonne action désintéressé, en faisant preuve d'autant de mansuétude et d'abnégation, il lui offre aussi exactement ce qui lui manquait pour qu'elle tombe éperdument amoureuse de lui et ainsi lui sauver les miches et la tronche.

Passons sur un détail du conte originel, déjà absent du dessin animé de 1991, qui voulait que la Bête accepte bel et bien que la Belle retourne voir son père car il était en train de mourir de chagrin (point de Gaston ici ni de pote faire-valoir un peu gay), qu'elle doive revenir au bout de huit jours et que ses salopes de sœurs, crevant de jalousie, trouvent des prétextes à la con pour l'en empêcher, dans le but de foutre en rogne la Bête et de le pousser à dévorer leur frangine (alors qu'en réalité, le manquement à sa parole donnée le ferait tout bonnement crever).

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

La Bête s'en chante une en montant dans le donjon, toujours comme une petite jouvencelle mais éplorée cette fois, et en hurlant "j'attendrai jusqu'à ma moooooort !!!!!"

– Fin de l'histoire.

Lougaroubignole, décidément en grande forme.

Alors que l'ambulance capitonnée s'apprête à emmener Momo à l'asile, Belle débarque à dos de Philibert avec la preuve que la Bête existe. Elle tend le miroir magique à l'assistance qui ne peut que découvrir, incrédule, la Bête en train de se palucher dans le donjon (c'est vrai qu'il n'avait pas non plus précisé de quelle façon il attendrait la mort). Et là, forcément, la Belle est accusée de sorcellerie et se retrouve embarquée elle aussi. Les villageois affûtent alors leurs fourches, leurs piques, leurs lances et allument leurs torches pour aller au château défoncer du bestiau en chantant.

S'ensuit la grande bataille entre les villageois et le mobilier qui a savamment disséminé des pièges dans la grande lignée de MAMAN J'AI RATE L'AVION, où Gaston laissera Le Fou pour mort écrasé par le clavecin, où la commode chantante hystérique déguisera des hommes en femmes, ce qui ne sera pas pour déplaire à tous (incroyablement cliché gay friendly ce film... C'est la présidence de Trump qui vous transcende comme ça les mecs ?) et qui hurlera un "libéré, libéré", comme une auto-citation disneyenne complètement onaniste.

Pendant ce temps, Belle et son père réussissent à se libérer par le truchement d'une pince à chignon et la jeune femme transplane jusqu'au château.

Vient enfin le duel entre Gaston Nolastname et la Bête alors que le château s'écroule par intermittence. Gaston abat son adversaire dans le dos comme une petite salope et l'arc de pierre sur lequel il était juché s'effondre le précipitant dans le vide. Belle, qui a volé au secours de son kidnappeur, lui déclare alors :

– Je ne te quitterai plus jamais.

Et vu qu'il s'est pris 2 bastos dans le buffet et qu'il est en train de calencher, c'est une promesse plutôt facile à tenir.

Le dernier pétale tombe, tout le monde crève mais en fait non parce qu'Agathe la clodo était en réalité l'enchanteresse du début. La bête redevient humaine (prouvant par là-même que le mieux est l'ennemi du bien) et ses larbins aussi. La Belle lui roule une pelle qui reconstruit le château sur le cadavre en forme de crêpe de Gaston (château qui lui aussi était mieux into darkness). Tout le monde danse, tout le monde est heureux, tout le monde est français. Belle demande à son amoureux de se laisser pousser la barbe pas tant par nostalgie que parce qu'il est vraiment trop moche en humain. Stanley Tucci donne tout au piano, Le fou devient hetero et tout est bien qui finit bien.

Non, je déconne.

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon [résumé]

Photos : Laurie Sparham, Disney-Planet.fr / 9GAG / IFunny

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