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BLANCHE–NEIGE d’à-peu-près les frères Grimm...

Il était une fois une petite fille qui, lors de sa naissance, tua sa mère.

BLANCHE–NEIGE d’à-peu-près les frères Grimm...

Ainsi, la pauvre parturiente agonisante, sentant des flots de sang et la vie la quitter, ne vit de son bébé que son teint aussi blanc que le sien, le marbre et le torse d’Edward Cullen (ce qui est somme toute un peu inquiétant quand même pour un nourrisson). Elle décida alors, dans un dernier râle, de le nommer Blanche-Neige...

Parce que ce fut le premier truc immaculé auquel elle pensa, parce que Blanc-Coton, Blanc-Nuage, Blanc-Yaourt ou Blanc-Sopalin c’était sympa aussi mais plus pour un garçon, parce que Blanc-Citron, Blanc-Rubis, Blanc-Roi et Blanc-Corbeau c’était complètement con ?

Le père était affreusement accablé... par la mort de sa femme, bien sûr, mais aussi et surtout par le prénom pléonastique de merde dont sa fille se retrouvait affublée, car les dernières volontés d’une mourante étaient malheureusement sacrées. Mais bien que très triste, il se remaria prestement, la nature ayant horreur du vide.

Sa nouvelle femme était totalement narcissique mais elle possédait en outre ce doigté, cette agilité et cette souplesse caractéristiques des belles-mères de contes de fées, de celles qui parviennent à plonger leurs époux dans une profonde béatitude léthargique.

Ainsi, tous les matins, la radasse demandait à son miroir magique qui ne mentait jamais qui était la plus belle femme du royaume. Et tous les matins, le miroir magique lui répondait inlassablement que c’était elle. Jusqu’au jour où, Blanche-Neige s’étant laissé pousser les seins, il lui répondit qu’elle était certes toujours très belle mais que la beauté de sa belle-fille la surpassait en tout point.

La belle-mère accueillit la nouvelle avec beaucoup de bienveillance et de sérénité : elle intima simplement l’ordre à son chasseur personnel d’emmener la jouvencelle faire un tour en forêt, de la buter et de lui rapporter ses poumons et son foie afin qu’elle fût bien assurée de son décès, le tout en poussant de calmes hurlements sympathiques et débonnaires à faire voler en éclats tous les vitraux du château. Hurlements qui, par ailleurs, n’émurent aucunement son mari et père de la-dite jouvencelle, amorphe et/ou aspiré par un vortex de la narration, qui ne manifesta pas la moindre forme de protestation quant à ce chouette projet d’infanticide sur sa progéniture.

Le chasseur s’exécuta mais, arrivé au crépuscule et au beau milieu des bois, il fut pris de remords, tout tombé sous le charme de la jeune fille qu’il était : il décida lâchement de la laisser s’enfuir, chargeant ainsi la nuit et la forêt de la tuer, et il rapporta à la reine les organes d’un marcassin qui passait par là et qui n’avait strictement rien fait.

Bon voyons au moins le côté positif des choses : même si de toutes évidences Blanche-Neige lui plaisait, le chasseur ne profita ni de sa position de force, ni de sa supériorité physique pour la violer... Mais l’histoire ne précise pas non plus les outrages qu’il fit subir au pauvre bébé cochon sauvage ante et post-mortem.

Ainsi, faisant fi de toute dignité, Blanche-Neige courut dans l’obscurité en se boitant tous les deux mètres, criant et agitant compulsivement ses bras en l’air comme le font toutes les princesses en détresse.

Elle finit par apercevoir au loin la lueur d’une chandelle qui éclairait la fenêtre d’une chaumière. Elle pénétra dans la maisonnée sans y être invitée et sans même prendre la peine de frapper à l’huis, parce qu’après tout, elle était toujours une princesse et que balec de la propriété d’autrui (un peu carrément comme une version noble de cette petite pétasse de Boucle d’Or).

Elle y découvrit une table sur laquelle étaient dressés sept couverts et où fumait un bon et copieux dîner. Comme sa course effrénée en gueulant comme une truie l’avait assoiffée et mise en appétit et qu’elle n’était plus à ça près niveau comportement inconvenant, elle décida de se servir un petit peu de chaque chose dans une assiette ou un verre différent pour ne léser personne et surtout bien refiler ses microbes à tout le monde. Une fois repue, ne pouvant en revanche s’étendre en travers de sept petits lits puisqu’ils n’étaient pas accolés, elle s’affala sur l’un d’eux, débordant de toutes parts, et s’endormit aussi sec car, rappelons-le, les princesses ont une vague tendance génétique à la narcolepsie.

C’est alors que les sept nains qui habitaient cette maison rentrèrent d’une journée harassante de travail à la mine...

Bon, si l’on part du principe qu’ils avaient laissé brûler une bougie sans craindre que leur baraque ne parte en fumée et qu’un repas encore chaud les y attendait, cela tendrait tout de même à rendre leur journée de travail à la mine nettement moins harassante. En effet, la durée de labeur quotidien n’excèderait pas les 15 minutes, trajet compris, ce qui donnerait tout de suite à sa qualification une dimension pour le moins abusive (et ce même en intervalles à haute intensité)... Ou alors ils se tapaient réellement des horaires de merde mais leur maison et son contenu étaient ignifugés et ils possédaient une table équipée d’un système de chauffe-plats hyper perfectionné. Ou bien ils retenaient prisonnière une larbine qui, voyant une nouvelle greluche débarquer, s’était empressée de reprendre sa liberté en passant par une hypothétique porte de derrière, ou une fenêtre, et en s’enfuyant sans un bruit dans la nuit comme un ninja.

Un peu exactement comme les trois ours, chacun des nains se mit à énumérer ce qui manquait dans sa petite assiette ou dans son petit verre jusqu’au septième qui ne put que constater la présence de l’intruse sur sa couche.

Mais comme celle-ci était vraiment très belle, ils décidèrent de ne point l’éveiller, de manger ses restes et de laisser un de leurs se pieuter roulé en boule à même le sol comme un vulgaire clébard.

Tout est permis quand on est joli !

Tout est permis quand on est joli !

Le lendemain matin, Blanche-Neige fit tout de même un gros jump-scare lorsqu’elle aperçut à son réveil sept visages penchés sur elle en train de la contempler (en fait, l’histoire ne précise pas s’il s’agissait bien de leurs visages).

Elle leur raconta comment elle avait vu de la lumière et elle était entrée. Comme cela ne suffisait visiblement pas à calmer l’ire et la frustration de ses hôtes, elle leur narra également son histoire. Les sept nains, subitement attendris, lui proposèrent alors de passer l’éponge sur ses multiples atteintes à leur intimité de la veille en la transformant en esclave domestique, ce qui validerait d’ailleurs complètement la théorie du repas préparé par une larbine séquestrée désormais en fuite.

BLANCHE–NEIGE d’à-peu-près les frères Grimm...

Blanche-Neige, n’ayant pas vraiment d’autre alternative, accepta et ses geôliers partirent bosser non sans l’avoir mise en garde contre sa salope de belle-mère qui n’allait pas tarder à savoir qu’elle était encore en vie.

Et justement ! Au même moment (comme quoi le hasard fait bigrement bien les choses), la psychopathe en question demandait à son miroir magique qu’elle était la façon la plus simple de résoudre le conflit israélo-palestinien...

Mais non ! Elle n’en avait strictement rien à foutre !

Comme à son habitude obsessionnelle, elle lui demandait qui qui donc qui était la plus belle ! Et cette petite pute de balance de miroir de lui répondre que Blanche-Neige, qui vivait à présent par-delà les monts, dans la forêt, chez les sept nains, au 48 chemin de la mine, digicode 4392, était toujours la plus belle, na-na-nèreuh.

Une fois encore, la reine réagit de la plus belle des manières : elle péta le miroir (il l’avait bien cherché, faut dire). Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même et malgré les indications extrêmement vagues que venait de lui fournir feu l’objet magique concernant la localisation de sa belle-fille, elle se mit en route pour aller lui déboîter la gueule.

Blanche-Neige, toute affairée à la propreté de son nouveau logis, fut formidablement surprise lorsqu’une vieille paysanne vint frapper à sa porte (c’est pas comme si les nains l’avaient prévenue). L’aïeule, représentante en produits issus de l’agriculture biologique, lui proposa alors toute sorte d’articles afin de l’aider à accepter son combat quotidien : de la goyave, du kiwi, du brocoli, du Guronsan, de la Super Skunk, du crystal méth ou, plus simplement, du Xanax.

BLANCHE–NEIGE d’à-peu-près les frères Grimm...

Mais Blanche-Neige, forte des recommandations de ses logeurs et d’Haroun Tazieff, préféra dire non à la drogue. Elle se méfia également car rien ne semblait indiquer que son interlocutrice possédât un labo en plus de son petit potager et, sans avoir fait des études poussées en agronomie, son instinct lui dictait tout de même que le climat permettant un tel rendement était pour le moins étrange.

La vieille insista pourtant pour que la jeune fille goûtât au moins une pomme. Voyant Blanche-Neige s’entêter à refuser, elle lui proposa, en signe de bonne foi, de manger la moitié du fruit et de lui laisser l’autre moitié. Malgré le fait que l’hygiène bucco-dentaire passablement déplorable de la vieille rendait cette proposition parfaitement dégueulasse, notre jeune idiote accepta enfin sans se douter que seule une des moitiés était empoisonnée.

Forcément, à peine eut-elle croqué dedans qu’elle tomba raide morte (cela dit, si la vieille s’était gourée, ç’eut pu être drôle). Et, pouf-pouf, la paysanne, qui n’était autre que la reine déguisée pour les deux du fond qui n’auraient pas suivi et qui auraient succombé au contenu de son panier, disparut.

Lorsque les nains, fourbus, rentrèrent de leur quart d’heure de travail quotidien, ils ne purent que constater le décès de leur nouvelle bonniche. Ils pleurèrent à chaudes larmes car, en moins de 24h, ils avaient largement eu le temps de s’attacher, un peu comme dans une émission de télé-réalité.

Ils décidèrent d’emmener le cadavre encore chaud en sifflant là-haut sur la colline et de le conserver dans un cercueil en verre afin de pouvoir continuer à l’ « admirer » car même dans la mort Blanche-Neige était magnifique (espérons juste que le cercueil en question rendait miraculeusement la dépouille imputrescible).

Le temps passa et un prince découvrit Blanche-Neige juchée sur sa colline. Il supplia alors les nains de lui céder le cadavre. Au début, ils refusèrent mais voyant l’insistance du fétichiste necrophile et ayant tout de même toujours besoin de pognon, ils finirent par accepter.

Les serviteurs du prince entreprirent alors de transporter la défunte jusqu’au château afin que leur maître puisse pleinement s’adonner à son vice. Mais, chemin faisant, ils se mangèrent une grosse pelle. Cela provoqua une manœuvre de Heimlich involontaire et le cadavre régurgita sa bouchée de pomme qui était restée coincée en travers de sa gorge sans jamais se désagréger pendant tout ce temps.

Blanche-Neige se réveilla alors et tomba immédiatement éperdument amoureuse du mec qui venait tout juste de l’acheter (non mais vraiment : c’est incroyablement bien foutu le hasard).

Même si la jeune fille présentait à ses yeux nettement moins d’intérêt maintenant qu’elle était vivante, le Prince fut bien obligé de l’épouser. Et la méchante belle-mère de Blanche-Neige se flingua de désespoir à cause de sa vilaine belle-fille qui faisait rien qu’à l’embêter à pas vouloir mourir comme ça...

À moins qu’à son retour de la cabane des nains, sur la route du château, elle n’eût en réalité malencontreusement croisé la route de la laie dont le chasseur avait massacré le petit.

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