7 Janvier 2017
- Alerte spoiler - Alerte spoiler - Alerte spoiler - Ce documentaire ne contient pas la chanson de la compagnie créole - Alerte spoiler - Alerte spoiler - Alerte spoiler -
C'est bon, la vanne pourrie est faite. Alors trêve de galéjade (et maintenant que vous l'avez bien dans la tête), allons-y :
LE DOUANIER ROUSSEAU OU L'ÉCLOSION MODERNE de Nicolas Autheman est, comme dans tout documentaire portant l'estampille ARTE ÉDITIONS qui se respecte, un film qui nous apprend plein de choses dans le dedans de lui-même :
Déjà, et c'est très important, que "le douanier" n'était pas le prénom de Rousseau, ni Jean-Jacques (mais plutôt Henri finalement). Et puis que Pablo Picasso en était super fan.
Que pour démarrer sa carrière post-douane et se faire connaître, il s'est fait un CV à la Schindler en écrivant sa propre biographie d'artiste reconnu.
Tu bluffes Martoni !
Que contrairement à ce que l'on aurait pu supputer au vu de ses tableaux, il n'était absolument pas douanier en Guyane mais sur les quais de Seine et qu'il n'a jamais foutu les pieds dans la jungle (bon il est allé au jardin des plantes et c'est presque (pas du tout) la même chose).
Que l'avènement du cinématographe aurait un peu tué l'art pictural figuratif, que Rousseau a consciemment ou inconsciemment mais savamment pompé sur les primitifs italiens, que son œuvre rompt avec la perspective et ses trois règles (qui veulent qu'en arrière plan, les sujets soient plus petits, plus flous et les couleurs plus ternes... mais pas là, non).
Que lors de sa première expo, tout le monde s'est foutu de sa gueule, et qu'il en a même fait une "Goldman" (en compilant toutes les coupures de presse qui le défonçaient).
Qu'il peignait des animaux qui bectent parce que comme il ne mangeait pas tous les jours, il était un tantinet obsédé par la bouffe, et qu'au niveau famille et descendance, il a eu un très gros karma de merde.
Que si ses tableaux font autant penser à l'art naïf ou à Fernand Leger c'est sûrement car il a été un des précurseurs du cubisme et de tous les mouvements qui en découlent.
Qu'il était en communication avec un autre monde et que si on ajoute à cela qu'Apollinaire disait de lui qu'il se battait contre des fantômes qu'il essayait de fumer à coup de fusil, tout porte à croire que Rousseau picolait (à moins que ce ne fût l'ami Apo)...
Et bien plus encore !
Mais outre le fait qu'on a le sentiment de se coucher nettement moins con et que les animations découpant les tableaux selon leurs différents plans sont fascinantes, ce qui apparaît fort intéressant et flagrant c'est que la critique d'art a toujours donné lieu à des extrapolations et des digressions incroyablement égocentriques. Parce qu'on ne peut finalement voir que ce qu'on a envie, dans la limite de nos connaissances, de notre vécu et de notre sensibilité et qu'il n'est heureusement pas d'appréciation universelle (à part peut-être concernant Jul ou PNL).
Et ce qui est roboratif c'est que même si vous êtes une buse en la matière, ce documentaire va vous faire croire que vous êtes vachement intelligent parce que vous allez réussir à faire des corrélations avec des œuvres pas du tout connues ni évidentes avant même qu'elles ne soient énoncées (genre GUERNICA).
Bref, un documentaire à regarder sans attendre, cette année pas l'année prochaine, bande de petits procrastinateurs !