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ORIGINE de Dan Brown [résumé] et [critique]

ORIGINE de Dan Brown [résumé] et [critique]

ORIGINE de Dan Brown, le résumé totalement plein de spoilers.

Robert Langdon s’est mis sur son 31 (enfin autant que sa modestie et ses capacités toutes Langdoniennes le lui permettent) et pour cause : il est invité par un de ses amis et ancien élève (40 piges l’ancien élève... mais quel âge canonique Bobby peut-il bien avoir atteint à présent ?) à une présentation top secrète au musée Guggenheim de Bilbao, en compagnie de moult invités triés sur le volet (faudra un jour que je cherche l’origine de cette expression de merde... ça et « se mettre sur son 31 » aussi).

Mais que le chaland se rassure : ce n’est pas parce que notre éminent professeur es-symbolique est équipé pour l’occasion d’une oreillette connectée à un guide virtuel qui est en fait un ordinateur intelligent qu’il s’est pour autant départi de sa non moins célèbre montre Mickey. Et ça, c’est tout de même une information capitale.

Nous brûlons ainsi de savoir quelle est cette révélation qu’Edmond Kirsch (oui, comme l’alcool de cerise), célèbre futurologue athée (c’est un métier ça ?) millionnaire altruiste traumatisé par son enfance traumatisante (un peu comme Steve Jobs... ou Christian Grey) peut bien avoir à dévoiler à la face du monde ! Information tellement importante qu’elle pourrait anéantir toutes les religions d’un seul coup comme ça : pouf-pouf (bon, ok, ça fait deux coups).

Et surtout (surtout !) information que vous ne découvrirez qu’à la toute fin du bouquin. Parce qu’il faut la mériter, sans doute... Alors vous allez d’abord vous cogner un résumé du Profil de l’histoire du franquisme pour les Nuls. Vous allez également visiter et apprendre plein de choses pour briller en société sur le Guggenheim (un peu d’art moderne, ça change), la Casa Milà et la Sagrada Família (ode à Antonio Gaudí), le Palais Royal de Madrid, la cathédrale de l’Eglise Palmarienne, la crypte de Saint-Laurent-de-l'Escurial où reposent les rois espagnols, le Barcelone Supercomputing Center et l’abbaye de la Sainte-Croix de la Valle de los Caídos (où est enterré le sympathique Francisco Franco).

Dan Brown présente : Sa visite au Guggenheim de Bilbao !

Dan Brown présente : Sa visite au Guggenheim de Bilbao !

Et vous fader une formidable partie de trap-trap à Barcelone (le Langdon est mobile) mâtiné de complot royal (la nouvelle Langdon-girl n’est autre qu’Ambra Vidal, directrice du musée Guggenheim, bombasse en robe de cocktail blanche anti-tâches ultra-moulante et future reine d’Espagne, perchée tout du long sur des talons hauts à faire pâlir de jalousie la petite rouquine de JURASSIC WORLD), d’hélicoptères qui font ce qu’ils veulent dans l’espace aérien des grandes villes, d’avions qui défoncent des clôtures d’aéroport mais tout le monde s’en tamponne, de citations de Churchill à la pelle et d’Eglise alternative, pour que notre héros puisse mener à bien le projet de son disciple puisque la présentation au musée ne va pas se passer comme prévu. Ou plutôt si, elle va se passer exactement comme prévu : à force de répéter toutes les deux lignes que « oh-la-la, cette annonce va avoir l’effet d’une bombe » et que « comme je me sens menacé dans le dedans de mon intégrité physique » et que « pourvu que personne ne vienne me tuer en plein milieu de mon show diffusé en streaming devant des millions d’internautes » et bien paf, grosse prophétie auto-réalisatrice dans ta gueule Edmond Schnaps !

Alors pour vous faire gagner du temps et de l’argent voici en exclusivité mondiale, LA révélation qui répond à ces deux questions fondamentales : D’où venons-nous ? Et où allons-nous ?

Spoiler Alert !
ORIGINE de Dan Brown [résumé] et [critique]

De rien et nulle part.

En plus détaillé, Edmond Aquavit et son super ordinateur super puissant avec deux super hémisphères (parce que c’est important de développer la sensibilité artistique et créative de son PC) ont réussi à prouver scientifiquement l’évolution darwinienne en recréant virtuellement une expérience sur le « brodo primordiale » (j’ai peur de traduire une connerie donc en gros c’est de l’eau de mer d’il y a très-très longtemps, de quand notre planète était encore tout bébé et qu’elle était dépourvue de tout élément organique) qui, au bout d’une très-très longue période d’ébullition magnétisée, aurait fini par créer les premiers brins d’ADN, les premières cellules, la vie... Et donc de fuck dans les grandes largeurs Dieu, sa création du monde et de l’Homme à son image.

Bon, ça n’explique pas absolument pas ce qui vient encore avant, c’est-à-dire le Big Bang, certes, mais vous ne vous attendiez tout de même pas à ce que Dan Brown vous révèle tous les grands mystères de l’Univers comme le Saint Graal et Xavier Dupont de Ligonnès ?

Cela-dit ne nous avait-il pas déjà fait le coup dans ANGES ET DÉMONS avec l’histoire de l’anti-matière ? Mais comme Bobby, du haut de son grand âge, a visiblement une mémoire à géométrie variable, il a un peu tendance à oublier ce qui s’est passé entre deux volumes de ses mésaventures... Si c’est Danny, en revanche, c’est plus inquiétant pour sa santé mentale.

Mais Edmond Mirabelle ne s’arrête pas là : non content d’avoir découvert l’origine (comme le titre !) de l’humanité, il va pousser son programme informatique à fond pour dévoiler l’avenir de l’Homme parce que c’est bien joli le passé mais quand on est futurologue, ce serait un peu con de ne pas s’intéresser à la suite des événements. Et nous apprenons donc que nous sommes condamnés à très courte échéance à être absorbés par une nouvelle espèce, apparue au milieu des seventies sur Terre, et qui est *roulement de tambour*... l’intelligence artificielle (Badum tsss) ! Mais que, en fait, on dirait que ça serait vachement bien parce que tout le monde aurait à manger et comme il n’y aurait plus de religions, il n’y aurait plus de guerre non plus !

Bon à partir de là, comme j’avais les yeux qui saignaient abondamment, quand le roi d’Espagne, mourant, convoque son fils car il a un lourd secret à lui révéler, je me suis dit qu’il ne manquerait plus qu’il lui annonce qu’il était amoureux depuis toujours de son fidèle conseiller, son pote l’évêque et que « Oh putain c’est ça ! ».

Alors foutu pour foutu, finissons-en et finissons-nous en gâchant tout le reste. On apprend donc également que :

– Ambra Vidal est stérile et va découvrir qu’elle peut être amoureuse de deux hommes, même si Bobby, en grand gentleman, la laissera partir rejoindre son Prince Julian sans que rien d’un tant soit peu sulfureux se soit passé entre eux (« Comme d’habitude », air connu).

– Edmond Chartreuse était en phase terminal d’un cancer du pancréas (comme Steve Jobs... mais pas comme Christian Grey, malheureusement).

– C’est en réalité Winston, le super ordinateur esthète et sensible mais pragmatique, qui a engagé un ancien marin alcoolique traumatisé par l’explosion de sa famille pendant une messe de Pâques et reconverti en tueur à gage pour l’Eglise palmarienne pour buter son créateur pendant sa présentation. Mais pas par méchanceté : uniquement pour abréger ses souffrances tout en rendant sa mort utile en créant le buzz autour de sa découverte et accessoirement en vengeant sa mère dans la foulée, poussée au suicide par cette même secte lorsqu’Edmond Grappa était jeune.

– C’est aussi lui l’informateur secret des sites conspirationnistes et le commanditaire des meurtres du rabbin et de l’imam auxquels Edmond Marc-de-Provence avait présenté sa découverte en avant-première et qui voulaient la divulguer pour la décrédibiliser.

– Le copain évêque du roi d’Espagne va mourir comme par hasard dans la même nuit que son amoureux. Mais le Prince Julian, dans sa grande mansuétude, cachera le flacon de morphine que le vieil ecclésiastique a vidé et lui détachera les mains de celles de son père parce que ça trahissait peut-être un poilounet la nature de leur véritable relation.

– Enfin, Julian acceptera la stérilité de sa future femme et décidera de mettre un terme à la monarchie espagnole en n’ayant pas de descendant.

ORIGINE de Dan Brown [résumé] et [critique]

ORIGINE de Dan Brown, l’avis absolument pas universel de moi, perso.

Ce qui est emmerdant quand on lit les remerciements à la fin d’un bouquin c’est qu’on se rend compte que la personne qui est derrière est un être humain avec des sentiments et un coeur gros comme ça. Et qu’il y a aussi tout plein de gentils gens qui l’ont aidé de leurs petits poings musculeux dans son processus d’écriture...

Bon là en l’occurrence on a peut-être aussi légèrement l’impression que Dan Brown a mis bout à bout les concepts parfois contradictoires et souvent pas complètement bien intégrés que tout ce petit monde enthousiaste a bien voulu partager avec lui, histoire de ne froisser personne. Car oui, il est comme ça le Danny : altruiste et généreux, il aime faire plaisir à son prochain. Particulièrement à ses copinous qui lui permettent de se faire un max de pognon sur le dos de leurs idées... Et plus encore quand les-dits copinous sont espagnols et que, comme chacun le sait, il s’agit d’un peuple fier mais susceptible qui est en plus contractuellement obligé d’enseigner l’art de la paella à tout écrivain américain en vadrouille européenne en quête de pillage culturel, sous peine d’être déchu de sa nationalité.

Bref c’est emmerdant. Parce que quand j’eus (enfin) terminé la lecture (laborieuse) de ce 5ème épisode des aventures de Bobby (pas tant dans la prose quand dans l’intérêt suscité), j’étais un tout petit peu en colère. Et j’avais plein de gros mots et de mal à dire de ce livre. Alors du coup, comme je suis faible et influençable, je suis tourneboulée à cause de toute cette gentillesse finale au point que je n’ai plus du tout envie de dégueuler des méchancetés. Ou peut-être juste pas autant.

À partir de là je m’interroge :

Est-ce parce qu’on a la fâcheuse sensation de lire inexorablement la même histoire avec toujours les mêmes ingrédients, sauf que cette fois-ci il y encore moins de codes et d’énigmes à déchiffrer qu’à Rome (ANGES ET DÉMONS), Paris (DA VINCI CODE), Washington (LE SYMBOLE PERDU) ou Florence (INFERNO) ?

Est-ce parce j’ai récemment trop lu de Zola et qu’il a définitivement tué Dan Brown ou bien le style de ce dernier a véritablement baissé au point que l’on est en droit de se demander si EL James ne lui a pas filé un coup de main ? À moins que les répétitions au sein d’une même phrase (« Langdon continuò a fissare l’immagine fissa ») ou les passages entiers recopiés à quelques pages de distance (comme la description du bureau transparent d’Edmond Palinka, son tapis oriental et son vélo d’appartement qu’on se coltine deux fois) ne soient fait exprès pour voir si on suit ?

Est-ce à cause de ce gros côté Guide du routard Barcelone édition à la limite du Tour Operator avec ses quelques touches madrilènes et Basques, s’il vous reste du temps (et beaucoup d’essence) dans votre périple ibérique ? Est-ce parce que les éléments de description des différents lieux n’ont quasiment plus aucun intérêt dans la résolution des quelques (rares) énigmes, qu’on a encore plus l’impression que dans INFERNO que Bobby fait du tourisme et qu’on est davantage dans une partie de cache-cache géante que dans une chasse au trésor ? Est-ce parce qu’on a si souvent recours à Google Images qu’on a nous aussi l’impression de faire du tourisme virtuel ?

Dan Brown Travel présente : Ses vacances en Espagne !

Dan Brown Travel présente : Ses vacances en Espagne !

Est-ce parce qu’il n’y a pas vraiment de suspens et pas vraiment d’enjeu (et pour cause) ? Est-ce à cause de ce procédé répété à l’envi où, par le truchement d’un détail futile à la toute fin, un peu carrément comme dans DOCTEUR HOUSE, Bobby s’écrie comme à chaque putain de fois « Eurêka » et nous explique tout ce qu’on avait déjà bien compris ? Sont-ce les dialogues entre Bobby et Ambra sur leurs sentiments reciproques et tacites qui frôlent des sommets de cucuterie ? Est-ce l’incroyable capacité d’Ambra à citer de grands philosophes comme Elsa dans LA REINE DES NEIGES (véridique) ?

Est-ce à cause du smartphone d’Ambra Vidal qui est le seul à ne pas lui envoyer un sms stipulant qu’un correspondant à chercher à la joindre sans lui laisser de message lorsqu’elle rate un appel parce qu’elle ne capte pas ? Ou bien parce que quand deux personnages empruntent chacun de leur côté un téléphone à un inconnu, ils arrivent quand même à se joindre ? Ou est-ce parce qu’Edmond Calvados parvient à découvrir l’origine et l’avenir de l’Homme avec son gros simulateur à double hémisphère mais qu’à aucun moment il ne se dit que ça pourrait être une idée de lancer une simulation sur les conséquences de sa découverte ? Ou est-ce à cause de ce côté putalire systématique qui veut que la révélation de chaque secret soit automatiquement procrastinée sans aucune raison si ce n’est noircir de la page ?

Est-ce enfin parce que l’intrigue est cousue de fil blanc à pois rouges lumineux qui clignotent, pour faire croire aux lecteurs qui auront tout pigé (lonnnnngtemps) à l’avance qu’ils sont trop super intelligents ?

Mais non Danny, ça ne prend pas : nous on le sait bien qu’on est con comme des buses !

Et malgré tout, je ne peux que m’incliner en disant « chapeau l’artiste » (et hop, troisième expression de merde) : réussir à vendre autant de bouquins en utilisant toujours la même recette, ça frôle le génie. Et le pire c’est que comme je suis encore plus inintelligente que la moyenne des ours, j’y participe gaiement. Et vu qu’en plus j’ai la même mémoire de poisson rouge que le héros de la saga, je lirai certainement le prochain... Ou bien je filerai 20 balles à une association caritative, c’est peut-être mieux. La Fondation pour que Dan Brown Soit Enfin Embauché par Lonely Planet par exemple.

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